Marc Capelle (directeur de l’ESJ Lille) : "L'école ne va pas déposer le bilan"

Propos recueillis par Mathieu Oui Publié le
Malgré un récent plan d'économies et l'intervention financière du Conseil régional, l'Ecole supérieure de journalisme de Lille, est confontée à un déficit de 200 000 € pour l'année universitaire en cours. Son directeur, Marc Capelle, répond aux critiques.

Comment expliquer ce déficit de 200 000 € pour 2011-2012, malgré l’apport financier du Conseil régional qui a versé 2,8 millions € en 2009?
Les mesures prises n’ont pas suffi. Cette subvention du Conseil régional avait pour objet d’épurer les dettes de l’école mais s’attaquer au déficit structurel ne se fait pas d’un claquement de doigts. Pendant longtemps, l’ESJ a été financée essentiellement par la taxe d’apprentissage mais avec l’augmentation du nombre d’écoles reconnues par la profession, nous avons subi une forte baisse de cette taxe. Elle est passée de plus de 50% il y à 20 ans, à environ 20% aujourd’hui. Et les ressources développées par le développement international ou la formation à distance, sont, par nature aléatoires. Par ailleurs, la filiale de formation continue ESJ Pro fonctionne mais ne dégage pas suffisamment de profits pour abonder les caisses de l’école.

L’école vit-elle au  dessus de ses moyens ?

"Il n’y a ni salaires faramineux ni mauvaise gestion"

Il n’y a ni salaires faramineux ni mauvaise gestion. L’équipe comprend une petite trentaine de permanents et les personnes ont été recrutées par rapport à leur salaire de départ, notamment pour les journalistes. Nous travaillons à un plan de retour à l’équilibre pour l’an prochain qui sera présenté au mois de juin au conseil d’administration et que je ne souhaite pas dévoiler. Les économies porteront notamment sur la masse salariale qui pèse pour 80% de notre budget. Il n’est pas question d’augmenter les frais de scolarité.

Où en sont les projets de rapprochement au sein du pôle Lillois ?
Nous travaillons à la construction de l’université de Lille, avec les trois universités et les six écoles, et ce chantier dont l’issue est pour 2015 avance doucement. Quant au rapprochement avec l’IEP, nous travaillons déjà ensemble à travers le double diplôme, mais notre objectif est de rester un établissement autonome, avec son propre conseil d’administration. C’est l’intérêt du label de l’école et la seule solution souhaitable. Avec l’emménagement de l’IEP près de chez nous, nous allons pouvoir mutualiser des services comme un service de documentation commun.

Avez-vous été approché par des groupes privés ?

"La stratégie de l’école est de rester dans le public"

Non,  la stratégie de l’école est de rester dans le public, le conseil d’administration a voté en ce sens. Nous sommes accompagnés et soutenus par le groupe Centre-France, propriétaire d’ESJ Pro, qui se porte garant auprès des banques. Le groupe propose de substituer cette garantie bancaire par un versement de 700 000 € qui constituerait une avance pluriannuelle sur les frais d’usage du label ESJ Pro dont le montant annuel est de 100 000€. C’est une proposition intéressante pour nous apporter la trésorerie qui nous fait actuellement défaut. Malgré ce que je peux lire, ici ou là,  l’ESJ ne va pas déposer le bilan.

Propos recueillis par Mathieu Oui | Publié le