Aller sur l'Etudiant Newsletter Mon compte

L. Deflesselle (Agreenium) : "Nous avons besoin de 800 cadres en plus par an en agriculture jusqu’en 2030"

Clément Rocher Publié le
L. Deflesselle (Agreenium) : "Nous avons besoin de 800 cadres en plus par an en agriculture jusqu’en 2030"
Le programme Avenir Agro vise à renforcer l’attractivité des formations d’ingénieurs agro. // ©  Photo fournie par le témoin
Face aux défis du renouvellement des générations et des transitions écologiques, le programme Avenir Agro a été lancé pour renforcer l’attractivité des formations d’ingénieurs agro. Laurence Deflesselle, présidente de l'Alliance Agreenium, revient sur les enjeux de ce projet.

Elue depuis décembre 2022 présidente de l’Alliance Agreenium, Laurence Deflesselle, également directrice générale d’Oniris VetAgroBio Nantes, présente à EducPros les enjeux du projet Avenir Agro.

Ce programme, lancé le 24 février lors du Salon de l'agriculture, est lauréat du dispositif "Compétences et Métiers d’Avenir" de France 2030, qui vise à renforcer la visibilité de ces métiers essentiels aux enjeux écologiques et alimentaires. Il rassemble 26 partenaires privés et publics, dont l'Alliance Agreenium.

En quoi consiste le projet Avenir-Agro ?

Il s’agit du premier projet lancé en collectif par l’Alliance Agreenium et la Fesic Agro (Fédération des établissements d'enseignement supérieur d'intérêt collectif). Porté par AgroParisTech, il représente un budget de 10 millions d’euros sur cinq ans, dont 7 millions d’euros de France 2030.

Nous allons mener des actions de sensibilisation, de l’enseignement primaire au lycée. Cette campagne de communication nationale sera d’autant plus forte que nous sommes tous unis pour parler d’une seule voix. Nous devons atteindre le public le plus large possible, en veillant à une large inclusion territoriale et sociale.

L’Alliance Agreenium

Agreenium rassemble depuis le 1er janvier 2021, sur une base volontaire, la majeure partie des établissements publics d'enseignement supérieur et des organismes de recherche placés sous tutelle du ministre chargé de l'agriculture.

AgroParisTech, Bordeaux Sciences Agro, ENSFEA, ENVT, INRAE, l’Institut Agro, Oniris VetAgroBio Nantes, VetAgro Sup en sont membres, de même que le Cirad, l’INP-AgroToulouse, l’ENSAIA, l’ENSTIB et l’ENGEES.

Dans quel contexte s’inscrit le projet Avenir Agro ?

Notre tutelle, le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, demande aux écoles publiques et écoles privées sous contrat d’augmenter de 30% le nombre d’ingénieurs agronomes diplômés.

En effet, le besoin en cadres pour le secteur en agronomie et agroalimentaire est en augmentation : nous avons besoin de 800 cadres en plus par an en agriculture jusqu’en 2030.

Mais le vivier global et les tendances démographiques sont contraints. D’autant plus que le nombre de jeunes issus du milieu agricole ne cesse de diminuer, malgré certaines disparités géographiques.

Comment expliquer cette désaffection des jeunes par les formations en agronomie ?

Lorsqu’ils découvrent ces métiers, certains jeunes peuvent en avoir une perception négative. Il y a aussi un impact très fort des médias pour les jeunes qui n’ont pas de rapport direct avec le milieu. On a tendance à parler des sujets de controverse comme la crise alimentaire ou les difficultés économiques et sociales du secteur.

Pourtant, la réalité des métiers de notre secteur est riche et très positive. Dans l’agriculture et l’agroalimentaire, par exemple, ces professions ne sont pas saturées et offrent de nombreuses opportunités partout sur le territoire au niveau ingénieur. Ce sont également des métiers où les jeunes cadres pourront répondre aux attentes écologiques et sociétales des consommateurs.

Il faut donc un choc d’attractivité, pour reprendre la formule de Philippe Choquet, président de la Fesic, pour remettre en lumière nos filières.

Le monde professionnel vous apporte également son soutien dans ce projet.

Il est très important que les professionnels du secteur s’emparent de cette question du recrutement pour porter à leur tour le besoin de renouvellement des générations. Il s’agit d’un enjeu important pour l’évolution et le développement durable de leurs entreprises.

Nous devrons ensemble à la fois attirer davantage de jeunes dans nos écoles et également mieux les accompagner vers une insertion professionnelle dans les secteurs prioritaires des filières agricoles et agroalimentaires.

On fait parfois face à un paradoxe entre la valorisation en terme d’image de certains postes et leur adéquation avec le niveau ingénieur. Mais les professionnels ont bien compris qu’il fallait notamment proposer des salaires en adéquation avec la diplomation ingénieur, dans un contexte de concurrence accrue avec d’autres secteurs professionnels.

Les détails du projet Avenir Agro

Selon le Fesic, l'objectif est de "réenchanter l’imaginaire de l’ingénieur agronome", en montrant ce que sont les ingénieurs agronomes et leurs multiples rôles dans la société.

Il s'agit d'accroître "la visibilité sur le potentiel des ingénieurs agronomes à transformer durablement l’agriculture, l’alimentation, la gestion des forêts et des ressources naturelles et de contribuer à redonner une réalité et une image des agricultures, de la gestion forestière et de la transformation des produits qui en sont issus", précise la fédération.

Un travail sur "la question de l’identité de l’ingénieur agro", permettra de lancer "ensuite une campagne de communication nationale, avec une déclinaison territoriale", expliquait Laurent Buisson, directeur général d’AgroParisTech, établissement porteur d’Avenir Agro, à l'occasion du lancement.

Elle visera à sensibiliser les apprenants et leurs familles, les enseignants, les professionnels d’orientation de l’éducation nationale et les personnels des établissements et ce, du primaire jusqu'au post-bac.

Clément Rocher | Publié le