Pourquoi avoir décidé de créer un Observatoire de l’enseignement supérieur ?
Thierry Coulhon : La nécessité de cet observatoire est née d’un double constat : l'enseignement supérieur se connaît mal lui-même, la société le connaît encore moins. Or, à travers les évaluations du Hcéres, nous possédons une mine de données. Mais jusque-là, nous ne les structurions et ne les problématisions pas suffisamment.
D’un point de vue fonctionnel, au sein du Hcéres, l'Observatoire de l'enseignement supérieur ne doit pas être une entité isolée, mais une entité qui s'appuie sur les autres départements du Hcéres, mais aussi sur des acteurs extérieurs, parmi lesquels le service statistique du ministère (SIES), Parcoursup ou encore les laboratoires universitaires comme le Centre de sociologie des organisations de Sciences po.
Nous voulons construire un hub qui serait en contact, complémentaire et connecté avec une multitude d'acteurs. (T. Coulhon, Hcéres)
Nous voulons construire un hub qui serait en contact, complémentaire et connecté avec une multitude d'acteurs. Mais je tiens à préciser que nous n’avons pas vocation à avoir une vision panoramique, ce serait irréaliste ; nous devons avant tout pouvoir traiter un certain nombre de dossiers qui nous paraissent prioritaires.
Quels types de dossiers vous semblent prioritaires ?
TC : Ils sont nombreux. Parmi les sujets que nous envisageons de traiter, il y a non seulement la cartographie des offres de formation de l’enseignement supérieur mais aussi les questions de la professionnalisation, du financement de l'ESR, des ressources propres du financement des collectivités.
Nous avons aussi des sujets sur les flux étudiants, sur la porosité avec l'emploi, les questions d’égalité femme-homme, ou encore sur l'impact de la réforme des études de santé.
Quels seront les partenaires de l’OES ?
TC : L'écosystème est extrêmement riche. L’OES aura des partenaires institutionnels comme le ministère, l'INSEE, ainsi que les laboratoires universitaires pour des appels d'offres sur certains sujets. Il aura aussi les branches, les territoires et les acteurs de l'enseignement supérieur, comme les conférences d'établissements et d’autres entités, comme par exemple l’Observatoire de la vie étudiante.
Nous avons une légitimité à partir des données qui sont les nôtres et j’irai même plus loin : nous avons une vraie responsabilité de les exploiter. Le Hcéres évalue des objets, c'est sa mission première. Mais il est légitime qu'on lui demande aussi une vision transversale, thématique.
Nous sommes conscients que nous ne sommes pas les seuls sur ce créneau. Au contraire, nous savons qu’il y a beaucoup d'acteurs, nous devons nous insérer dans un jeu collectif, avoir une vraie valeur ajoutée.
Quand l’observatoire sera-t-il opérationnel ? Comment sera-t-il piloté et financé ?
TC : Nous devrions être en mesure de sortir les premiers dossiers d’ici à la rentrée 2023. Pour la gouvernance, nous pensons à un conseil scientifique. Nous en sommes, pour l’heure, à un stade de préfiguration, pilotée depuis le mois de janvier par Thibaut Duchêne.
Pour le financement, nous avions provisionné pour l’Observatoire une ligne budgétaire dès le budget 2022 du Hcéres.
Quel sera le premier grand chantier de l’Observatoire ?
Thibaut Duchêne : La cartographie des formations est le premier projet. Il y a aujourd’hui un certain nombre de données en open data, sur Parcoursup, Mon Master etc., mais aussi toute la mine du Hcéres et le gisement de données de l'enseignement supérieur qui est très bien organisé.
La cartographie des formations est le premier projet de l'Observatoire de l'enseignement supérieur. (T. Duchêne, OES)
Mais il y a également toute la part qui n'apparaît pas, comme les formations hors Parcoursup dont on sait qu'elles font l'objet d'un regard particulier. Nous devons entamer un travail pour les répertorier, les classer, les quantifier. C’est un projet plutôt fastidieux et long, mais nous essayons de mobiliser d'autres liens que ceux de l'enseignement supérieur, comme les missions locales, le CIDJ, toutes les entités qui permettent de tracer ce type de formation.
Ces projets sont-ils bien accueillis ?
TD : Il y a une grande demande, puisque ce type de travaux sera utile à la communauté de l'enseignement supérieur. La cartographie de l'offre de formation était le serpent de mer des conseils régionaux qui voulaient s'y attaquer depuis des dizaines d'années. C’est un vrai sujet, qui dépasse même l'environnement de l'enseignement supérieur et de la recherche.