Philippe Bordeyne (La Catho de Paris) : "Nous voulons faire de l'ICP un établissement de premier choix"

Sophie de Tarlé Publié le
Philippe Bordeyne (La Catho de Paris)  : "Nous voulons faire de l'ICP un établissement de premier choix"
Philippe Bordeyne // © 
Projet de modernisation du campus, volonté d'accroître la reconnaissance de ses formations et de sa recherche... La Catho de Paris affiche une stratégie de développement non dénuée d'ambition. Le point avec le père Philippe Bordeyne, recteur de l'ICP (Institut catholique de Paris) et, depuis septembre 2013, président de l'UDESCA (Union des établissements d’enseignement supérieur catholique).

En tant que recteur de l’ICP, quel est votre modèle ? L’Université catholique de Lille, ou celle de Louvain (UCL) ?

L’Institut catholique de Paris (ICP) est très original. Sa particularité est de posséder la plus grosse faculté de théologie de France et d’Europe et l’une des premières au monde. Et puis, avec 10.000 étudiants, nous sommes de taille bien plus modeste. Les étudiants sont deux fois et demie plus nombreux à l’UCL ou à l’Université catholique de Lille. Nous ne représentons que 1,5% de la population étudiante d’Ile-de-France.

En outre, notre capacité de développement est limitée, faute de place, mais aussi faute d’accord avec une université parisienne. Car c’est le rectorat de Paris qui diplôme la plupart de nos élèves de licence via la procédure dite du "jury rectoral". C’est pour cette raison, que nous ne pouvons accepter plus de 140 étudiants en première année de licence de la FASSE (faculté de sciences sociales et économiques).
Toutefois, cette situation pourrait changer, car le ministère de l’Enseignement supérieur encourage de plus en plus les universités publiques à signer des conventions avec nous.

Quels sont vos projets pour les années qui viennent ?

En 2012, nous avons lancé l’opération Campus 2018. Il s’agit de faire de l’ICP un établissement de premier choix ouvert à tous. Pour commencer, nous devons nous faire connaître des lycéens, à commencer par ceux issus d’établissements avec qui nous sommes liés naturellement. Ainsi, j’ai récemment reçu 25 directeurs de lycées privés catholiques de la région parisienne. Et dans l’objectif d'accroître notre notoriété, nous sommes en train de recruter un responsable des relations presse.

Autre chantier, la reconnaissance de la qualité de nos diplômes. Nous avons été les pionniers des bi-licences. Celles de droit-sciences politiques et de sciences sociales et économiques sont encore les licences les plus demandées à l’ICP. Nos masters ont été enregistrés au RNCP (Répertoire national de certification professionnelle). Et ces mêmes masters ont également été notés favorablement par l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur).

Une plate-forme ICP-Alumni ouvrira en décembre 2013 afin de fédérer nos 170.00 anciens

Nous voulons également faire reconnaître la qualité de notre recherche. Environ 300 doctorants étudient à l’ICP, dont 200 sont des étrangers. Il est important de faire savoir la qualité des publications (qui doivent être traduites en anglais) et des chercheurs, dont nous avons publié les CV sur notre site.

L’insertion de nos diplômés est aussi fondamentale. Une direction de l’insertion professionnelle se charge depuis 2010 de publier des enquêtes. Selon la dernière, menée avec l’institut CSA, 50% de nos étudiants issus de masters professionnels trouvent un emploi dans le mois qui suit l’obtention de leur diplôme. Toujours pour favoriser l’insertion des diplômés, une plate-forme ICP-Alumni ouvrira en décembre 2013 afin de fédérer nos 170.000 anciens.

Enfin, afin que le terme "campus" prenne tout son sens, un programme important de travaux est à l’étude dont l’objectif est de moderniser notre campus historique et de l’ouvrir encore davantage sur la cité. Nous sommes dans les dernières étapes de formalisation du projet, les travaux devraient débuter dans le courant de la prochaine année universitaire.

Les dons de particuliers représentent 15 à 20% de notre budget

En septembre, l’ICP a mis en vente un fonds de photographies anciennes. Vous aviez besoin de recettes supplémentaires ?

Ce stock de photos nous avait été légué par des particuliers. Mieux vaut confier ces trésors à des collectionneurs plus avisés pour se recentrer sur notre mission fondamentale et conserver les photos liées à nos spécialités d'enseignement. Il est d’ailleurs important de rappeler que les dons des particuliers sont importants pour notre équilibre budgétaire. Car contrairement aux établissements d’enseignement catholique primaires et secondaires régis par la loi Debré, les salaires des enseignants des universités catholiques ne sont pas pris en charge par l’Etat.

L’Institut Catholique de Paris reçoit une subvention dans le cadre de sa contribution aux missions de service public d’enseignement supérieur. Cette subvention couvre un quart de ses besoins de financement. Le reste est apporté par les frais de scolarité (de 2.500€ à 4.387€ en première année de licence) qui comptent pour 60%, et par des produits divers et des dons à hauteur de 15 à 20%.

Quels sont vos projets pour l’UDESCA ?

Je viens d’être nommé président d’une fédération de cinq instituts et universités catholiques (Angers, Lille, Lyon, Paris et Toulouse) qui scolarisent 40.000 étudiants. Nous sommes unis dans la diversité. Car si nous n’avons pas la même histoire, nous avons la même fierté de disposer de campus historiques ouverts sur le monde. Nous avons recruté un nouveau délégué général, qui sera chargé de faire la promotion des instituts de l’UDESCA en France, mais aussi à l’étranger.

Par ailleurs, la Fédération internationale des universités catholiques, qui rassemble 215 universités catholiques, siège à Paris dans nos locaux. En tout, il existe 1.500 universités catholiques dans le monde, dont 200 se trouvent aux Etats-Unis. Ce qui nous offre des opportunités de partenariats extraordinaires.


L’Institut catholique de Paris en bref

Date de création : 1875
Recteur : père Philippe Bordeyne
Enseignement : sciences humaines et sociales et droit
Etudiants : 10.000
Doctorants : 300
Enseignants : 120 enseignants-chercheurs permanents et 700 vacataires
Licences : 24
Masters : 39
MBA : 1
Titres RNCP : 5
Sophie de Tarlé | Publié le