S. Tran (EMLV) : "La transversalité des savoirs est au cœur de l'école"

Agnès Millet Publié le
S. Tran (EMLV) : "La transversalité des savoirs est au cœur de l'école"
Pôle Léonard de Vinci // ©  Pôle Léonard de Vinci
Directeur de l’EMLV depuis 2017, Sébastien Tran réaffirme l’ancrage transversal de l’école de management du Pôle Léonard de Vinci. À travers de nouvelles formations et l'entrepreneuriat, cette hybridation est, pour lui, le "cœur du fonctionnement" de l’établissement post-bac, qui vise aussi une plus grande internationalisation. Entretien.

Quelles sont les caractéristiques qui distinguent l’EMLV des autres écoles de management grade de master ?

L’école fait partie du Pôle Léonard de Vinci, avec une école d’ingénieurs, l’ESILV, et une école du digital, l’IIM : la transversalité des savoirs est au cœur de notre fonctionnement.

Sébastien Tran, directeur d'Audencia
Sébastien Tran, directeur d'Audencia © Photo fournie par le témoin

Notre école de management, post-bac en cinq ans, se distingue par ses quatre piliers qui sont l'innovation dans le contenu pédagogique et dans les thématiques ; le numérique, les soft skills et bien sûr l'hybridation.

Comment se décline cette hybridation des compétences dans l’offre de formation ?

Sur les 7.500 étudiants du pôle (dont 2.200 à l’EMLV), près de 1.000 sont concernés par l’hybridation. Aucun autre établissement du marché ne peut afficher ces volumes-là. Nous avons notamment un double diplôme ingénieur-manager, post-bac en cinq ans, porté par l’ESILV et l’EMLV. Les 100 premiers élèves seront diplômés, cette année.

Mais il fallait compléter cette offre. Les entreprises expriment un besoin de profils hybrides et opérationnels, à niveau bac+3, avec des rémunérations plus modestes. En 2017, lorsque je suis devenu directeur de l’EMLV, la réflexion était en cours. J’ai souhaité que l’on consolide notre positionnement sur l'existant, avant de diversifier l’offre de formation.

Consolider notre positionnement sur l’existant, avant de diversifier l’offre de formation.

Nous avons donc lancé un bachelor technologie and management, avec l’Esilv, en septembre 2020. Et nous en créons un nouveau, en digital and international business, pour la rentrée 2021, avec l’IIM. Avec la réforme du bac, la réflexion est encore plus mûre pour un bachelor hybride, puisque les bacheliers eux-mêmes auront des profils plus polyvalents.

Peut-être aussi irons nous chercher d’autres compétences, hors du Pôle Léonard de Vinci, dans le design ou des écoles spécialisées, pour proposer, dans les parcours, des temps de découverte du cinéma, de la culture, de la mode...

Dans les années à venir, nous voulons aussi lancer trois ou quatre programmes hybrides, type MSc et MBA, peut-être dans la Fintech et l’actuariat.

La transversalité se retrouve-t-elle dans d’autres volets de l’école ?

Les trois écoles partagent l’incubateur DeVinci Start Up, créé en 2018. Après nos hackathons communs, certains étudiants voulaient poursuivre le projet, d’où cet espace de pré-incubation. Chaque année, 70 projets sont encadrés et vont parfois jusqu’à la création d’entreprise.

Nous venons de signer un partenariat avec le Catalyseur de l’innovation et de l’entrepreneuriat du territoire Paris Ouest-La Défense. Issu des collectivités, il vise à dynamiser l’entrepreneuriat : contrairement à ce que l’on pense, le territoire n’abrite pas que de grands sièges sociaux, mais également des ETI, des PME et des start-up... Les acteurs publics veulent enrichir cette diversité et retenir les étudiants formés sur le territoire.

Un territoire que vous allez bientôt occuper différemment ?

Nous allons déménager mais nous restons à La Défense : c’est important en termes d’image et de proximité des entreprises. Le Pôle avait remporté l’appel à projet du concours "Inventons la métropole du grand Paris 2" pour le site de l’ancienne école d’architecture à Nanterre. Le futur pôle se répartira sur deux sites :

  • l’un de 6.000 m2 abritera l’IIM et la formation continue, dans un bâtiment en construction qui doit être livré, fin 2021 ;

  • l’autre de 18.000 m2 sera occupé par l’EMLV et l’ESILV, en 2024.

Est-ce que la crise sanitaire, et ses impacts en termes de pédagogie à distance, ont modifié ces projets immobiliers ?

Les impacts se feront plutôt sentir sur la configuration et les outils installés dans les salles. À ce jour, nous avons investi un million d'euros dans des équipements pour une pédagogie à distance. Mais l’impact le plus fort se situe dans la ré-ingénierie des cours et donc, dans l’acculturation des enseignants à ces nouvelles méthodes.

Notre enjeu pédagogique sera la transformation du modèle d’apprentissage et l’organisation de modalités personnalisées. Nous accueillerons des populations diverses : entre les étudiants qui veulent du présentiel, ceux qui préfèrent l’hybride et ceux qui sont plus à l’aise en distanciel, notamment les alternants.

Notre enjeu pédagogique sera l’organisation de modalités pédagogiques personnalisées.

Pour répondre à ces groupes différents et comprendre ce qui permet la réussite, nous regardons nos datas internes pour savoir si les cours en replays ont été visionnés, pour quelle durée de connexion, etc.

Au-delà de nos frontières, quelles sont vos priorités à l’international ?

L’école va s’internationaliser davantage. Pour notre international track 100% anglophone, nous avons fait un grand effort en recrutant des professeurs internationaux, qui représentent 50% du corps professoral.

Nous voulons aussi croitre naturellement en augmentant nos effectifs d’internationaux pour le PGE et créer de nouveaux MSc et les MBA, en anglais.

Tout en préservant notre sélectivité, nous allons accentuer nos partenariats internationaux et nos doubles diplômes, mais pas uniquement pour le PGE. Des programmes délocalisés seront créés chez nos partenaires : des écoles et management, mais aussi des écoles d’ingénieurs, de design…

Nous ne ciblons pas de pays particuliers mais plutôt des établissements avec un positionnement comparable au nôtre, en Europe et en Asie.

L’école est labellisée AMBA et EFMD accredited mais nous avons aussi en ligne de mire l’accréditation AACSB, qui est incontournable. Nous arrivons à la fin du processus d’évaluation et nous espérons une labellisation prochaine.

Agnès Millet | Publié le