Georges Arcand (directeur du bureau parisien de l'Université du Québec) : "Nous sommes intéressés par des cursus qui intègrent plusieurs universités françaises"

Propos recueillis par Fabienne Guimont Publié le
Créée en 1968, l’université du Québec (UQ), avec ses 87 000 étudiants, s’inspire de la structure de certaines universités américaines. C’est un réseau de neuf établissements répartis dans la plupart des régions québécoises. Aux trois universités à vocation généraliste – dont l’UQAM à Montréal – s’ajoutent trois établissements spécialisés (ingénieurs, administration publique, recherche scientifique). Seule la médecine n’y est pas enseignée. L’université a ouvert fin mai 2008 un bureau à Paris pour développer ses partenariats. Rencontre avec son directeur, Georges Arcand, ancien administrateur de l'UQ.

Comment fonctionnent les universités au Québec ?  

Au Québec, il n’y a ni écoles en dehors des universités ni universités privées. La quasi-totalité du financement provient du gouvernement canadien et de la province du Québec. Les subventions de recherche venant d’organismes fédéraux représentent 15-20%, les frais de scolarité 5% et le reste vient de fondations. Les diplômes sont délivrés par l’université et non au nom du ministère de l’éducation.    

Quels sont les fondements de l’autonomie à l’université du Québec ?

Les universités québécoises ont une autonomie de gestion. Le ministère de l’éducation établit des contrats de performance fondée sur les taux de diplômation ou le développement de nouveaux programmes de formation. L’UQAM a notamment développé des formations originales de sexologie, de danse, d’arts plastiques, de design, d'environnement… Les universités doivent rendre des comptes. Le budget de fonctionnement attribué par le ministère de l’éducation est fixé par tête de pipe inscrite. De ce mode de financement découle la compétition entre universités pour séduire les étudiants recrutés dans les CEGEP (collège d’enseignement général et professionnel). Les services de recrutement des universités fonctionnent avec beaucoup de personnels : plaquettes, visites de collèges, portes ouvertes pour les élèves et leurs parents, relances… L’immobilier appartient aux universités. 

Quelles sont les missions du bureau parisien de l'UQ ?

Les universités étrangères signent traditionnellement des partenariats avec la convention Crépuq (conférence des recteurs et principaux des universités du Québec). Pour ma part, je signe des conventions bilatérales de recherche plus poussées avec certaines universités. En formation, je privilégie les cycles de master et de doctorat. Nous sommes intéressés par des cursus qui intègrent plusieurs universités françaises par exemple dans la maîtrise en sciences de l’eau, avec des échanges de professeurs, des stages de recherche entre les établissements français et québécois ou des cotutelles de thèse. Nous sommes en discussion avec les PRES de Bordeaux et de Bretagne. En recherche, les chantiers prioritaires sont l’eau, la forêt et les énergies. Le bureau permet d’avoir un rayonnement sur la France, mais sous l’angle de la recherche, je veux aussi profiter des fonds européens distribués dans le cadre de partenariats Union européenne/Canada. Le bureau est aussi un appui logistique aux services de recrutement de mon université - en leur prêtant par exemple mes locaux - et pour créer des associations d’anciens Français passés par les établissements de l’Université du Québec.  

Propos recueillis par Fabienne Guimont | Publié le