Jean-Marc Rapp (président de l'EUA) : "L'Association des universités européennes n'a pas vocation à faire du lobbying direct"

Propos recueillis par Mathieu Oui, envoyé spécial à Aarhus (Danemark) Publié le
Jean-Marc Rapp (président de l'EUA) : "L'Association des universités européennes n'a pas vocation à faire du lobbying direct"
Jean Marc Rapp // © 
strong>Maria Helena Nazaré, ancienne rectrice de l'université d'Aveiro au Portugal a été élue, le 14 avril 2011, présidente de l'EUA, à l'occasion du congrès annuel de l'Association des universités européennes (en anglais EUA), à Aarhus au Danemark. Alors que l'association célèbre ses dix ans, strong>Jean-Marc Rapp, l'actuel président de l'EUA, dresse un premier bilan de l'association.

Dix ans après sa création, pouvez-vous nous dresser un bilan de l'EUA?

Depuis 2001, l'association s'est affirmé rapidement comme la voix des universités européennes. La preuve ? Elle est passée de 553 membres en 2001 à 851 aujourd'hui. Elle est devenue un acteur incontournable de la politique européenne en matière d'éducation et de recherche. Aujourd'hui, son ambition est double. Elle a un rôle politique auprès des institutions européennes et un rôle de soutien et de services aux universités. Ces deux activités sont complémentaires.
 

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de vos réalisations?

"Nous avons joué un rôle décisif dans la politique européenne de la qualité"

Tout d'abord, nous avons réalisé et publié un très grand nombre d'études sur des sujets capitaux de la politique européenne des universités. Tous les deux ans, les rapports Trends sont les rapports les plus sérieux sur l'état exact des réformes de Bologne. Le taux de réponses est de 82%. L'EUA est un organe qui défend une politique basée sur les preuves scientifiques et c’est très important. Nos propositions sont toujours précédées d'études de terrain. Nous avons joué aussi un rôle décisif dans la politique européenne de la qualité. L'EUA a par exemple co-rédigé avec d'autres partenaires, les standards européens de la qualité. Nous avons également créé le CDE (Council for doctoral education) qui a accéléré la révolution des études doctorales en Europe. En quelques années, nous sommes passés de 10% à plus de 50% d'universités disposants d'écoles doctorales.
 

En matière politique, quelle est votre influence?

Quand on lit les communiqués des ministres européens sur le processus de Bologne, on voit l'empreinte de l'association. En 2003, les ministres ont reconnu que la qualité était de la responsabilité primaire des universités. De même, les principes de Salzbourg sur la formation doctorale sont de plus en plus reconnus au niveau européen. C'est une victoire intellectuelle. Enfin, il est frappant de voir que l'enseignement est de plus en plus au centre de l'agenda politique. On en parle beaucoup plus qu'avant et pour de bonnes raisons.
 

Dans le contexte actuel de crise financière et de coupes budgétaires, l'association n'est-elle pas trop en retrait pour défendre les établissements?

"En Lettonie, nous sommes allés discuter avec le Premier ministre à la demande des universités"

On intervient mais la situation est très contrastée d'un pays à l'autre. Bien sur, il y a des réductions dramatiques, mais aussi des initiatives à contre-courant. Nous sommes actifs à Bruxelles auprès des institutions et du président Barroso que nous recevons ici a Aarhus. L'association joue son rôle sans nécessairement faire de déclarations publiques. Il est vrai que l'éducation est du ressort des Etats européens. L'EUA n'a pas vocation à faire du lobbying direct sauf quand on nous le demande. Cela a été le cas en Lettonie au moment de la crise, nous sommes allés discuter avec le Premier ministre à la demande des universités.

Propos recueillis par Mathieu Oui, envoyé spécial à Aarhus (Danemark) | Publié le