Coursera existe depuis 2012. Que savez-vous sur les utilisateurs de cette plate-forme ?
Parmi la multitude de disciplines que nous proposons, de la poésie aux mathématiques, nous avons une importante demande de cours spécifiques, en ingénierie pour téléphone mobile, par exemple. On sait que beaucoup d'utilisateurs suivent nos cours pour améliorer leurs chances de carrière, pour trouver un emploi ou évoluer. Ils n'ont pas forcément de diplôme d'études supérieures.
On sait aussi qu'ils choisissent les cours pour leur contenu, sans connaître forcément l'université qui les dispense. 70% d'entre eux sont à l'extérieur des États-Unis ; notre deuxième marché est l'Inde, où nous avons 500.000 étudiants. Ensuite viennent le Brésil, le Royaume-Uni et le Canada.
Tous vos cours sont gratuits. Quel est votre modèle économique ?
Notre modèle économique, c'est la gratuité : le contenu est gratuit, sauf si l'on veut valider ses cours dans le cadre d'un diplôme.
Nous délivrons un "certificat vérifié" qui atteste de l'identité de l'étudiant (par un système de traçage de signature) et de la réussite du cours pour une somme variant de 40 à 90 dollars (de 30 à 65 euros). On peut même être remboursé si l'on n'est pas satisfait !
Une des raisons d'être de Coursera, c'est aussi de pousser les universités à changer et à s'adapter aux nouvelles technologies
Quel est l'intérêt pour une université de diffuser ses MOOC sur votre plate-forme ?
C'est une bonne façon de se positionner sur le marché mondial de l'éducation. Prenons l'exemple de la France, où nous avons quatre grandes écoles partenaires (HEC, Polytechnique, ENS, Centrale). Pour ces écoles, offrir un cours en anglais – et gratuitement – est une façon d'accroître leur marché. Et ce, bien que leur système de sélection à l'entrée soit très compétitif.
Une des raisons d'être de Coursera, c'est aussi de pousser les universités à changer et à s'adapter aux nouvelles technologies.
Nos partenaires constatent que la technologie joue un rôle croissant sur les campus et ils voient que la mission de l'université va changer. Coursera est une façon intéressante pour eux non seulement d'atteindre un public nouveau, mais aussi d'être à la pointe pour leur public présent physiquement.
La plate-forme constitue pour les universités comme un laboratoire. Grâce aux données, on peut voir à quel moment du cours exactement les élèves ont décroché, quel test ils ont réussi et à quel pourcentage… Dans cette perspective, la technologie a une valeur.
Nous n'allons pas faire disparaitre les diplômes universitaires, mais on peut réfléchir à ce à quoi l'université ressemblera dans cinq ou dix ans.
À votre sens, Coursera offre-t-elle une révolution dans le domaine de l'éducation ?
Aux États-Unis, d'un côté, certains pensent que la technologie va sauver notre système éducatif et tous nos problèmes. De l'autre, vous avez un professeur de poésie qui enseigne autour d'une toute petite table et dit : aucune technologie ne peut faire ce que l'on fait là. Ces visions sont toutes deux un peu trop simplistes.
Nos données font ressortir que le mélange entre technologie et expérience personnelle est souhaitable. Certains enseignants pratiquent déjà ce "blending learning". Laisser les étudiants se pencher seuls sur un chapitre et évaluer ensuite ce qu'ils ont compris ou pas permet de cibler mieux son cours et un meilleur usage de son temps de classe.
Du 26 au 31 octobre 2014, EducPros organise un voyage d'étude dans la Silicon Valley, en Californie. L'objectif : mettre en relation les universités et les grandes écoles françaises avec les hauts centres de recherche et d’innovation de la Silicon Valley.
Au programme : visite des universités de Berkeley et Stanford, rencontre avec les fondateurs de MOOC (Khan Academy, Coursera) et des représentants d'entreprises emblématiques comme Google, Mozilla ou LinkedIn...
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