Philippe Rollet (président de l'université Lille 1) : "L’IDEX est un moyen de renforcer la dynamique de l’Université de Lille"

Propos recueillis par Camille Stromboni Publié le
Philippe Rollet (président de l'université Lille 1) : "L’IDEX est un moyen de renforcer la dynamique de l’Université de Lille"
Philippe Rolet // © 
Une nouvelle université fédérale en vue. Les trois universités lilloises ont approuvé un projet de rapprochement début juillet 2011. Objectif : "reconstituer l'Université de Lille", qui réunira également les écoles publiques de la métropole (1). Philippe Rollet, président de l’université Lille 1, répond aux questions d’EducPros.

La volonté de remporter un IDEX n’est-elle pas la vraie raison du lancement de ce projet d’université fédérale entre les trois établissements lillois ? Est-ce une réponse à une recommandation du jury et du gouvernement ?

L’Université de Lille sera porteuse de l’IDEX 2 . Mais notre volonté de rapprochement entre les trois universités lilloises ne date absolument pas de l’Initiative d’excellence. C’était inscrit déjà dans notre projet Campus, cela fait plusieurs années que nous en discutons.

"On ne fait pas l’Université de Lille parce qu’il y a l’IDEX. Quoiqu’il arrive, notre projet de rapprochement est lancé"

Nous préférons prendre cette décision dès maintenant, pour avoir le plus de chances à l’IDEX, mais l’IDEX n’est pas une fin en soi, c’est un moyen de renforcer la dynamique de l’Université de Lille. On ne fait pas l’Université de Lille parce qu’il y a l’IDEX. Nous espérons bien sûr être lauréat, mais quoiqu’il arrive, notre projet de rapprochement est lancé.

Vos consoeurs régionales, les universités d’Artois, du Littoral et de Valenciennes, ne sont pas comptées dans ce projet. Pourquoi avez-vous choisi ce rapprochement à trois plutôt qu’à six ?

Il y avait deux scénarios : celui de rassembler l’ensemble des universités, projet qui ne nous semble pas mûr pour l’instant, et celui de se rapprocher à trois, avec des écoles. Nous optons pour ce modèle, cela nous permet d’aller plus vite, notamment car au niveau disciplinaire, nous sommes dans la complémentarité et que cela nous permet de construire une université complète.

L’autre scénario est forcément plus complexe à monter. Il y a par exemple des recoupements des disciplines, mais surtout pour l’instant, nous n’avons pas réussi à déterminer clairement ce que nous pouvions et voulions faire à six. Il y a un moment où il faut avancer. Une fois que le projet aura progressé, l’Université de Lille sera évidemment ouverte aux autres universités.

"Pour l’instant, nous n’avons pas réussi à déterminer clairement ce que nous voulions faire à 6 [universités]. Il y a un moment où il faut avancer"

Que devient le PRES lillois ?

Il ne change pas de nature, il reste le lieu de projet et de coopération au niveau régional. Il est très précieux car il réunit les universités, les écoles, les collectivités territoriales et le monde économique et social. C’est l’endroit pour penser la politique d’enseignement supérieur et de recherche à l’échelle de la Région.

Concrètement, en quoi va consister cette université fédérale ?

Nous voulons aller plus loin tout d’abord avec la mise en œuvre très rapidement d’une politique scientifique unique aux trois établissements. Sachant qu’il existe déjà de très fortes collaborations entre nos équipes de recherche, c’est le point qui devrait avancer le plus vite, avec aussi par exemple la mise en place d’un conseil scientifique commun.

Deuxième axe : nous souhaitons développer ensemble un modèle original de formation tout au long de la vie. Cela concerne la formation continue, où nos universités sont en pointe , et la formation initiale. C’est un programme ambitieux pour améliorer nos méthodes pédagogiques, mettre encore plus au cœur la construction des parcours, renforcer l’accompagnement, développer les TICE, etc.

Cette Université de Lille permettra aux étudiants un accès infiniment plus aisé à des passerelles entre les filières, grâce à cette offre de formation complète. Nous souhaitons également mettre en place des parcours pluridisciplinaires, afin de répondre aux besoins qui sont à l’intersection des disciplines.

"Nous ne sommes pas dans un processus de fusion. Nous allons co-construire ces instances de gouvernance, en faisant preuve d’imagination"

Quelles sont les échéances envisagées ?

La politique scientifique unique sera rapidement mise en place et d’ici quatre ans, nous souhaitons que le schéma pour la formation tout au long de la vie soit opérationnel, et que des fonctions "support" aient été mutualisées. Cette mutualisation est un objectif à atteindre au plus vite, non pour faire des économies, mais pour améliorer notre service public.

Côté gouvernance, que prévoyez-vous ?

Nous envisageons de mettre en place un conseil d’administration de l’Université de Lille, un conseil d’orientation stratégique, un conseil de la formation tout au long de la vie et un conseil scientifique.

Ces conseils s’ajouteraient à ceux des universités et des écoles, dans un premier temps. C’est un modèle fédéral qui permet de construire et de porter un projet de façon ambitieuse et progressive. A terme, l’Université de Lille devrait être constituée de différentes composantes, avec chacune leur image et leur autonomie.

C’est donc un projet de fusion ? A terme il devrait rester un seul CA ?

Nous ne sommes pas dans un processus de fusion et je ne souhaite pas répondre à la seconde question car notre démarche est celle d’une construction. Nous allons co-construire ces instances de gouvernance, de la manière la plus appropriée à nos universités, en faisant preuve d’imagination. Il en va de même pour le futur cadre juridique de cette Université de Lille.

(1) Probablement l'IEP de Lille, l'Ecole nationale de Chimie, Telecom Lille ou encore l'ESJ (Ecole supérieure de journalisme)

Le détail du projet

"Les trois universités Lille 1, Lille 2 et Lille 3 ont la volonté de reconstituer l'Université de Lille. Elles adoptent une stratégie qui les rassemble sur un mode fédéral et leur associe des écoles publiques métropolitaines avec lesquelles elles ont des coopérations fortes", indique la note stratégique votée par les trois conseils d'administration des universités lilloises.

Lire la span style="FONT-WEIGHT: bold">Note d'orientation stratégique commune aux trois universités de Lille

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La biographie de Philippe Rollet

La biographie de Christian Sergheraert , président de l'université Lille 2
La biographie de Jean-Claude Dupas , président de l'université Lille 3

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Propos recueillis par Camille Stromboni | Publié le