

Professeure d'histoire contemporaine et vice-présidente chargée de la recherche pour l'université Lumière Lyon 2 depuis 2016, Isabelle von Bueltzingsloewen est devenue présidente de l'université, en juillet 2024.
Une prise de poste un peu atypique puisqu'il s'agit alors de remplacer Nathalie Dompnier, démissionnaire après son élection à la présidence de la ComUE Université de Lyon, en juin.
En février 2025, Isabelle von Bueltzingsloewen est désormais élue présidente de l'université pour un mandat de quatre ans et nous présente ses priorités pour les mois à venir.
Votre nouvelle équipe de gouvernance investit-elle de nouveaux périmètres ?
L'équipe présidentielle est composée de douze vice-présidents, femmes et hommes, de l'ancienne mandature mais aussi des nouveaux.
Leurs fonctions sont articulées autour des thématiques fortes que nous porterons durant quatre ans :
la formation initiale, continue et en alternance, avec un pool de cinq vice-présidents ;
l'internationalisation, pour travailler ce sujet au sens large. Nous voulons nous appuyer sur la nouvelle alliance européenne Bauhaus4EU, qui rassemble dix universités européennes. Et nous souhaitons collaborer sur des projets transformants qui irriguent la formation - avec l'accueil d'étudiants et d'enseignants étrangers - mais aussi la recherche ou la codiplomation ;
la réponse aux enjeux de développement durable et de responsabilité sociétale et environnementale dont un vice-président aura la charge ;
le volet sciences et société, car nous souhaitons ouvrir davantage l'université sur le territoire, le monde socio-économique et la société civile.
Quels seront vos axes de travail sur la formation ?
Notre objectif est de renforcer la lisibilité de l'offre de formation et surtout de la décomplexifier. Le schéma actuel est complexe pour nos personnels administratifs, les enseignants et les étudiants.
Les passerelles sont très nombreuses. Trop nombreuses. Nous envisageons une offre plus soutenable à la fois sur le plan financier et sur le plan humain.
Allez-vous diminuer le nombre de formations ?
Les lignes directrices sont établies pour travailler notre offre. Les formations vont surtout être réorganisées. Prenons l'exemple d'un master qui propose huit parcours : chaque parcours est une gestion en soi. L'objectif est de conserver ce master mais d'offrir plutôt quatre parcours.
Idem pour les enseignements d'ouverture - des thématiques transversales que tout étudiant peut ajouter à son cursus. L'offre est devenue ingérable et nous réduirions leur nombre.
Par ailleurs, l'alternance s'est fortement développée - en attirant, d'ailleurs, des étudiants qui ne seraient pas venus à Lyon 2 sans cela. Nous entendons les rassembler autour d'ateliers, par exemple.
Enfin, quelques formations professionnalisantes seront ouvertes, dans des domaines où ce n'est pas courant, comme les lettres : un master en alternance "lettres, écriture créative et intelligence artificielle" est en projet.
Comment prendrez-vous en compte la thématique de la vie étudiante ?
Notre direction Vie étudiante, créée il y a quatre ans, planche sur la mise en place d'un schéma directeur de la vie étudiante. Il structurera les nombreuses actions en place, dans un souci de cohérence avec les enquêtes menées régulièrement auprès de nos étudiants.
Par ailleurs, le Crous va ouvrir une résidence universitaire de 170 logements à Bron, soit autant d'étudiants à accueillir sur notre campus Porte-des-Alpes.
Enfin, notre service de santé étudiante sera développé, en lien avec le nouveau Centre 102, porté par la ComUE Université de Lyon, pour aider les étudiants psychologiquement fragiles.
Comment votre nouvelle fondation va-t-elle vous aider financièrement ?
Notre contexte budgétaire est compliqué avec un déficit chronique depuis 2022. La trajectoire financière est déficitaire.
Pour le budget 2025, de 183,5 millions d'euros, il est de 8,4 millions d'euros, avec un Compte d'affection spéciale (CAS) Pensions qui n'est, pour le moment, pas compensé par l'État.
Les universités doivent trouver des ressources propres et des partenaires pour compenser la baisse des dotations publiques. Courant 2024, en lien avec le Cercle des partenaires économiques de l'université, nous avons créé notre fondation pour financer des projets portés par nos services sciences et société et vie étudiante.
L'EPE (établissement public expérimental) et la fusion avec l'université Claude-Bernard Lyon 1 ne se sont pas faits… Comment collaborez-vous avec vos partenaires du site Lyon Saint-Etienne désormais ?
Fin 2024, des élections ont eu lieu dans l'ensemble des établissements. Nous avons tous été élus sur une directive : "Pas de projet de fusion dans les quatre prochaines années. On ne se relance pas dans une telle aventure !"
L'ensemble des acteurs ont ou sont en cours de changement. Chaque mardi matin, nous sommes une dizaine autour de la table pour réfléchir, dans une atmosphère réellement sereine et apaisée, à une autre forme de structuration pour le site.
Début 2025, une rencontre avec le SGPI (Secrétariat général pour l'investissement) a confirmé le très bon axe scientifique du projet Shape-Med@Lyon [lauréat du PIA 4 de France 2030, il réunit 12 partenaires] et la pérennité de son financement sur dix ans. Il attend de nous que nous progressions sur des projets thématiques, à l'image de Shape-Med@Lyon, qui doit devenir un démonstrateur pour créer d'autres instituts thématiques sur notre territoire.