Jean-Pierre Boissin (coordinateur entrepreneuriat MESR-MINEFI) : « Les référents entrepreneuriat sont là pour développer l’esprit d’entreprendre des étudiants »

Propos recueillis par Franck Dorge Publié le
Jean-Pierre Boissin (coordinateur entrepreneuriat MESR-MINEFI) : « Les référents entrepreneuriat sont là pour développer l’esprit d’entreprendre des étudiants »
Jean-Pierre Boissin (coordinateur entrepreneuriat MESR-MINEFI) // © 
Les 373 référents entrepreneuriat des universités et écoles se réunissent pour la première fois le 12 octobre 2011 à l’université Paris-Dauphine . Jean-Pierre Boissin, professeur de sciences de gestion à l’IAE de Grenoble et coordinateur national pour l’entrepreneuriat étudiant, revient pour EducPros sur la mise en place de ce dispositif.

Vous êtes, depuis mars 2010, coordinateur national pour l’entrepreneuriat étudiant. Pourquoi avez-vous été choisi ?

En 2000-2007, j’ai porté un projet de maison de l’entrepreneuriat commune à l’INP et aux trois universités grenobloises. Après avoir réussi à convaincre les quatre présidents, le projet a vu le jour et a été soutenu par le ministère de l’Enseignement supérieur et la Recherche [MESR], ainsi que par la région Rhône-Alpes et d’autres collectivités territoriales. Peu après, le ministère, séduit par le projet, a promu une phase d’expérimentation [2003-2007] dans six autres villes universitaires : Lille, Nantes, Limoges, Clermont-Ferrand, Poitiers et Marseille. J’ai coordonné cette opération. Je pense que c’est pour cela que Valérie Pécresse et Hervé Novelli, alors ministres, ont pensé à moi lorsqu’ils ont lancé en 2009 le plan national d’action en faveur du développement de l’entrepreneuriat au sein des universités et écoles .


Quelle est votre mission ?

En tant que coordinateur, je veille au suivi des quatre mesures du plan national : la mise en place d’un référent entrepreneuriat dans chaque établissement d’enseignement supérieur, la création des pôles de l’entrepreneuriat étudiant [PEE], la pérennisation du concours national « Innovons Ensemble » et la création d’une junior-entreprise dans chaque université. L’objectif de la mission est de favoriser un échange des bonnes pratiques et de structurer à l’échelle nationale une capitalisation et une mutualisation des expériences.

À quoi servent les référents entrepreneuriat ?

Ils visent à sensibiliser les étudiants à l’entrepreneuriat par différentes actions et à coordonner les actions dans leur établissement. Concrètement, cela se traduit par la mise en place de modules pédagogiques accessibles aux étudiants – quelle que soit leur filière –, par l'organisation de conférences, mais également par l’accompagnement de projets réels en lien avec des structures d’accompagnement.

Les référents entrepreneuriat sont là pour développer l’esprit d’entreprendre des étudiants et pas uniquement pour leur permettre de devenir entrepreneur. Si certains le deviennent tant mieux, mais si, grâce aux actions menées, des étudiants réussissent à mieux appréhender l’entreprise, cela ne peut être que bénéfique pour leur insertion professionnelle. Dans ce cadre, l’action des référents est complémentaire du plan « Réussir en licence ».


Création d’un référentiel de compétences « Entrepreneuriat et Esprit d’entreprendre »

Quelles sont les résultats concrets du plan national entrepreneuriat étudiant ?

D’une manière générale, on ne peut que se féliciter du nombre d’universités et écoles qui ont joué le jeu. Concernant les référents, 373 établissements en ont nommé un. L’enjeu maintenant est que ce dernier puisse travailler de concert avec le responsable du bureau d’aide à l’insertion professionnelle [BAIP]. Côté PEE, 20 ont vu le jour depuis 2010. Ils ont bénéficié de 3 millions d’euros du MESR, du secrétariat d’État aux PME [MINEFI] ainsi de la Caisse des dépôts, suite à l’appel à projets de 2010. D’autres partenaires sont également parties prenantes de ces pôles : les collectivités et en premier lieu les régions, mais également les chambres de commerce et d’industrie, les chambres de métiers, le Réseau entreprendre, France entreprises et bien d’autres.

S’agissant des autres chantiers, on peut noter la création dans les douze derniers mois de dix nouvelles junior-entreprises dans les universités. Cela est loin d’être négligeable lorsqu’on sait qu’il y en avait à peine une trentaine en 2010. Enfin, sous l’autorité du directeur général de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle, a été mis en place un groupe de travail ayant pour but d’établir un référentiel de compétences « Entrepreneuriat et Esprit d’entreprendre », conformément à la convention MESR-MEDEF. Lors de la réunion du 12 octobre 2011, sera présenté ce référentiel.

Qui a participé à ce groupe de travail ?

Le groupe de travail s’appuyait sur des représentants du MESR, du MEDEF, de la CPU, de la CGE, de la CDEFI, de l’APCE [Agence pour la création d’entreprises] et d’enseignants-chercheurs du domaine de l’entrepreneuriat.


« L’entrepreneuriat relève tant d’une démarche individuelle que collective »

Quel est l’objectif de ce référentiel de compétences ?

Ce référentiel constitue un outil majeur pour la généralisation de programmes de sensibilisation en entrepreneuriat de tous les étudiants. Il vise à structurer un vocabulaire commun et rappelle la conception large de l’entrepreneuriat qui comprend notamment la création d’entreprise, mais également la reprise, les professions libérales, l’entrepreneuriat social et le monde associatif. Par ailleurs, il rappelle que l’entrepreneuriat relève tant d’une démarche individuelle que collective. Dans cet esprit, les programmes pédagogiques fondés sur des équipes projets d’étudiants et sur une mise en situation d’action sont encouragés. Enfin, ce référentiel encourage la mise en œuvre, parmi les actions possibles, de deux modules pédagogiques, l’un en licence et l’autre en master et écoles doctorales (ou équivalent en écoles) faisant l’objet d’ECTS. Le premier est un module de sensibilisation et le second est un module de spécialisation. Ces actions mises en avant par le référentiel doivent permettre de révéler les compétences des étudiants, leur créativité, leur esprit d’initiative ainsi que leur aptitude à se confronter à la réalité.




Les pôles entrepreneuriat étudiants (PEE)

Portés généralement par les PRES, ces pôles rassemblent au moins une université, une grande école, un réseau professionnel et un acteur économique. Ils ont pour mission de mettre en œuvre des opérations de sensibilisation, de formation et d’accompagnement pour diffuser, dans la durée, la culture entrepreneuriale dans l’enseignement supérieur. Ils sont actuellement au nombre de 20. Trois autres projets sont en cours à Aix-Marseille, Versailles et en Languedoc-Roussillon.

Retrouvez les différentes informations sur le Plan d’action national entrepreneuriat étudiants dans l’enseignement supérieur.

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