Aller sur l'Etudiant Newsletter Mon compte

R. Lorion (Atrium 713-9) : "Nous voulons faciliter l'accès à l'enseignement supérieur technologique dans les territoires ultramarins"

Isabelle Fagotat Publié le
R. Lorion (Atrium 713-9) : "Nous voulons faciliter l'accès à l'enseignement supérieur technologique dans les territoires ultramarins"
L'objectif d'Atrium 713-9 est de proposer davantage de formations et renforcer la coordination avec certains diplômes. // ©  Adobe Stock/elen31 Dimension
Le 13 mai dernier, les cinq instituts universitaires technologiques ultramarins, réunis à Nouméa, ont créé l'association Atrium 713-9. Objectif : promouvoir l'accès à l'enseignement supérieur technologique sur leur territoire. Richard Lorion, son président et directeur de l'IUT de la Réunion, nous présente le projet.
nom image

Richard Lorion, président de l'Atrium 713-9 et directeur de l'IUT de la Réunion. /©Esiroi.

Le 13 mai dernier, l'université de Nouvelle-Calédonie accueillait un symposium concernant l'enseignement technologique supérieur pour accompagner les transformations des territoires ultramarins.

À cette occasion, les cinq IUT d'outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Nouvelle-Calédonie et la Réunion) se sont réunis pour créer une association territoriale et régionale des IUT ultramarins, régis par l'article 713-9 du Code de l'éducation, baptisée l'Atrium 713-9.

Si le symposium a dû être écourté du fait des émeutes en Nouvelle-Calédonie, l'association a cependant été créée et les réflexions autour de ses ambitions approfondies.

Richard Lorion, président de l'Atrium 713-9, directeur de l'IUT de la Réunion et membre du conseil de l'Adiut (association des directeurs d'IUT), nous explique les objectifs et projets.

Pourquoi avoir créé une association regroupant les IUT ultramarins ?

C'est un projet pensé il y a déjà une dizaine d'années. Il s'appuie sur le mandat actuel de l'Adiut qui a créé une vice-présidence Relations Ariut (associations régionales des IUT) et territoires pour renforcer les réseaux locaux.

Nous avons profité de cette ambition pour créer une instance avec laquelle l'Adiut pourrait communiquer et qui permettrait le renforcement de la coopération locale, le partage d'information et la valorisation des actions sur nos territoires, qui présentent des spécificités communes.

Quelles sont ces spécificités communes de vos territoires ?

Elles sont liées aux contextes économique, social et environnemental de nos territoires. Au niveau de l'enseignement, il y a, par exemple, des indicateurs communs comme l'orientation en filière technologique et professionnelle et un taux de boursiers supérieurs au territoire national.

Celle-ci se conjugue à une offre de formation en IUT plus faible, avec une proportion plus importante des BTS. Par exemple, vingt-quatre spécialités sont proposées dans les IUT à l'échelle nationale, contre sept à l'IUT de la Réunion, cinq à l'IUT de Martinique, quatre à l'IUT de Guadeloupe, cinq à l'IUT de Kourou (Guyane) et seulement deux à l'IUT de Nouvelle-Calédonie.

Nos étudiants rencontrent donc la même difficulté, à savoir de ne pas trouver la formation qu'ils visent à proximité de chez eux, ce qui engendre souvent une orientation par défaut. Nous portons l'ambition commune de faciliter l'accès à l'enseignement supérieur technologique dans les territoires ultramarins.

Sur le plan économique, nous présentons également des similitudes avec un tissu structuré autour des TPE et PME et un besoin de cadres intermédiaires important.

Nous avons aussi des savoir-faire spécifiques en matière de développement durable, environnements marins, milieux océaniques, volcaniques…

Quel est l'objectif de l'association ?

Notre objectif premier est de poursuivre la structuration de l'enseignement technologique supérieur dans nos territoires en développant l'offre de formation. L'idée, c'est de renforcer notre visibilité au niveau institutionnel pour porter la voie des IUT ultramarins et de valoriser nos actions.

L'IUT de Nouvelle-Calédonie souhaite, par exemple, créer un BUT GEII (génie électrique et informatique industrielle) répondant à des ambitions autour de l'énergie liée à l'insularité et qui trouve écho à la Réunion.

Le rôle de notre association est de mettre en lumière ce type d'action et de trouver les acteurs. L'un de nos axes de réflexion est par exemple de renforcer les partenariats économiques à l'image de la Fedom (fédération des entreprises d'outre-mer).

Qu'implique cette coopération en matière de formation ?

Nous souhaitons proposer davantage de formations et renforcer la coordination en la matière avec certains diplômes, que nous pourrions partager et délocaliser.

Ainsi, en Martinique, il y a des compétences dans le domaine de la logistique et nous souhaitons les développer à la Réunion. Nous avons également pour projet de créer un dispositif du type "Erasmus Outre-mer" qui permettrait à nos étudiants et enseignants d'effectuer des échanges de semestre.

Nous voulons mettre en avant les opportunités proposées dans nos IUT pour renforcer l'attractivité de nos formations auprès des étudiants ultramarins et hexagonaux.

Nos IUT jouent par ailleurs un rôle majeur en matière de recherche et développement. C'est aussi un axe de développement commun : nous pouvons travailler ensemble sur des appels à projets en matière de recherche et d'innovation.

Quels sont les moyens de l'association ?

Les moyens de l'association seront au départ basés sur une contribution financière de chacun de nos IUT - qui restera modique - et sur la mutualisation de nos ressources en matière de partage d'information, de communication…

Nous nous appuyons aussi beaucoup sur l'Adiut qui héberge le siège de notre association à Paris.

Dans un deuxième temps, nous serons à la recherche de financements auprès de nos collectivités régionales. Elles proposent déjà des dispositifs pour favoriser la mobilité de nos étudiants au niveau national. L'idée est donc d'insérer nos projets de mobilité ultramarine dans les dispositifs existants.

Isabelle Fagotat | Publié le