Mutuelles étudiantes : pourquoi la SMEREP fait-elle sécession ?

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant Publié le
Mutuelles étudiantes : pourquoi la SMEREP fait-elle sécession ?
Grégoire Darricau, président du conseil d'administration de la SMEREP // DR // © 
Le 6 décembre 2013, la mutuelle étudiante SMEREP a quitté le réseau national EmeVia qui réunissait les onze mutuelles étudiantes régionales (MEP, MGEL, SEM, SMEBA, SMECO, SMENO, SMERAG, SMEREB, SMERRA et VITTAVI). La raison de ce départ : des divergences de point de vue sur la gestion du système mutualiste estudantin lourdement mis en cause par un rapport de la Cour des comptes rendu public en septembre dernier. Grégoire Darricau, président du conseil d'administration de la SMEREP, s'en explique.

Quel lien y a t-il entre le rapport de la Cour des comptes qui épingle en particulier la LMDE et votre décision à la SMEREP de quitter le réseau Emevia ?

Pour comprendre notre démarche, il faut revenir sur ce qui nous a amenés à nous fédérer au sein d'EmeVia. A l'origine, et jusqu'en 2012, Emevia s'appelait l'USEM. Cette union nationale des mutuelles étudiantes régionales a été créée en 1972 en grande partie à l'initiative de la SMEREP. L'idée était de se regrouper pour faire une union politique, et non pas technique ou commerciale. Il s'agissait de porter la voix des mutuelles régionales face à la LMDE.

Ca s'est bien passé jusqu'en 2010, date à laquelle s'est produit un premier accro : la LMDE qui rencontrait des difficultés financières a demandé à l'assurance une hausse de 51,6 à 52€ par étudiant de la "remise de gestion", c'est-à-dire du montant versé par l'assurance maladie aux mutuelles étudiantes pour les frais de gestion par étudiant. La SMEREP était contre cette hausse. L'USEM en majorité l'a acceptée. Puis, en octobre 2011, un rapport de l'UFC Que Choisir et, en décembre 2012, un rapport du Sénat ont clairement mis en cause la mauvaise gestion de la LMDE.

Plutôt que de monter au créneau en montrant sa différence, l'Emevia a choisi une position de grande tiédeur. Même posture attentiste à la publication du rapport de la Cour des comptes en septembre dernier. En quittant ce réseau, nous voulons que la SMEREP reprenne la parole.

Pourquoi cette supposée "tiédeur" au sein de l'Emevia ?

Je ne me l'explique pas. A l'heure où certains politiques seraient tentés de remettre en cause le principe même des mutuelles étudiantes, nous affirmons que le régime de sécurité étudiante coûte moins cher que le régime général.

La preuve : la moyenne des frais de gestion des 128 meilleures CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) est de 73€ par assuré et de 65€ pour les 50 meilleurs. Nous à la SMEREP, pour 52€ par étudiant avec 175.000 affiliés et 45.000 adhérents, nous sommes à l'équilibre, voire même légèrement en positif.

Le régime de sécurité étudiante coûte moins cher que le régime général

Y a-t-il selon vous une crise du modèle mutualiste étudiant ?

Non. Mais la situation de la LMDE pourrait le faire croire. Or, comme l'a montré le rapport de la Cour des comptes, la situation de la LMDE, qui affiche 30 millions de dettes en 2012, tient d'abord à une gestion catastrophique, une gestion à la camarades qui se distribuent les places, avec trop de cadres et pas assez d'opérationnels. C'est un mauvais modèle de gestion.

A l'inverse, à la SMEREP, nous plaidons pour un modèle de performance. Un exemple : tous les deux ans, nous demandons à être audités par l'Assurance maladie sur une centaine de critères, de l'ouverture du courrier au temps de remboursement. Pour défendre le régime étudiant qui doit et peut être moins couteux que le régime général, c'est à nous de faire en sorte qu'il soit bien géré.

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant | Publié le