G.Gellé (URCA) : "L'activité de l'université soutient 20.000 emplois au niveau mondial, dont 10.400 en France"

Isabelle Fagotat Publié le
G.Gellé (URCA) : "L'activité de l'université soutient 20.000 emplois au niveau mondial, dont 10.400 en France"
Les corolles ou coquilles, symboles de l'université de Reims Champagne-Ardenne. // ©  Université de Reims Champagne-Ardenne
En 2020, Guillaume Gellé, président de l'université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) a souhaité mener une étude mesurant l’impact de l’établissement sur son territoire, en France et à l’international. Les résultats sont éloquents : au-delà de ses missions d’enseignement, de recherche et d’innovation, la présence d’une université sur un territoire est un facteur de développement qui crée de l’emploi et de la richesse et peut avoir de nombreux impacts.

Vous avez mené une étude sur l’empreinte socio-économique de l’Université Reims Champagne-Ardenne. Pourquoi ?

L’URCA est très ancrée localement avec des implantations en Champagne-Ardenne, dans cinq villes : Reims, Troyes, Charleville-Mézières, Châlons-en-Champagne et Chaumont. Mesurer notre contribution sur le territoire nous semblait donc important. Nous souhaitions connaître, au-delà des missions d’enseignement, de recherche et d’innovation, l’impact de l’université à l’échelle de notre périmètre d’activité, l’académie de Reims et la région, mais aussi aux niveaux national et international.

Guillaume Gellé Université Reims Champagne-Ardenne
Guillaume Gellé Université Reims Champagne-Ardenne © Université Reims Champagne-Ardenne

Pour cela, nous nous sommes mis en relation avec le cabinet Utopies qui a développé un outil économétrique qui mesure l’empreinte socio-économique d’une activité. L’étude, qui a été réalisée en 2020 en se basant sur l’exercice 2019, tient compte des flux financiers liés aux achats, à la masse salariale, à la fiscalité, aux dépenses du personnel de l’URCA, des étudiants… Elle mesure notamment les emplois soutenus grâce à l’activité de l’URCA et la richesse créée.

Quels sont les résultats de l’étude ? Quelles analyses peut-on en tirer ?

Les résultats de l’étude montrent le rayonnement de l’URCA sur son territoire et au-delà. Notre université emploie quelque 2.500 personnes mais son activité soutient pratiquement 20.000 emplois au niveau mondial, dont 10.400 en France (63% en Grand Est et 42% dans l’aire urbaine de Reims). Le coefficient multiplicateur moyen est donc de 4,5.

Dans le secteur de Reims, l’URCA soutient 4.332 emplois et génère 142 millions d’euros de produit intérieur brut (PIB). À Troyes, nous générons 30,7 millions d’euros de PIB et soutenons 687 emplois, à Charleville-Mézières, nous soutenons 318 emplois et générons plus de 11 millions d’euros de PIB…

L’étude mesure également la valeur ajoutée engendrée par un euro dépensé à l’université : son effet est de produire 4,1 euros au niveau mondial (2,6 sur le plan national).

Pourquoi est-ce important de mesurer l’impact de l’URCA sur son territoire et même au-delà ?

Avec cette étude, nous disposons d’éléments qui permettent de mesurer concrètement la contribution de l’URCA au développement de son territoire. C’est un outil de communication avec des indicateurs quantifiés par un cabinet indépendant. Il donne des arguments pour convaincre des partenaires de soutenir l’URCA. Il permet aux collectivités territoriales et aux acteurs privés de se rendre compte qu’investir dans un établissement d’enseignement supérieur a un impact important. Au-delà des subventions publiques qu’elle perçoit, si une université veut développer des activités complémentaires, elle doit convaincre des acteurs économiques de la soutenir.

Au-delà des subventions publiques qu’elle perçoit, si une université veut développer des activités complémentaires, elle doit convaincre des acteurs économiques de la soutenir.

Par ailleurs, cette étude nous fait aussi nous interroger sur certaines dépenses pour lesquelles la part internationale est importante. Ce constat nous incite à repenser notre processus d’achats. L’objectif est de mettre en place une politique plus vertueuse, en lien avec les valeurs de responsabilité sociétale et de développement durable portées par l’université. Nous allons donc essayer de développer les impacts régionaux ou nationaux et de minimiser les achats extra-européens.

Quel est l'intérêt pour une université de mesurer son empreinte socio-économique ? Prouver qu’elle est un acteur qui compte ?

Ce thème est à l’ordre du jour : une commission intitulée "Universités et territoires" a récemment été créée à la Conférence des présidents d’université. En cette période électorale (au niveau régional et bientôt national), il est important de montrer qu’investir dans l’université est bénéfique à plusieurs niveaux.

L’impact d’une université va donc bien au-delà des fonctions d’enseignement et de recherche : il comporte une dimension économique, sociale, éducative, culturelle voire sanitaire.

Le siège de l’URCA est basé dans le quartier de la Croix-Rouge à Reims, 7e quartier le plus pauvre de France. Il regroupe pratiquement 25.000 habitants qui n’ont pour la plupart pas d’enfants inscrits à l’université. C’est important de montrer ce que représente la présence du siège d’une université dans un tel quartier, d’expliquer que notre contribution impacte son développement économique et le quotidien de sa population.

Cela a été particulièrement visible pendant la crise sanitaire. Les établissements universitaires se sont mobilisés à différents niveaux notamment à travers nos étudiants en santé qui sont venus prêter main forte aux dispositifs d’urgence. De notre côté, nous avons monté un laboratoire ex nihilo pour proposer des tests PCR quand il y en avait très peu en Champagne-Ardenne.

C’est ce que j’englobe dans notre mission de responsabilité sociétale : apporter des solutions quand c’est nécessaire. L’impact d’une université va donc bien au-delà des fonctions d’enseignement et de recherche : il comporte une dimension économique, sociale, éducative, culturelle voire sanitaire.

Isabelle Fagotat | Publié le