Michel Leroy (directeur général du CNED) : «Nous allons nous recentrer sur les formations où la demande est la plus forte et augmenter nos tarifs»

Propos recueillis par Fabienne Guimont Publié le
Michel Leroy (directeur général du CNED) : «Nous allons nous recentrer sur les formations où la demande est la plus forte et augmenter nos tarifs»
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Le nouveau directeur général du CNED (Centre national d'enseignement à distance), Michel Leroy, prend la tête de la trente et unième académie qui fête ses 70 ans en 2009. Il décline pour Educpros la politique qu'il met en œuvre en matière de e-learning scolaire et le plan de modernisation de l'établissement soumis récemment à un audit.

Une étude sur la modernisation du CNED vient d'être rendue. Comment allez-vous traduire ses préconisations ?

Nous allons mettre en place un plan de modernisation, discuté le 30 juin 2009 en conseil d'administration. L'étude montre que certaines des 3 000 formations du CNED ont parfois peu d'inscrits. Nous allons nous recentrer sur les formations où la demande est la plus forte comme le DAEU, les formations sanitaires et sociales, le CAP petite enfance, les BTS de bureautique, les langues vivantes étrangères, le FLE.

Le soutien scolaire et universitaire est aussi une forte demande. Nous venons de signer une convention avec l'UPMC pour du soutien en ligne gratuit destiné aux lycéens qui franchissent le seuil de l'université ou qui suivent une L1. En outre, notre mission de service public est encore réaffirmée dans un décret de 2009 qui nous oblige à inscrire les élèves de 6 à 16 ans pendant la scolarité obligatoire.

Nous réfléchissons aussi à l'augmentation de nos tarifs, plus bas que ceux de la concurrence, mais cela nécessite d'améliorer nos contenus. La substitution du numérique au papier ne fait pas partie du plan de modernisation, mais nous menons une réflexion avec l'Eifad pour moderniser les contenus pédagogiques. Notre cœur de métier reste la pédagogie à distance, avec l'idée de mixer présentiel et à distance.

Comment ce plan de modernisation se traduit-il en interne ?

La marque CNED est connue, mais notre structuration en huit instituts plus ou moins spécialisés (primaire, collège, lycée, enseignement supérieur...) répartis sur tout le territoire est peu lisible et entraîne un fonctionnement cloisonné. Nous allons donc créer une direction de la commercialisation de nos produits et une direction métiers (offre et services). Les huit sites seront maintenus et rassembleront des formations sous forme d'unités d'affaires dépendant de la direction des offres et services. Les scénarios de développement en interne reposent sur la relance des inscrits pour augmenter nos ressources propres, représentant la moitié de notre budget. La subvention de l'État reste constante et il n'y a pas de recrutements supplémentaires, mais nous aurons besoin de compétences nouvelles dans le domaine de la commercialisation. Une campagne d'affichage sera lancée à la rentrée prochaine.

Vous vous développez sur le public des scolaires en lançant deux nouveaux services : academie-en-ligne et @toutcned. Comment s'articulent-ils ?

Academie-en-ligne existe depuis le 19 juin 2009 : il s'agit d'une offre gratuite d'une soixantaine de cours d'été du CP à la terminale, déclinés en cinq ou six matières par niveau. Ce site attire en moyenne 35 000 connexions par jour. À partir du 15 septembre 2009, 105 cours gratuits de tous niveaux seront progressivement mis en ligne. Nous envisageons dans une troisième phase de mettre pour chaque niveau du primaire l'essentiel des cours, matière par matière, sous forme de PDF, avec de l'image et de l'audio. C'est ce que nous proposons de manière payante sur papier.

À ces ressources gratuites, s'ajouteront, à partir de fin septembre 2009, des ressources payantes (exercices autocorrectifs, tutorat individuel par des enseignants en ligne ou par téléphone), avec @toutcned. Cette offre vise principalement les collectivités territoriales qui veulent mettre du contenu (ressources et services) sur les ENT qu'elles financent. La réflexion du ministre Xavier Darcos de rajouter @toutcned sous forme payante correspond à une demande des familles et des établissements pour répondre aux besoins d'accompagnement individualisé des élèves. Nous ferons appel à des enseignants vacataires ou du CNED selon les marchés passés avec les collectivités pour ces services. Nous avons pour l'instant un partenariat avec Maxicours, mais nous souhaitons développer nos propres plates-formes à partir de septembre 2009 pour le lycée et début 2010 pour le collège.

Quelle place occupe le e-learning dans la politique que vous voulez mener au CNED ?

La demande de e-learning est de plus en plus forte en matière de suivi individualisé direct (par téléphone) ou asynchrone (e-mail, FAQ, forum). C'est un point majeur de développement du CNED alors que, dans la société de la connaissance, les savoirs sont diffusés partout. Ce suivi individualisé est pour nous un enjeu essentiel, depuis le scolaire jusqu'au supérieur et à la formation continue.

Quels sont vos partenariats avec les universités pour le développement des campus numériques ?

Nous avons signé avec Lyon 2 et l'université de Rouen une convention pour le campus numérique Force sur la licence en sciences de l'éducation. Le CNED assure la mise en ligne et l'envoi des cours, en apportant son savoir-faire, et les universités développent leurs propres enseignements. Nous avons par ailleurs signé une convention-cadre en septembre 2009 avec l'université de Riyad (Arabie saoudite) pour mettre en place une université numérique.

Le CNED : 70 ans pour reconnaître l'enseignement à distance
Le CNED fête ses 70 ans d'existence en 2009. Sa place dans l'enseignement français a été progressivement reconnue depuis sa création pendant la Seconde Guerre mondiale pour permettre de continuer l'enseignement lors du conflit. Jusqu'en 2002, le cadre juridique restait flou. Le statut du centre a été défini le 25 avril 2002, puis trois ans plus tard jour pour jour, la loi de programme a reconnu l'enseignement à distance comme un service à part entière. Le décret d'application de la loi de 2005 a été publié le 27 février 2009. Il rappelle les conditions dans lesquelles l'inscription au CNED est gratuite pour les 6-16 ans, et a réaffirmé ses missions. Le CNED est ainsi la trente et unième académie consacrée à l'enseignement à distance du primaire à la formation continue.

Propos recueillis par Fabienne Guimont | Publié le