Olivier Paillet : "Il faut tendre vers la standardisation des bachelors"

Céline Authemayou Publié le
Olivier Paillet : "Il faut tendre vers la standardisation des bachelors"
En septembre 2016, l'école d'ingénieurs Eseo va ouvrir un bachelor, sur ses campus d'Angers et de Saint-Cloud (92). // ©  Groupe ESEO
Les bachelors des écoles d'ingénieurs sont encore des exceptions dans le paysage. L'Eseo va franchir le pas à la rentrée 2016. Son directeur, Olivier Paillet, défend cette création d'un diplôme qu'il juge nécessaire, sans empiéter sur l'offre de formation existante, tandis que les présidents d'université se mobilisent pour protéger leurs licences.

Olivier Paillet directeur du groupe ESEOSi beaucoup d'écoles d'ingénieurs y pensent, rares sont celles qui ont ouvert une formation de type bachelor, recrutant après le bac pour trois ans d'études. Après Arts et Métiers, l'Eseo lance un bachelor à la rentrée 2016. Pourquoi ?

Nous réfléchissons à cette formation depuis un petit moment. Nous y croyons beaucoup, car elle répond à des besoins exprimés tant par les entreprises que par les étudiants.

Les premières cherchent à recruter des techniciens supérieurs "supérieurs", capables de concevoir, développer et diriger des projets. Les BTS ou les DUT ne répondent pas vraiment à ce cahier des charges.

Quant aux jeunes, certains renoncent aux filières scientifiques, découragés par la place prépondérante laissée aux sciences dans les cursus. C'est vrai dans les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) mais aussi dans les écoles d'ingénieurs. Le bachelor permet de trouver un meilleur équilibre entre sciences et technologies et de garder dans nos filières tous ces étudiants.

Poursuite d'études ou entrée directe sur le marché du travail : la question de la finalité d'un tel diplôme se pose...

Les élèves recrutés pourront s'insérer sur le marché du travail dès l'obtention de leur bachelor. Mais s'ils souhaitent poursuivre leurs études, ils le pourront, en rejoignant le cursus ingénieurs de l'Eseo, en deuxième année du cycle (niveau M1).

Nous ne limiterons pas le nombre de places dédiées à ces diplômés : un jury académique en fin de bachelor se réunira pour valider le dossier de passage ou le refuser. Un semestre renforcé sera mis en place pour accompagner ces étudiants.

Ce bachelor sera un diplôme d'établissement. Les possibilités de reconnaissance par l'État sont aujourd'hui limitées. Comment garantir la qualité de la formation aux étudiants ?

Nous sommes engagés dans une démarche de certification RNCP. Nous réfléchissons également à adosser notre formation à un bachelor international. Nous travaillons actuellement avec des établissements situés en Europe pour obtenir une co-accréditation : le terme "bachelor" a une véritable légitimité à l'international.

Enfin, nous sommes totalement en phase avec les démarches en cours au sein de la Cdefi et de la CGE : nous plaidons en faveur de la création d'un véritable diplôme intermédiaire de type bachelor, reconnu par l'État. Ce qui garantirait une standardisation de ces diplômes. Et simplifierait le paysage.

La CPU a adopté une position critique envers les bachelors en appelant le ministère à clarifier le paysage des diplômes de niveau bac+3. Quelle est votre position dans ce débat ?

Loin de nous l'idée d'alimenter une quelconque querelle de clocher, ces diplômes intermédiaires ne correspondent pas à une offre existante. Ni BTS, ni DUT, ni licence professionnelle... le bachelor est à la croisée des chemins.

Céline Authemayou | Publié le