Dans une interview à Libération mercredi 12 avril 2016, Manuel Valls estime "qu'il faudrait faire une loi pour interdire le voile à l'université". Qu'en pensez-vous ?
Ces propos de Manuel Valls nous ont beaucoup surpris. Nous pensions que le gouvernement avait définitivement réglé la question du voile. Que le Premier ministre revienne sur le sujet, surtout pour dire qu'il faudrait une loi interdisant le voile, tout en précisant immédiatement après que cela n'est pas possible, est pour le moins étrange.
Les principes de liberté de conscience, inscrite dans la loi de 1905, et de franchise universitaire empêchent l'interdiction du voile ou de tout autre signe religieux visible par les étudiants à l'université. Faut-il encore répéter que les étudiants sont adultes et donc en mesure d'exercer leur libre arbitre ?
La laïcité est-elle bien respectée à l'université ?
Lorsque Manuel Valls dit "'qu'il faut être intraitable sur l'application des règles de la laïcité dans l'enseignement supérieur", il laisse entendre que celles-ci sont régulièrement remises en question. Or, à ma connaissance, sur les 2 millions d'étudiants et les 200.000 agents qui travaillent à l'université, les incidents se comptent sur les doigts des deux mains. Les atteintes à la laïcité sont extraordinairement marginales. Je ne comprends pas pourquoi le Premier minsitre dit qu'il "faut être intraitable". Les règles de la laïcité s'appliquent déjà dans l'enseignement supérieur.
Sur les 2 millions d'étudiants et les 200.000 agents qui travaillent à l'université, les incidents se comptent sur les doigts des deux mains.
De quels moyens dispose l'université pour faire respecter les règles ?
En cas d'atteinte à la laïcité, l'université dispose de nombreux moyens d'action. Cela va de la discussion à la procédure disciplinaire, en passant par le rappel à l'ordre ou à la procédure disciplinaire. Ces instruments permettent de régler la quasi-totalité des problèmes, il n'y a donc nullement besoin de légiférer.
Plutôt que de s'occuper du voile, qui n'est pas un vrai problème, nous ferions mieux de nous attaquer aux réelles difficultés des universités : budget, orientation, recherche, effectifs....