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Avec le Sénégal et l'Inde, Galileo-Studialis élargit ses horizons

Cécile Peltier Publié le
Avec le Sénégal et l'Inde, Galileo-Studialis élargit ses horizons
Pour investir le marché africain, Galileo-Studialis a pris une part majoritaire dans le groupe sénégalais d'enseignement privé ISM. // ©  SAM PHELPS - The New York Times-REDUX-REA
L’enseignement supérieur suscite plus que jamais l’appétit des fonds d'investissement et des acteurs privés. Le groupe Galileo-Studialis continue son expansion avec des prises de participation au Sénégal et en Inde. Son président France, Marc-François Mignot-Mahon, en dévoile les coulisses.

Marc-François Mignot-Mahon P-DG de Studialis, à la tête de Galileo FranceEn mai 2016, vous annonciez votre volonté de mondialiser le groupe, né de la fusion de Studialis et de Galileo fin 2015, et notamment en Afrique. Où en êtes-vous ?

Nous sommes en plein dedans ! Après une prise de contrôle majoritaire fin 2016 du Groupe ISM à Dakar, nous avons finalisé, le 8 janvier 2017, en présence de Jean-Marc Ayrault [ministre des Affaires étrangères], un accord de joint-venture avec le groupe indien INurture Golden Valley Education trust. C'est le premier fournisseur de solutions de formation (mini-campus, cursus sur mesure) aux universités indiennes.

Quant au groupe ISM, fondé il y a 25 ans, il possède l'une des écoles de commerce de référence du continent africain. Ces deux partenariats d'envergure vont accélérer la mondialisation de notre groupe.

Beaucoup d'acteurs de grande qualité viennent nous voir avec des projets très intéressants. De plus, les deux autres grands groupes du secteur, Witney et Laureate, ont pris des chemins totalement différents. Nous sommes aujourd'hui une référence en matière d'innovation.

Compte tenu de votre taille, vous auriez pu partir seul en Afrique. Pourquoi avoir choisi de vous allier à l'ISM ?

J'ai beau avoir séjourné plus d'une centaine de fois en Afrique, c'est un marché complexe sur lequel nous avons besoin d'un partenaire.

Vous êtes arrivé tardivement dans la transaction. Comment avez-vous réussi à emporter la mise ?

Le fondateur et président d'ISM, Amadou Diaw, était en discussion depuis plusieurs années avec d'autres fonds lorsque je l'ai rencontré à l'été 2016. L'affaire s'est ensuite conclue en quelques semaines, bien que, comme Amadou Diaw l'a dit, nous n'étions pas forcément les mieux placés.

Nous nous sommes retrouvés sur une vision commune : celle de faire de l'ISM un acteur de référence de l'enseignement supérieur privé en Afrique.

Quel est le montant de cette prise de participation, et quelle forme ce déploiement prendra-t-il ?

Les accords de confidentialité m'interdisent d'en dévoiler le montant, mais elle est, comme toujours, très majoritaire.

Nous sommes des industriels, mais nous respectons l'identité de nos écoles. Nous sommes là pour trouver les moyens de financer ce qui ne l'est pas, et non pour interférer dans leur destin. Nous apporterons ainsi notre expertise pour permettre à l'ISM d'élargir son périmètre d'action. 

Le groupe ISM, qui compte plus de 8.000 étudiants au Sénégal (dont 3.600 étudiants à Dakar), est organisé en instituts (droit, management, sciences et science politique). Avec une centaine de professeurs, 500 permanents, une école doctorale et des partenaires tels que HEC ou Wharton, son institut en management est déjà une référence.

Nous souhaitons notamment accroître son rayonnement mondial, tout comme celui de son institut de science politique. Nous développerons les partenariats avec les universités étrangères. Si vous êtes à Sciences po ou l'ENA, cela a du sens de venir y étudier.

