Philippe Sémichon: il faut faire connaître les prépas à l'étranger

Propos recueillis par Grégory Danel Publié le
Philippe Sémichon: il faut faire connaître les prépas à l'étranger
19929-semichon-original.jpg // © 
Attaquées pour leur coût et la sélection sociale qui s’y pratiquerait, les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) devront réserver à la prochaine rentrée 5% de leurs places aux élèves ayant eu mention « très bien » au baccalauréat. Educpros a interrogé Philippe Sémichon, président de l’APLCPGE (association des proviseurs de lycée ayant des classes préparatoires aux grandes écoles), sur les grandes évolutions qui touchent les prépas.

 
Après la réforme du LMD, où en sont vos liens avec le supérieur ?  

Nous souhaitons renforcer les liens qui nous unissent aux grandes écoles et avoir de bonnes relations avec les universités. Ce qui est symbolique, c’est la création de la banque d’épreuves littéraires pour les Ecoles normales supérieures (ENS). Un gros travail a été effectué pour rapprocher les épreuves entre la rue d’Ulm et l’ENS LSH de Lyon sous les auspices  l’inspection générale. Elle sera mise en 2009. Une réflexion est actuellement engagée pour étendre le bénéfice de cette banque d’épreuves à certaines écoles de commerce et éventuellement aux IEP. HEC, par exemple, a déjà manifesté son intérêt pour cette formule.  

Vous parlez des bonnes relations avec les universités or celles que vous entretenez avec la CPU semblent au contraire plutôt mauvaises...  

Même si au niveau national, les déclarations tonitruantes sont une cause de friction avec la CPU, sur le terrain, il existe bon nombre de convention avec les universités de proximité, ne serait-ce que parce que nos étudiants se voient délivrés des crédits ECTS…Mais il existe des collaborations plus fonctionnelles. Il n’est plus rare aujourd’hui de voir des enseignants d’université faire passer des colles à des élèves de prépa. CPGE et universités peuvent aussi avoir des équipements communs. C’est le cas par exemple entre Henri 4 et Paris 1.  

Que pensez-vous de l’idée gouvernementale visant à réserver 5% es places en CPGE aux élèves ayant eu mention « très bien » au baccalauréat ?  

L’APLCPGE est tout à fait favorable à cette mesure. Au niveau technique, il faudra être prudent car notre recrutement se fait avant le bac. Il faudra peut-être le réduire et réserver un contingent de places à ces lycéens.  

Où en est aujourd’hui l’ouverture sociale des CPGE ?  

Nous sommes encore dans une phase pionnière. Et les expériences sont multiples. Quoiqu’on pense du dispositif, le mouvement a été initié par l’IEP de Paris puis il y eut l’initiative de l’ESSEC qui insiste sur l’accompagnement, l’orientation et l’ouverture culturelle des lycéens dès la seconde. Ce dispositif semble facilement démultipliable. A l’inverse, la classe préparatoire à l’enseignement supérieur (CPES) d’Henri 4 est un dispositif très coûteux. Autre type d’initiative comme à Saint-Louis, la constitution d’un réseau entre un lycée disposant d’une CPGE et des lycées périphériques. Pour sa part, Xavier Darcos veut encourager les classes préparatoires de proximité. Elles doivent être mieux remplies et mieux connues.  

La création de deux ministères distincts, Education nationale et Enseignement supérieur, n’est-elle pas pénalisante pour les CPGE ?  

Pour l’instant, il n’y a pas de complication. Nous dépendons du ministère de l’Education nationale pour la dotation horaire globale (DHG)  , du ministère de l’Enseignement supérieur, pour la pédagogie.    

Beaucoup critiquent le manque de lisibilité du système prépa à l’étranger ?  

Il est faux de dire cela. Le système CPGE+Grandes écoles répond aujourd’hui à ce que l’on attend de l’université. Un premier cycle où l’on réussit : sélection, encadrement pédagogique serré. Et à la sortie, une professionnalisation de la formation assurée par les Grandes écoles. Ce système est efficace dans les deux domaines et on voudrait le casser ? Il faut au contraire le faire connaître à l’étranger. Actuellement les CPGE accueillent entre 5 et 10% d’étudiants étrangers. Nous avons développé un programme visant à accueillir 50 jeunes Chinois. Le concours proposé à certains lycéens de Shanghai est très difficile mais une fois sélectionné, une formation accélérée en français leur est proposée et l’ensemble de la scolarité en CPGE leur est offerte. Tout n’est pas simple. C’est très dur pour eux. S’ils sont excellents en mathématiques, c’est presque mission impossible en français et en philosophie mais en deux ans, ils font des progrès gigantesques.  

La baisse continue des moyens humains dans l’Education nationale pénalise-t-elle le fonctionnement des classes prépas ?  

Nous recevons une DHG qui par définition est globale pour l’ensemble de l’établissement : enseignement secondaire comme CPGE. Nous pouvons être amené à faire des économies sur les deux. Les variables jouent sur les groupes de langues ou sur tout autre regroupement d’élèves. L’éducation physique et sportive (EPS) en CPGE est souvent un moyen d’économies. Nous sommes aussi souvent autour de 48 élèves par classe ce qui constitue un maximum. Il y a un surlistage en début d’année mais nous jouons sur le taux d’érosion des élèves.

Propos recueillis par Grégory Danel | Publié le