M. Sellam (Ionis Education Group) : "Une logique de transparence et d'exigence nous a toujours guidés"

Clément Rocher Publié le
M. Sellam (Ionis Education Group) : "Une logique de transparence et d'exigence nous a toujours guidés"
L'école de communication ISEG, membre du groupe Ionis. // © 
Quarante ans après sa création, comment Ionis Education Group se positionne dans le paysage de l'enseignement supérieur privé en France? EducPros a échangé avec son président-fondateur Marc Sellam sur sa stratégie et ses perspectives d'avenir.

Quelle est votre ligne directrice stratégique depuis la création de Ionis Education Group en 1980 ?

Il faut avoir quelques fondamentaux pour durer dans l'enseignement supérieur. Nous avons notamment placé la réussite de l'étudiant au centre de notre système, sa place doit être privilégiée. Nous avons toujours été guidés par la qualité et la pertinence de la formation et de son projet pédagogique.

Marc Sellam, président-fondateur du groupe Ionis.
Marc Sellam, président-fondateur du groupe Ionis. © Ionis

La transparence et l'exigence sont notre moteur. Cette exigence existe au niveau de nos équipes. Nous ne pouvons pas uniquement exister à travers un projet s'il n'y a pas une vraie dynamique et un vrai potentiel au niveau de l'équipe qui le mène. Notre ligne directrice a été aussi de se dire qu'il ne faut pas de contenter de la facilité de l'immédiat mais bien de toujours nous demander si notre projet pédagogique sera d'actualité demain.

Quel est votre rôle au sein de cette dynamique ?

Je suis en relation étroite avec les équipes. La moitié de mon agenda consiste à rencontrer les responsables des écoles. C'est une mission que je conserve depuis le départ, cela fait qu'aujourd'hui je ne me sens pas éloigné du quotidien. J'ai toujours gardé sous ma responsabilité ces trois composantes indissociables : le développement, la stratégie et la pédagogie.

Peut-on parler d'une pédagogie commune à tous les établissements de Ionis ?

Dès le début, nous nous sommes préoccupés de ce dont l'étudiant allait bénéficier sur le plan pédagogique. Nous avons déployé très tôt un certain nombre d'actions classiques : l'enseignement en petit groupe, la réalisation de travaux transverses entre les étudiants, le tutorat. Le temps joue en notre faveur parce que cela fait longtemps qu'on pense qu'une école n’est pas là uniquement pour transmettre des connaissances mais aussi pour faire travailler et acquérir des compétences. Ainsi, nous avons très vite mis en place l'apprentissage par projet dans nos écoles.

C'est notamment le cas au sein de l'école d'ingénieurs EPITA...

EPITA n'était pas encore une école d’ingénieurs en 1994 lorsque nous l'avons reprise. Nous avons souhaité mettre les étudiants dans le bain dès le départ et les confronter à une mise en situation que nous avons appelée "la piscine", nous appuyant sur la métaphore de "se jeter dans le bain".

Cela fait longtemps qu'on pense qu'une école n’est pas là uniquement pour transmettre des connaissances mais aussi pour faire travailler et acquérir des compétences.

Le terme a depuis été repris dans le langage courant. Cela signifie qu'un étudiant commence par se plonger dans l'informatique et apprend ensuite. Cette méthode a contribué à construire notre modèle d'enseignement. Un étudiant sera en mesure de mieux comprendre les disciplines s'il a été motivé par ses projets. Les écoles de la tech ou de la création du groupe Ionis fonctionnent davantage sur ce modèle-là.

Face à la grande diversité d'écoles du groupe, comment se développe l'approche interdisciplinaire ?

Nous avons rapidement compris que nous devions faire travailler les établissements entre eux. Nous avons par exemple des écoles de business qui s'associent avec des écoles d'ingénieurs dans leurs programmes et travaux de recherche. Mais il est aussi important de faire cohabiter les écoles.

Nous pouvons prendre l'exemple de l'Epitech, école d'informatique, l'ISEG, école de communication et de marketing et e-artsup, école de création visuelle, qui sont le plus souvent regroupées sur nos campus pour permettre la mise en place de cette approche interdisciplinaire. La complémentarité de ces écoles est ainsi placée au centre de l'avenir professionnel de chaque diplômé.

Le groupe Ionis se construit à travers une croissance interne et externe, selon quelle stratégie ?

Notre modèle repose sur la croissance interne, par la création d’écoles. La croissance externe n'a jamais été motivée par la taille mais par un véritable projet pédagogique et une vraie raison d'être. Nous avons repris la plupart des écoles en difficulté mais toujours dans une situation où nous croyions dans leur projet. Par exemple, nous avons repris EPITA à la barre du tribunal. Nous nous sommes intéressés à cette école à un moment où il fallait véritablement prendre conscience que l'informatique était un domaine qui allait devenir porteur. Les écoles d'ingénieurs considéraient que l'informatique était une discipline comme les mathématiques ou la physique mais qu'on n'avait pas besoin d'une école d'informatique en tant que telle, d’autant que nous étions dans une période de revirement au sujet d’Internet.

La croissance du groupe se poursuit aussi au travers de la création de nouveaux programmes ?

Nous venons de lancer un programme sur cinq ans dédié à l'univers du sport, du business, et du management, sous la marque ISG, en partenariat avec la NBA. La fédération de basket-ball américaine va nous apporter son expertise. Ce programme sera ouvert dans plusieurs villes de France et débouchera sur un titre RNCP.

La croissance externe n'a jamais été motivée par la taille mais par un véritable projet pédagogique et une vraie raison d'être.

Nous allons aussi ouvrir, en septembre 2022, l'EPITA IA Institut. Cette nouvelle école post-bac sera entièrement dédiée à l'intelligence artificielle et le data engineering. La formation se fera en six années d'études : un cycle bachelor en trois ans et un parcours grande école en trois ans. Cette école, créée sous la marque EPITA est déployée avec notre école d'ingénieurs ESME-Sudria et notre école de management ISG. C'est la première fois qu'un premier cycle laisse le choix entre une école d'ingénieurs ou de management comme poursuite d'études.

Quelles sont vos priorités pour les prochaines années ?

La première est la pérennité du groupe. Elle passe par la satisfaction de nos étudiants durant leurs études et nos diplômés durant leur vie professionnelle. Ainsi, notre priorité pour les prochaines années est de déterminer comment accompagner un diplômé pendant 10 à 15 ans après sa sortie d'école. Nous appréhendons nos étudiants dans leur globalité, aujourd'hui et demain. Toutes les écoles veulent faire de la formation continue mais nous mettons cette démarche en priorité absolue, en nous appuyant sur l'ensemble de nos écoles. Il y a une vraie conscience accrue des salariés que la formation tout au long de la vie fait partie de leur responsabilité.


Ionis Education Group en chiffres

- 27 écoles et entités
- 98 établissements
- 350 partenariats internationaux dans 60 pays
- 30.000 étudiants et 80.000 diplômés

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