Gudrun Paulsdottir, présidente de l’EAIE : «Il ne s’agit plus seulement, pour l’enseignement supérieur, de livrer de la connaissance, mais de coopérer avec les différents acteurs de la société»

Propos recueillis par Maëlle Flot Publié le
Gudrun Paulsdottir, présidente de l’EAIE : «Il ne s’agit plus seulement, pour l’enseignement supérieur, de livrer de la connaissance, mais de coopérer avec les différents acteurs de la société»
©Oscar-Timmers // © 
L’EAIE (European Association for International Education) organise du 15 au 18 septembre 2010, à Nantes, sa 22e conférence annuelle, en partenariat avec le groupe l’Etudiant. Près de 4.000 acteurs qui œuvrent à l’internationalisation de l’enseignement supérieur se réuniront autour du thème « Making knowledge work » (« Comment faire avancer la connaissance »). La nouvelle présidente de l’EAIE, Gudrun Paulsdottir*, revient sur cette question essentielle de la responsabilité sociale des établissements d’enseignement supérieur.

Pourquoi ce thème sur les liens entre université et société pour votre conférence annuelle ?
La question de l’apport de la recherche académique à la société dans son ensemble se pose de plus en plus. Dans une période de tension budgétaire, les pouvoirs publics sont en droit d’exiger davantage des établissements d’enseignement supérieur. La Commission européenne demande de repenser le mode de financement des universités et attend un retour sur leur responsabilité sociale. Il ne s’agit plus seulement de livrer de la connaissance, mais de coopérer avec les différents acteurs de la société, entreprises, associations, collectivités territoriales, etc. Les attentes énoncées dans le cadre du processus de Bologne ont grandi, les universités se voient demander de se différencier les unes des autres. Il faut pour cela une véritable révolution, notamment en termes de management à la tête des établissements.

Connaissez-vous des exemples de coopération réussie entre universités et acteurs de la société ?
Une université comme celle de Munich a su développer un réseau conséquent avec les entreprises de sa région. L’université de Mälardalen, où je travaille en Suède, s’intéresse depuis une dizaine d’années à cette notion de coproduction avec la société et les entreprises en particulier. Elle a développé un centre où les PME peuvent venir demander gratuitement des conseils à nos chercheurs. En contrepartie, ces derniers y trouvent des exemples concrets pour faire avancer leurs recherches. In fine, nous améliorons la production des PME et celle de nos chercheurs. Nous voulons aussi stimuler l’entrepreneuriat, du cours d’initiation en formation initiale au suivi d’anciens diplômés qui créent leur propre entreprise.

Comment situez-vous la France dans ses liens entre enseignement supérieur et acteurs de la société ?
Les liens avec les entreprises diffèrent considérablement entre universités et grandes écoles. Les universités françaises ont parfois tendance à se regarder le nombril. Si vous voulez répondre aux attentes de la société, il faut être réactif. Toute la question est de savoir comment garantir l’indépendance académique – et un mode de validation collégial – tout en répondant plus vite aux attentes de la société. Votre éducation est toujours de bonne qualité, mais les systèmes ne sont pas les meilleurs.


* Gudrun Paulsdottir, la présidente de l’EAIE (European Association for International Education), est conseiller pour les affaires internationales du président de l’université suédoise Mälardalen. Expert pour la Commission européenne sur ces questions, elle a occupé plusieurs postes à l’EAIE, dont celui de vice-présidente. Créée à la fin des années 80 pour répondre aux besoins de professionnalisation des responsables européens des relations internationales de l’enseignement supérieur, l’EAIE compte désormais près de 20 % de non-Européens parmi ses membres.

Propos recueillis par Maëlle Flot | Publié le