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Laurent Batsch (président de Dauphine) : "Il faut arrêter avec les guerres picrocholines de Paris intra-muros et se placer du point de vue du Grand Paris"

Propos recueillis par Maëlle Flot Publié le
Laurent Batsch (président de Dauphine) : "Il faut arrêter avec les guerres picrocholines de Paris intra-muros et se placer du point de vue du Grand Paris"
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Les universités parisiennes vont-elles parvenir à trouver un accord pour se regrouper afin de concourir à l’Opération campus ? Elles ont jusqu’au 16 février 2009 pour rendre à Valérie Pécresse leur projet détaillé. Paris Universitas (Paris 2, 3, 4, 6, 9, EHESS, ENS-Ulm) est un des deux pôles actuels aux côtés de Paris Centre (Paris 5 et 7 notamment). Bernard Larrouturou, chargé de mission sur l’évolution des établissements universitaires parisiens, les a déjà rencontrés et rendra ses conclusions au mois de mai pour se prononcer sur les regroupements possibles. L’université de Dauphine, membre fondateur de Paris Universitas, rêve d’une alliance allant du Quartier latin jusqu’à la Défense. Laurent Batsch, son président, expose sa stratégie.

Vous vous êtes prononcé pour que Paris Universitas devienne un PRES. Avez-vous réussi à convaincre vos partenaires ?

Nous avons des cultures d’établissements différentes, un poids différent, comme par exemple Paris 6 et ses quelque 30 000 étudiants face à nos 9 000 étudiants. Mais aujourd’hui il s’agit de mettre en avant les raisons pour lesquelles il faut se rapprocher et non ce qui nous distingue. La ministre a rappelé qu’il y avait de la place à Paris pour deux universités, dont Paris Universitas. L’autre regroupement [NDLR : Paris Centre] avance. La vraie question est de savoir si Paris Universitas doit se replier sur le Quartier latin, et se réduire à une alliance entre Paris 2, 3, 4 et 6. L’éloignement de Dauphine est très relatif. Pourquoi à dix stations de métro et 5 km à vol d’oiseau serions-nous considérés comme des expatriés ?

Que voudriez-vous faire de Paris Universitas ?

En créant Paris Universitas, nous voulions suivre le modèle de l’université pluridisicplinaire à l’anglo-saxonne, une grande université confédérale qui intègre des composantes relativement homogènes et offre une palette de toutes les disciplines : à Paris 6, les sciences dures ; à Paris 2, le droit ; à Paris 3, les Lettres ; à l’ENS Ulm, l’EHESS et Paris 4, les SHS ; à Dauphine, l’économie, la gestion et les sciences de la décision. Personne ne fait ce que nous faisons. Ce projet scientifique et pédagogique est celui auquel Dauphine a adhéré et celui que nous défendons toujours aujourd’hui. Si nous ne sommes pas capables de faire le pas aujourd’hui, alors je crains que nous ne soyions jamais capables de le faire.

Votre Institut gestion de patrimoine s’est récemment délocalisé à la Défense au pôle Léonard de Vinci. Pensez-vous ouvrir d’autres formations à la Défense ?

Oui, Dauphine est candidate pour s’implanter à la Défense. C’est là où sont beaucoup des entreprises qui recrutent nos étudiants et avec lesquelles nous travaillons. Contrairement aux autres universités parisiennes, notre université est regroupée sur un seul site. C’est un avantage mais aussi un inconvénient car plus aucune extension n’est possible, nous explosons dans un espace devenu trop étroit. Pourquoi nous interdirions-nous de nous installer à la Défense juste à côté alors qu'une série d’écoles privées et notamment de province sont en train d'y arriver ? Qu’une grande université publique comme la nôtre ne réponde pas aux besoins sur un espace où elle est attendue, ce serait le comble ! Il faut arrêter avec les guerres picrocholines de Paris intra-muros et se placer du point de vue du grand Paris. Si depuis le Quartier latin, on regarde la Défense comme si c’était la banlieue de Paris, on n’a rien compris. La Défense est une place internationale et elle va affirmer encore davantage son rôle de « cluster » financier, il n’y pas que les campus de Saclay et de Condorcet ! Dauphine n’a pas de raison de renoncer à Paris Universitas et Paris Universitas n’a pas de raison de renoncer à Dauphine et à la Défense.




Propos recueillis par Maëlle Flot | Publié le