Pierre Dreux (directeur ESC Pau) : “J’ai accepté d’aller à Pau parce que j’aime les challenges”

Marie-Anne Nourry Publié le
Pierre Dreux (directeur ESC Pau) : “J’ai accepté d’aller à Pau parce que j’aime les challenges”
Pierre Dreux, directeur de l'ESC Pau. // © 
Après un passage éclair et commenté à Toulouse Business School, Pierre Dreux, ancien directeur adjoint de Centrale Lyon, a créé la surprise en prenant les commandes de l’ESC Pau en juillet 2013. L’ingénieur revient sur son parcours et lève le voile sur ses nouveaux projets.

Vous avez quitté Toulouse Business School au bout d’un an à peine à cause de “divergences de vues” avec le président de la CCI. Que s’est-il passé ?

J'ai été recruté pour remplacer Hervé Passeron, alors que j'étais directeur adjoint de Centrale Lyon depuis deux ans. À mon arrivée, j’ai reçu plusieurs mandats, dont celui de piloter le basculement de l’école au statut associatif. J’ai ouvert toutes les vannes pour mener à bien le projet mais un blocage a eu lieu au niveau de la chambre. Fin mai 2013, le président de la CCI m’a demandé de partir. Quelques beaux projets ont tout de même abouti : la nouvelle identité “TBS” ou encore le double diplôme avec Sciences po Toulouse.

Vous avez vite rebondi en prenant la direction de l’ESC Pau. Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette école en proie aux difficultés ?

J’ai principalement été attiré par le territoire très technologique de l’école. Ensuite, si j’ai accepté d’aller à Pau, c’est aussi parce que j’aime les challenges. Je ne suis pas un homme de train-train.
Au cours des trois dernières années, l’ESC Pau a connu des perturbations suffisamment notoires pour que le ministère de l’Enseignement supérieur s’inquiète de la lisibilité de sa stratégie. Conséquence : le grade de master a été renouvelé pour seulement un an.
À mon arrivée, j’ai dû effectuer une analyse express de la situation de l’école car ma principale mission consiste à faire émerger d’ici la prochaine commission une stratégie crédible et tenable pour confirmer le grade.

Je m’attelle aussi à ressouder les équipes car le retrait du projet FBS, auquel tenait mon prédécesseur, a été un coup dur pour tous ceux qui s’étaient beaucoup investis pendant deux ans. Concernant mes projets pour l'école, la proximité avec les entreprises est cruciale et je pense que nous devons former nos managers davantage en lien avec notre bassin technologique. Je projette de faire de l’accompagnement pendant les études et tout au long de la vie professionnelle un élément fort de l’école.

Nous devons former nos managers davantage en lien avec notre bassin technologique

La fusion avec Kedge est-elle encore à l’ordre du jour ?

Non, il n’y a pas de fusion en vue. Si rien ne peut être exclu du fait que les décideurs finaux sont les présidents des CCI, la logique voudrait que toute décision stratégique soit menée conjointement avec la direction de l’école. Pour ma part, je crois de moins en moins au “big is beautiful” et je préfère privilégier les rapprochements avec les acteurs proches. À moins de 500 mètres de mon bureau se trouvent un laboratoire du CNRS, une technopole très dynamique appelée Hélioparc, l’ENSGTI, un campus de l’EISTI et l’université de Pau et des pays de l’Adour. Je discute depuis plusieurs mois avec l’IAE, par exemple.

Mutualiser des expertises avec d’autres écoles de commerce est une option qui m’intéresse aussi mais l’ESC Pau n’a pas de spécialisation suffisamment différenciante à ce jour pour que nous nous engagions dans cette voie. Nous le ferons peut-être à l’avenir si nous développons la filière équine ou si nous travaillons davantage autour des métiers du sport. Quoi qu’il en soit, dans un contexte aussi mouvant, il est judicieux d'étudier toutes les options et je ne m’interdis de travailler avec personne.

Diriger une école d’ingénieurs ou une école de commerce, c’est pareil ?

Les écoles d’ingénieurs subissent une pression moins forte que les écoles de commerce, que ce soit pour les accréditations ou le corps professoral dont l’académisation est indispensable dans les écoles de commerce. Elles surfent sur une certaine demande. Je trouve le monde des écoles de commerce plus dur, plus complexe que celui des ingénieurs. Et la vie d’un directeur d’école de commerce plus difficile aussi !
Je suis reparti sur une période probatoire d’un an mais chat échaudé craint l’eau froide. Je m’efforce d’appliquer ce que je souhaite que l’on enseigne à nos étudiants : ne pas commettre les mêmes erreurs deux fois.

Marie-Anne Nourry | Publié le