Patrick Porcheron (UPMC) : « Nous travaillons sur un annuaire des formations à destination des recruteurs »

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier Publié le
Après le Forum de recrutement des scientifiques d'Île-de-France qui s'est tenu à l'UPMC le 17 juin 2010, en partenariat avec l'Etudiant, Patrick Porcheron, vice-président de l'université scientifique parisienne, fait le point sur l'insertion professionnelle de ses étudiants. 2.000 diplômés sortent chaque année de l'UPMC avec un master en poche, environ 700 avec un doctorat.

Comment s'insèrent les diplômés de masters de l'UPMC en ces temps de crise ?
Malgré la crise économique, le marché du travail n'a jamais été aussi ouvert pour les diplômés scientifiques. Avec le départ à la retraite des baby-boomers et la nécessité pour les entreprises de miser sur l'innovation, un créneau propice d'environ cinq ans s'ouvre pour l'insertion professionnelle de nos étudiants. Il existe toutefois des différences selon les disciplines. Les diplômés en sciences de l'ingénieur en mathématiques, qui forment le gros de nos bataillons, n'ont aucun souci d'insertion. Un grand nombre sont même embauchés avant leur sortie de l'université. Les physiciens sont peu nombreux et la plupart continuent en thèse, comme les chimistes, d'ailleurs. En biologie et environnement, la situation est plus contrastée. Les géophysiciens et les climatologues ne rencontrent pas de problèmes d'insertion, les diplômés en écologie ont plus de difficultés. En biologie, ils sont dans une situation intermédiaire. Le taux de chômage avoisine les 8 % six mois après leur sortie, mais 20 % de ceux qui travaillent ont un emploi sous-qualifié ou sans rapport avec leur discipline initiale.

Comment se distinguent-ils des ingénieurs diplômés avec qui ils sont souvent en concurrence sur un même poste ?
Les entreprises ont besoin de cadres innovants. Pour devenir créatif, il faut être en contact avec des gens qui le sont, à savoir des enseignants-chercheurs qui passent du temps sur des travaux de recherche. Un atout de l'université. Nos diplômés ont ainsi davantage de capacité d'adaptation et un potentiel de créativité supérieur aux ingénieurs. Autre avantage non négligeable : les diplômés scientifiques ont envie de faire le métier pour lequel ils ont été formés. Au final, leurs rémunérations sont, à cent euros près, comparables à celles des ingénieurs diplômés.

Que fait l'UPMC pour aider ses étudiants à trouver un emploi ?
Nos diplômés se placent, et se placent vite. Nous leur offrons, entre autres, la possibilité de suivre des ateliers de projet professionnel, obligatoires dans certains masters. Aujourd'hui, les trois quarts des étudiants de niveau master possèdent une UE [unité d'enseignement] de ce type dans leur cursus. Néanmoins, certains recruteurs nous disent qu'il faut lire quatre ou cinq CV en provenance de l'UPMC avant de comprendre ce qu'il y a derrière la formation des candidats. Les formations d'ingénieur sont plus normées que les cursus universitaires. Nous travaillons donc sur cette lisibilité et nous essayons de traduire pour les industriels les grandes qualifications qu'acquièrent nos diplômés à travers des mots clés et des métiers cibles. D'ici à fin 2010, un annuaire définira ainsi chaque spécialité de master à travers dix lignes au maximum.

* credit photo : upmc-Pierre Kitmacher

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier | Publié le