Olivier Audéoud (recteur de Grenoble) : "D'ici deux ans, Grenoble Alpes Université verra le jour"

Cécile Peltier Publié le
Olivier Audéoud (recteur de Grenoble) : "D'ici deux ans, Grenoble Alpes Université verra le jour"
Olivier Audéoud, recteur de l’académie de Grenoble // © 
A l’occasion du salon de L’Etudiant à Grenoble, le recteur Olivier Audéoud fait le point pour EducPros sur les possibilités de poursuite d’études dans l’académie, l’importance des relations universités-recherche-entreprise et le projet de fusion des établissements universitaires.

Vous avez été nommé recteur de Grenoble en 2010. L'académie réunit les départements de la Savoie, la Haute-Savoie, l'Isère, la Drôme et l'Ardèche, voilà deux ans et demi. Quelles sont selon vous ses spécificités ?

D'abord, ses excellents résultats au bac : l'académie de Grenoble se situe depuis des années le trio de tête avec les académies de Rennes et Nantes.

Et secundo, sa coopération historique entre le monde de l'université, de la recherche et de l'entreprise, qui remonte à la fin du XIXe siècle et la découverte de la « houille blanche » (électricité). Les établissements du pôle « Université de Grenoble » (les universités Joseph-Fourier, Pierre-Mendès-France et Stendhal, l'université de Savoie à Chambéry, Grenoble INP et l'IEP de Grenoble) qui s'étire le long du sillon alpin de Valence à Grenoble, Chambéry et Annecy à l'Est, travaillent main dans la main avec les centres de recherche présents sur place (CEA, Inria, CNRS) et les entreprises du tissu industriel local (électronique, informatique, biotechnologies, nanotechnologies, etc.).

Le groupe Schneider qui fait presque partie des murs de l'INP et de l'UJF symbolise bien cette proximité. Mais il existe bien d'autres exemples comme St Microelectronics ou EDF-Areva.

Malgré la diversité de l'offre et ses 70.000 étudiants, quels sont les points faibles de l'académie de Grenoble ?

Avec ses 165 000 habitants, Grenoble reste une ville moyenne, incapable de rivaliser avec Lyon. Elle compte par exemple un très bon CHU, mais on en parle peu... Il en va de même de sa filière lettres, qui malgré de bonnes équipes, ne fait pas le poids. Même si les effectifs de ces disciplines ont tendance à baisser un peu partout, c'est sur elles que vont notamment porter l'effort de développement. Il s'agit dans un premier temps d'améliorer la lisibilité de l'offre de formation. Juste avant l'été, nous avons lancé avec les vice-présidents de Stendhal et Pierre-Mendès-France et de l'université de Savoie un grand chantier en vue de l'élaboration d'une carte des formations. L'objectif est de favoriser la complémentarité des formations, entre établissements, mais aussi entre disciplines.

Le renouvellement des présidents des universités grenobloises (à l'exception de Stendhal) et le recrutement d'un acteur extérieur pour remplacer Farid Ouabdesselam à la tête du PRES créent un terrain neuf, propice au travail en commun.

Certaines formations proposées à Chambéry ou à Grenoble seront-elles amenées à disparaître?

Il est beaucoup trop tôt pour le dire. L'objectif de la future carte des formations est justement de faire le point en matière d'offre de formations. Toutefois, tant qu'il y a suffisamment d'étudiants, je ne suis pas contre les doublons...

Où en sont les projets de fusion ?

D'ici deux ans, nous allons créer une nouvelle université fédérative, "Grenoble Alpes Université", qui englobera progressivement toutes les universités de l'académie et le PRES. Nous aurons un ensemble composé de différentes catégories d'acteurs (IUT, IAE, etc.) réunis par une stratégie commune. Un peu à l'américaine, cette grande université comprendra 69 092 étudiants, dont 56 500 à Grenoble. Ce modèle que nous avons présenté dans le cadre des Assises territoriales est dans l'air du temps.

Comment l'université de Savoie réagit-elle à ce projet ?

Avec une certaine réserve. Elle réfléchit... De toutes manières, l'idée est d'aller pas à pas, en fonction des statuts, des moyens financiers et des contingences de chacun. L'université de Savoie participe déjà à certains nombre de projets de coopération, comme celui des écoles doctorales. Depuis le printemps 2012, nous comptons un seul doctorat pour l'académie. Ce rapprochement est le résultat d'un gros travail « bac -3/bac + 3 ». D'ici la fin de l'année, nous aurons également une signature unique pour toutes les publications des universités de Grenoble, de l'INRIA, du CEA et du CNRS. L'université de Savoie n'a pas encore donné son feu vert, mais elle devrait le faire.

Vous avez été responsable des relations à l'international à la CPU. Comment l'académie de Grenoble se positionne-t-elle sur ce sujet ?

L'international fait partie de nos points faibles. Comme je vous le disais, Grenoble n'est pas reconnue à sa juste valeur et son rayonnement se limite trop souvent à un public de spécialistes. C'est le cas par exemple de l'UJF (Université Joseph-Fourier), bien classée dans le classement de Shanghai mais renommée surtout par les universitaires des disciplines concernées. Le début de conurbation qui relie Valence-Grenoble-Chambéry-Annecy constitue un espace très actif sur lequel il faut capitaliser.

Le projet de fusion répond bien entendu en partie à ce besoin de visibilité. L'université « Grenoble Alpes » sera sans doute l'un des plus gros pôles délivrant le doctorat et publiant de France, un point fort pour sa place dans les classements.

Enfin, dans le cadre des Assises, nous avons milité pour que la France ait enfin une politique de l'enseignement supérieur et de la recherche à l'international pilotée par le MESR, et non par le ministère des Affaires étrangères, dont ce n'est pas la fonction.


L'Etudiant vient à la rencontre des étudiants de Grenoble

A l'occasion du salon de Grenoble les vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre, la rédaction de l'Etudiant se rend sur place pour vous faire vivre l'événement en direct. Des témoignages d'étudiants, de lycéens, des conseils sur l'orientation par des experts à suivre en direct sur letudiant.fr.
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