L'enseignement supérieur français… vu d'Inde : "Les bureaucraties française et indienne se ressemblent "

De notre correspondante en Inde, Sarah Collin Publié le
L'enseignement supérieur français… vu d'Inde : "Les bureaucraties française et indienne se ressemblent "
L'IIT (Indian Institute of Technology) de Kanpur © Matt Welsh 2006 // © 
Professeur à l'IIT (Indian Institute of Technology) de Kanpur, l'une des écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses en Inde, Sumit Basu s’est rendu en France à plusieurs reprises, notamment à Lyon, où il a mené des projets de recherches à l’INSA et à l’université Claude Bernard.

Sumit Basu, professeur de génie mécanique à l’IIT de KanpurComment est considéré l’enseignement supérieur français en Inde ?

Les Indiens tiennent l’enseignement supérieur français en haute estime… Quand ils le connaissent. Beaucoup d’étudiants ne sont pas au courant des opportunités en France. Il y a un manque d’information. Pour des raisons linguistiques et parce que leur système est ouvert, les étudiants indiens choisissent les Etats-Unis : à titre d'exemple, environ 70% de mes collègues de l’IIT Kanpur y ont effectué leur post-doc !

Et en ce qui concerne la recherche ?

En tant que membre du Cefipra (Centre franco-indien pour la promotion de la recherche avancée), je peux dire que nous avons vu le nombre de projets de recherche franco-indiens augmenter ces dernières années. Beaucoup de scientifiques français publient aujourd’hui en anglais, ce qui a augmenté leur visibilité ici en Inde. Et en réalité, mettre en place un partenariat de recherche avec la France est bien plus facile qu’avec le Royaume-Uni.

Quels points communs voyez-vous entre le système français et le système indien ?

La bureaucratie ! La bureaucratie française n’est pas aussi mauvaise que la bureaucratie indienne, mais elles se ressemblent… Par exemple, en France, je n’avais pas touché mon salaire deux mois de suite parce que la date de versement avait par erreur était fixée au 31 juin, ce qui n’existe pas... Débloquer la situation n’a pas été facile… En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, où j’ai aussi travaillé, je n’ai pas rencontré ce type de problèmes.

Qu’est-ce qui vous a le plus étonné dans l’enseignement supérieur français ?

Ma première surprise a été la taille des universités. Les universités françaises sont très grandes et il y a beaucoup d’étudiants ! Parfois, c’est difficile pour eux d’avoir des interactions avec les enseignants…

Autre surprise, le ratio hommes-femmes. A l’Insa Lyon, environ 50% des étudiants étaient des filles, mais parmi les professeurs, il y avait moins de femmes qu’en Inde.

Selon vous, quelles sont les principales différences entre les deux systèmes ?

Ce qui m’a surtout marqué, c’est l’uniformité de la qualité des licences entre les différentes universités. J’ai participé à des processus de sélection pour des masters et des doctorats et les jurys n’avaient aucune suspicion quant à l’enseignement reçu par les étudiants selon leur université d’origine. En Inde, nous avons 20.000 écoles d’ingénieurs, dont 90% sont privées. Donc nous faisons passer des tests, des entretiens, pour vérifier que le candidat a bien le niveau. Sinon, le fait que les professeurs français les plus expérimentés enseignent peu, notamment dans les premiers cycles, constitue aussi une grande différence entre les deux systèmes.

Pensez-vous que l’enseignement supérieur français favorise l’innovation ?

Les universités scientifiques françaises collaborent beaucoup avec les industries, qui ont elles-mêmes de très bons départements de recherche et développement. Ces liens favorisent l’innovation. En Inde, de telles relations existent moins, les entreprises pensent d’abord à faire de l’argent.

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