Enseignement supérieur privé : Galileo se renforce pour conquérir l'Afrique

Cécile Peltier Publié le
Enseignement supérieur privé : Galileo se renforce pour conquérir l'Afrique
Le concours de l'ESG a déjà été implanté en Côte d'Ivoire, au Gabon et au Sénégal. // © 
Après avoir racheté Studialis fin 2015, Galileo (Fonds Providence) fait entrer deux fonds souverains à son capital afin de soutenir son développement à l'international. Marc-François Mignot-Mahon, à la tête de Galileo France, détaille pour EducPros la stratégie du groupe.

Marc-François Mignot-Mahon P-DG de Studialis, à la tête de Galileo FranceAprès avoir racheté Studialis en octobre 2015, Galileo Global Education vient de faire entrer deux actionnaires minoritaires à son capital. Quel est le montant de cette transaction et surtout quel est son objectif ?

Comme vous le savez, nous ne communiquons jamais sur le montant des transactions. Je peux vous dire qu'il ne s'agit pas d'une levée de fonds, mais d'une entrée au capital.

Notre actionnaire, le fonds américain Providence, n'a aucun problème à trouver des fonds. Cette prise de participation par CDC International Capital, une filiale de la Caisse des dépôts spécialisée dans la valorisation des actifs français à l'international, et par le fonds d'Abu Dhabi Mubadala Development Company est guidée par l'envie de travailler ensemble. La CDC International capital va d'ailleurs entrer dans notre conseil d'administration.

Les fonds souverains [détenus par des États] ont à cœur de développer économiquement les pays et possèdent une excellente connaissance des territoires – ici, l'Afrique et le Moyen-Orient. Cela peut nous faire gagner un temps précieux dans notre stratégie d'internationalisation. Ils vont nous aider à cibler les besoins des États, à mener nos opérations immobilières et à rencontrer les acteurs du tissu socio-économique.

Concrètement, quels sont vos projets d'implantation à l'étranger ?

Outre l'implantation de l'école Chardon-Savard au Vietnam et de Strate College à Singapour, nous regardons fortement vers le Maghreb et l'Afrique subsaharienne francophone, qui ont des besoins en formations pour accompagner la tertiarisation et le passage au numérique de leur économie. 

Une école de commerce comme l'ESG, positionnée sur l'objectif très clair de professionnalisation et de spécialisation de ses élèves, et non pas sur la sélectivité et la course académique aux accréditations, est un moyen d'y répondre.

Nous avons implanté le concours en Côte d'Ivoire, au Gabon et au Sénégal, et l'idée est de déployer la formation un peu partout, avec à la clé des métiers correspondant aux besoins de nos partenaires africains.

Il est important que notre développement soit structuré, afin que les acteurs puissent faire des promesses claires aux étudiants.

Selon les pays et les opportunités, cela passera par l'achat de campus ou d'écoles, ou par des partenariats avec des institutions locales. On proposera du présentiel, mais aussi du blended learning, moins coûteux et plus adapté aux moyens financiers du marché local.

Nous visons également le Moyen-Orient, l'Inde et l'Amérique latine, où nous possédons déjà 15 universités, mais il faut aller doucement. Notre croissance a été importante. Il y a huit ans, notre groupe n'existait pas et, aujourd'hui, c'est le troisième au niveau mondial. Il est important que notre développement soit structuré, afin que les acteurs puissent faire des promesses claires aux étudiants.

Près de neuf mois après le rachat de Studialis, quelle est l'ambiance chez Galileo ? Où en êtes-vous des mutualisations entre écoles annoncées en octobre dernier ? 

Le rachat se passe dans un climat incroyablement serein pour une fusion entre deux acteurs de cette taille. Les mutualisations se passent bien. Le cours Florent vient de s'installer à Montpellier et sera sans doute bientôt à Bordeaux, où Lisaa (L'Institut supérieur des arts appliqués) va également ouvrir une antenne.

Nous allons créer un master commun entre I'Istituto Marangoni (mode, design et art) et l'IESA. En Allemagne, nous sommes en train de déployer l'ESG et le cours Florent qui possède déjà un partenariat avec l'université Macromédia. Et ce n'est que le début d'une longue série d'échanges.

Vous avez été doublé par Apax (Inseec) sur le dossier Laureate. Avez-vous d'autres projets d'acquisitions en France ?

Un groupe de notre poids se devait de regarder une opération comme celle-là, mais nous ne regrettons rien. Beaucoup de groupes sont guidés par des logiques avant tout financières, mettant une pression sur les étudiants et les personnels que nous récusons.

En France, nous sommes contents de notre portefeuille d'écoles de commerce. En revanche, nous regardons de près le secteur de la restauration et de l'hôtellerie, sur lesquels nous allons croître. C'est indispensable pour être leader sur le segment "arts et création".

Nous avons examiné les dossiers des écoles Glion et des Roches lorsqu'elles étaient en vente, mais ces deux écoles étaient un peu trop importantes en taille dans l'hôtellerie pour nous. Nous avons actuellement des projets dans le secteur de la gastronomie en France et des opérations en cours en Italie.

Le président de la chambre de commerce et d'industrie Paris-Île-de-France est prêt à faire entrer des acteurs privés au capital de certaines écoles, comme Ferrandi. Êtes-vous candidat ?

Ferrandi est la plus belle école de cuisine du monde et, évidemment, nous pourrions être intéressés, mais il faudrait pour cela que l'intérêt soit réciproque...

Les chambres de commerce et d'industrie traversent une période difficile. Avez-vous d'autres écoles en vue ?

Nous prenons évidemment des contacts avec les CCI qui sont des acteurs crédibles et avec lesquels nous allons nouer des partenariats. Certaines écoles, sans être en difficulté, n'ont pas encore atteint la taille critique...

Galileo en chiffres
Avec plus de 40.000 étudiants, Galileo Global education se présente comme le troisième groupe mondial d'enseignement supérieur privé et le leader européen, avec des établissements dans sept pays (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Mexique, Chine et Inde). Il comprend une trentaine d'écoles, parmi lesquelles le cours Florent, ESAG Penninghen (design et arts visuels), Strate (design), Atelier Chardon Savard (mode), Hetic (Internet et innovation digitale), Paris School of Business, LISAA (design), L'Atelier de Sèvres, Istituto Marangoni (mode, design et art) en Italie ou l'université Macromedia en Allemagne.
Cécile Peltier | Publié le