Guillaume Houzel (Cnous) : "Nous souhaitons être entendus au sein des futurs regroupements universitaires"

Camille Stromboni Publié le
Guillaume Houzel (Cnous) : "Nous souhaitons être entendus au sein des futurs regroupements universitaires"
Guillaume Houzel - Cnous - vie étudiante - ©CS-Juin2014 // © 
Ancien conseiller de Geneviève Fioraso, Guillaume Houzel a pris la direction du Cnous au printemps 2014, avec la volonté de donner toute sa place au réseau dans la politique universitaire. En jeu : la place des Crous dans les regroupements d'établissements en cours.

Vous avez pris la direction du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) en avril 2014. Quelle est votre priorité pour cette première année à la tête du réseau ?

Notre mission est de favoriser l’apprentissage du métier d’étudiant et je souhaite affirmer plus fermement le Cnous comme un acteur de l’enseignement supérieur, au service de la réussite étudiante. Nous avons apporté, en ce sens, notre contribution à la Stranes (Stratégie nationale de l’enseignement supérieur).

Cette tonalité n’a pas toujours été celle du réseau, les Crous n’ayant pas toujours eu autant d’appétit pour discuter des stratégies universitaires. Il est très prometteur d’entendre que les directeurs de Crous se sont très largement reconnus dans ce texte.

Pour être efficaces, nous devons travailler plus intensément avec les universités, mais aussi les collectivités territoriales. Ce qui n’est pas forcément évident. Une anecdote l’illustre : il y a une quinzaine d’années, la Dgesip de l’époque (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) et la Conférence des présidents d’université m’avaient demandé de présider des journées sur les "commissions de site". Ces commissions sur la vie étudiante, la formation et la recherche devaient être animées par les directeurs de Crous. Cela a fait un flop total : nous n’avions pas toutes les ressources pour réunir à une même table les Crous, les présidents d’université et les collectivités.

Il y a eu depuis beaucoup de progrès.

Que comptez-vous mettre en place pour développer ce lien ?

De nombreuses discussions sont en cours, il faut être assez humble, cela ne se décrète pas. La loi sur l’enseignement supérieur prévoit la mise en place de schémas de la vie étudiante, qui devront être conçus entre les établissements regroupés et le réseau des œuvres.

Il ne s’agit plus de s’intéresser seulement à ce que fait le Cnous sur la vie étudiante, mais à ce qui se passe globalement sur un territoire en la matière.

Restaurant universitaire - CROUS © Philippe Piron

Quelle place vont avoir les Crous dans les regroupements universitaires en cours ?

Les modalités du partenariat des Crous avec les futures communautés sont en discussion sur les sites. Le lien existe déjà depuis très longtemps, et la forme n’est pas fondamentale. Certains Crous peuvent avoir des coopérations très légères alors qu’ils sont bien représentés dans les conseils des universités, et inversement, elles peuvent être très intenses sans pour autant un relais institutionnel fort.

Nous souhaitons surtout avoir les moyens d’être entendus. Avoir une place dans les conseils centraux des futurs regroupements peut être une solution, mais ce n’est pas le plus important. J’encourage les directeurs de Crous à voir avec les universités quelles formes cela pourrait prendre.

Les universités et établissements regroupés, quelle que soit la forme choisie, nous donnent une porte d’entrée, en charge de la coordination globale.

Dans votre note pour la Stranes, vous apparaissez favorable à cette restructuration du paysage de l’enseignement supérieur. Qu’est-ce que cela va changer pour le réseau des œuvres ?

Ces regroupements vont rendre les choses plus faciles. Quand une agglomération compte par exemple quatre universités, ce n’est pas forcément simple pour nous, d’autant que chacune ne se sent pas comptable de la vie étudiante sur l’ensemble du territoire.

Il faut se rappeler que les difficultés à mener des politiques de vie étudiante, déjà dans les années 1945-1990, venaient du fait que l’université s’occupait des esprits des étudiants, les collectivités estimaient que la vie étudiante relevait de l’État, et les Crous s’attelaient de leur côté à remplir leurs missions auprès de certains étudiants. Il faut éviter ces trous dans le filet.

Les universités et établissements regroupés, quelle que soit la forme choisie, nous donnent une porte d’entrée, en charge de la coordination globale.

La nouvelle responsabilité contractuelle des regroupements est cruciale à ce sujet : les futurs contrats de site devraient comporter un volet "vie étudiante". Ce qui n’a pas toujours été le cas. Les contrats d'établissement 2007-2012 par exemple, n’avaient plus de partie dédiée à la vie étudiante. Celle-ci était censée être portée par les PRES (Pôle de recherche et d'enseignement supérieur), qui finalement n’ont jamais contractualisé.

Et ce n’est pas une question de moyens financiers, dans le contrat le plus important, c’est le projet et les priorités.

Quel bilan peut-on tirer de la réforme des bourses, mise en place il y a un an. 100 millions d’euros supplémentaires ont d’ailleurs été promis pour la rentrée qui vient...

Il est trop tôt pour tirer le bilan mais mon diagnostic est très clair : l’effort a porté là où il fallait pour favoriser la réussite des étudiants. Cette hausse des bourses a permis de faire diminuer le travail étudiant concurrent aux études, sans pour autant augmenter le nombre de boursiers, ce que les universités ont pu apprécier [les boursiers sont exonérés de frais d’inscription].

Concernant les 100 millions d’euros de l’année 2014, nous n’avons aucune information à ce stade. Mais le Cnous est, de toute façon, très réactif. Un nouveau paramétrage ne nécessitera que quelques semaines.

L’enseignement supérieur est touché par des restrictions budgétaires. Qu’en est-il pour le Cnous ?

Il est demandé à tous des efforts pour résorber les déficits, le Cnous n’en est pas exempt, ce qui conduit bien sûr à des situations tendues. Il y a pu y avoir des époques où les Crous faisaient preuve de certaines largesses, par exemple en ouvrant une unité de restauration sur des sites avec peu d’étudiants. Aujourd’hui, c’est fini. Nous assumons d’être solidaire, tout en restant le plus dynamique possible.

Camille Stromboni | Publié le