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J. Brisswalter (UniCA) : "Chaque formation est adossée à la recherche"

Florian Dacheux Publié le
J. Brisswalter (UniCA) : "Chaque formation est adossée à la recherche"
Jeanick Brisswalter, le président d'Université Côte d'Azur // ©  Université Côte d'Azur
Reconnue comme l'une des meilleures universités françaises intensives en recherche, l'université Côte-d'Azur (UniCA) se veut un modèle d'innovation. Statut, formations, alliance, budget : son président Jeanick Brisswalter revient sur les dernières évolutions de l'UniCA.

Réputée pour sa vie étudiante dynamique, l'université Cote d'Azur cultive un lien fort entre formation et recherche. Formés au plus près de la recherche et des enjeux sociétaux, les étudiants sont également sensibilisés à l'entrepreneuriat. Entretien avec le président Jeanick Brisswalter.

Quel bilan faites-vous du plan stratégique 2021-2025, années durant lesquelles l'université est passée au statut de grand établissement ?

Le travail a été d'ordre structurel. Il a fallu stabiliser un paysage institutionnel en déployant une stratégie selon deux piliers.

Le premier pilier étant la promotion de l'excellence, de la recherche et de l'innovation en faisant en sorte qu'il y ait des liens.

Le deuxième pilier, c'est d'incarner une université d'impact qui participe au développement économique de notre territoire. Nous avons réalisé un travail très important avec nos partenaires socio-économiques et les collectivités. Nous avons mis en place des conventions de partenariat pour savoir quelles thématiques et quels moyens nous devions déployer selon le territoire : Cannes, Nice Sophia Antipolis ou Grasse.

Quelle est l'utilité de la mise en place et le développement des écoles universitaires de recherche (EUR), à la place des facultés ?

Chaque formation est désormais adossée à la recherche, afin de casser les silos

Le deuxième objectif était de proposer de la flexibilité des parcours, avec des mineures et des majeures. Par exemple, dans l'une de nos premières EUR, intitulée "Digital Systems For Humans", la majeure est l'intelligence artificielle, l'informatique et l'électronique. En mineure, on trouve du droit, de la psychologie, de la sociologie ou de l'économie, c'est-à-dire des disciplines pour bien comprendre les enjeux du numérique.

En licence également, on fonctionne désormais avec des parcours à la carte. Tous nos étudiants sont sensibilisés à l'entrepreneuriat. Idem sur le développement durable ou l'internationalisation des parcours. On souhaite qu'ils aient des compétences transversales.

Autre formation atypique : le cycle pluridisciplinaire d'études supérieures (CPES), une sorte de prépa universitaire. Pourquoi est-il attractif ?

Nous sommes victimes de notre succès. Nous avons quadruplé les effectifs depuis le lancement en 2022. Il s'agit d'étudiants ayant eu mention bien et très bien au bac.

Là aussi, le parcours s'adosse à la recherche avec une spécialisation progressive, et un parcours commun avec deux CPGE : le lycée Masséna à Nice pour les sciences et le lycée Stanislas à Cannes pour les sciences sociales.

Cette formation de trois ans mène au grade de licence. Cet aspect moins orienté du parcours plaît beaucoup aux candidats car ils se sentent moins enfermés dans un seul et même rail.

L'UniCA est-elle concernée par les contrats d'objectifs, de moyens et de performance (COMP) des universités "nouvelle formule" ? Quels changements pourraient se produire avec le fait que c'est désormais 100% de la subvention de l'État qui en dépendra ?

Oui, l'UniCA est concernée mais pour l'instant, le cadre n'est pas finalisé [le gouvernement a annoncé cette évolution le 8 avril 2025, NDLR].

Nous sommes totalement favorables à cette évolution qui correspond aux changements des universités. On attend toujours le cadre exact pour savoir si ce sera une vraie plus-value.

Quelles sont vos ambitions et projets ?

L'ambition principale reste de pouvoir casser les silos. Et dans le contexte budgétaire actuel, c'est un vrai défi. Il faut continuer à travailler sur l'offre de formation afin qu'elle corresponde au mieux aux besoins des métiers dans 10 ans.

Nous allons continuer à promouvoir l'excellence de la recherche et la faire rayonner à l'international.

Enfin, nous développons de plus en plus la notion de diplomatie académique et scientifique dans l'idée d'éclairer les décideurs. Dans un moment où l'espace géopolitique est de plus en plus instable, les universités restent des lieux de stabilité.

Pouvez-vous revenir sur la création de Ulysseus, une université européenne qui comprend huit universités de quatre régions européennes ?

Cette alliance européenne a pour originalité de favoriser la mobilité des étudiants, des enseignants et des personnels administratifs.

Chacune des huit universités porte un "innovation hub" avec de la formation et de la recherche. À l'UniCA, nous portons un hub sur le bien vivre et le bien vieillir. Nous avons démarré avec les universités de Séville (Espagne) et de Gênes (Italie) qui sont pluridisciplinaires.

Le Management Center Innsbruck (MCI, en Autriche) est centré sur l'entrepreneuriat. L'Université technique de Košice (Slovaquie) est sur l'industrie du futur. À l'Université des sciences appliquées Haaga-Helia (Helsinki, Finlande), ils s'intéressent à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans l'éducation.

Puis en janvier 2024, nous avons élargi notre périmètre avec l'Université de Münster (Allemagne) qui porte un hub sur le développement durable et l'Université du Monténégro qui est orientée cybersécurité.

Sur l'accompagnement de la réussite en licence, quels sont les dispositifs prévus ?

Nous avons été lauréats sur l'approche par compétences pour la réussite étudiante avec le projet L@UCA.

Depuis la sortie du Covid, nous avons mis en place un système de tutorat et de mentorat. Nous avons également lancé depuis deux ans un hub de la réorientation, notamment pour nos étudiants en première année qui au bout de six mois souhaitent se réorienter.

Mais le grand challenge reste l'orientation. D'où la création d'un "Passeport étudiant" en 2024 qui permet de faire la transition entre le lycée et l'université. Ce programme est plébiscité par nos homologues qui s'en inspirent. Dans la même dynamique, on prépare la mise en place de licence "Oui si… " pour les nouveaux étudiants arrivant à l'université en L3.

Que diriez-vous de l'université Côte d'Azur en termes de vie étudiante ?

Avec le centre d'entrepreneuriat étudiant en place depuis 2020, on a formé et accompagné près de 250 jeunes dans la création de projets de start-up.

Autre caractéristique, assez unique en France : notre plateforme d'engagement citoyen qui a pour mission de former des citoyens éclairés. Nos étudiants ont au moins 20 heures d'actions citoyennes à réaliser pour obtenir des points en plus.

Nous avons également une politique santé très importante, avec un centre de santé universitaire très vaste qui couvre toutes les disciplines. Nous pouvons compter sur un maillage territorial de médecins et psychologues que des étudiants peuvent consulter gratuitement. Cela permet de lutter contre l'isolement ou la précarité.

Enfin, nous bénéficions d'une offre sportive riche, grâce à notre emplacement entre mer et montagne.

Florian Dacheux | Publié le