Paul Jacquet, président de la CDEFI: "Notre conférence doit accompagner le mouvement de fond de regroupement des écoles d'ingénieurs"

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier Publié le
Paul Jacquet, président de la CDEFI: "Notre conférence doit accompagner le mouvement de fond de regroupement des écoles d'ingénieurs"
Paul Jacquet, CDEFI // © 
La CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs) a adopté, fin octobre 2009, une résolution pour soutenir les rassemblements d'écoles d'ingénieurs. Paul Jacquet, président de la Conférence, explique à Educpros les enjeux et les conséquences de cette prise de position.

De la simple convention de partenariat à la fusion, les rapprochements entre écoles d'ingénieurs se multiplient. Pourquoi la CDEFI prend-elle aujourd'hui position sur ce sujet ?
La résolution, prise à l'unanimité lors de notre dernière assemblée générale, s'inscrit dans le prolongement du rapport Chabbal sur le devenir de l'ingénierie. Les enjeux de visibilité internationale, de mutualisation et de pluridisciplinarité poussent les écoles d'ingénieurs à se rapprocher. La dynamique vient des territoires. À Strasbourg, les établissements se regroupent dans Alsace Tech, qui va devenir un GIP (groupement d'intérêt public). À Bordeaux, les écoles se sont fédérées dans un grand établissement. Mais ce qui se passe à Bordeaux ne pourrait pas forcément se reproduire ailleurs. Chaque site doit trouver sa solution : ici, un collegium d'ingénierie au sein d'une grande université pluridisciplinaire ; là, un grand établissement technologique ; ailleurs, une logique de réseau. À l'international, on retrouve ces différentes formes. Caltech est une grande université technologique, tandis que Stanford compte en son sein un collège d'ingénierie. La CDEFI doit accompagner ce mouvement de fond. Une commission territoire est déjà active. Elle va se doter de correspondants dans chaque grande région française pour être au plus près des initiatives qui se montent.

La CDEFI considère-t-elle alors que la France compte trop d'écoles d'ingénieurs ?
La CDEFI n'a pas à fixer un objectif de ce type mais à enclencher et accompagner le mouvement, sans brusquer les choses. À terme, la France pourrait compter une douzaine de grands établissements technologiques et une douzaine de collegiums qui coexisteraient avec les autres écoles d'ingénieurs réparties sur tout le territoire.

Est-ce une réaction à la constitution des PRES (pôles de recherche et d'enseignement supérieur), souvent centrés sur l'université ?
Nous ne sommes pas dans une posture défensive. Le modèle des écoles d'ingénieurs à la française est à préserver car il est bon, mais il faut aussi savoir le faire évoluer. Il faut notamment sortir du sempiternel affrontement entre universités et grandes écoles qui ne mène à rien. L'émergence de grands campus qui concilient formation, recherche et industrie est aujourd'hui plus que nécessaire. Il s'agit de constituer des machines de guerre économique qui soutiendront la compétitivité de la France.

Vous défendez également la « consolidation des écoles internes au sein de leurs universités », dans le contexte de la loi LRU...
Les écoles internes doivent pouvoir se déployer au sein des universités autonomes. La CDEFI est toujours favorable à la conclusion de contrats d'objectifs et de moyens entre les universités et leurs écoles d'ingénieurs internes, sur le modèle de ce qu'ont négocié les IUT. Ces contrats permettraient de sortir des relations de personnes et d'inscrire les collaborations sur la durée d'un contrat quadriennal.

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier | Publié le