Nous allons également créer une nouvelle école dédiée au digital au sein d'ISM. Un secteur dans lequel nous sommes à la pointe.

Pour abriter ces formations, un premier campus sortira de terre à Dakar courant 2018. Ensuite, nous nous intéresserons à des pays comme la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Gabon, le Rwanda ou le Ghana, qui est un hub éducatif. Nous compléterons l'offre dans des territoires où on ne peut pas bâtir de campus grâce à l'utilisation du blended-learning.

Quels objectifs de développement vous êtes-vous fixés ?

Nous attendons plusieurs dizaines de milliers d'étudiants, dont une moitié probablement via le blended learning. Mais vous dire exactement où l'on en sera dans dix ou quinze ans, c'est impossible ! Entreprendre en Afrique ou ailleurs, ce n'est pas remplir un tableau Excel, c'est aller à l'aventure !

La notion de coût de la formation, les taux de croissance des pays de la zone vont avoir de fortes répercussions sur le business plan. Avec des frais de scolarité compris environ entre 1.000 et 1.500 euros par an, ISM se situe plutôt dans la fourchette basse du marché en Afrique.

Pour nous, l'équation repose toujours sur un équilibre entre la soutenabilité économique, la mission d'intérêt général et le développement économique, sachant que construire des campus représente des investissements colossaux (ici, plusieurs dizaines de millions d'euros).

Pour nous, l'équation repose toujours sur un équilibre entre la soutenabilité économique, la mission d'intérêt général et le développement économique.

Mais nous avons le savoir-faire. Notre taille et une gestion extrêmement serrée nous permettent aussi de réduire nettement certains coûts, administratifs notamment.

Vous venez également d'investir en Inde. Ce partenariat prend-il la même forme qu'au Sénégal ?

Non. La stratégie est différente en Inde, où le réseau en matière d'enseignement supérieur privé est déjà très dense. Comme dans d'autres pays d'Asie, la stratégie de développement par les coûts bas, c'est du passé. Le grand défi désormais, c'est l'innovation.

C'est pourquoi nous avons créé une société franco-indienne avec iNurture Golden Valley Education trust pour ouvrir à Bangalore le premier centre d'excellence franco-indien dans l'enseignement supérieur privé.

Quelle sera la contribution de Galileo à ce campus ?

Ce campus accueillera dans un premier temps trois de nos écoles – Hetic, Strate College et les MBA du groupe ESG dans le management du sport et du luxe, puis, à terme, six d'entre elles. Nous serons les pédagogues et les garants de la relation avec les entreprises internationales. 

Notre partenaire s'occupe du reste : il prend en charge la construction d'un campus de 5 hectares à Bangalore, parmi les plus gros d'Asie. Il sera également responsable de la logistique, de l'administration et des relations avec l'université de Mysore, établissement public partenaire, dont les étudiants seront également diplômés.

Quel est le plan de développement ?

Les premiers étudiants, quelques centaines, arriveront à la rentrée 2017 sur le campus. Celui-ci a vocation à être dupliqué, avec, rapidement, un objectif de plusieurs milliers d'étudiants, venant non seulement d'Inde mais aussi des pays voisins (Pakistan, etc.).

Comme d'habitude, nous essayons au maximum de nous insérer dans le marché local. Nous maintenons des prix raisonnables compte tenu du coût des infrastructures et du matériel (imprimantes 3D, etc.), avec des formations comprises entre 3.000 et 8.000 euros.

Avez-vous d'autres projets, à court ou à moyen terme ?

En France, nous complétons nos activités existantes par la création d'une école d'arts culinaires. En ligne de mire également, quelques acquisitions dans le domaine du e-learning et de l'hôtellerie-tourisme.

Nous allons par ailleurs renforcer notre présence au Mexique et nous implanter dans la zone Asie-Pacifique (Australie, Moyen-Orient et Inde) où nous finalisons une très grosse opération. L'arrivée très prochaine de Strate à Singapour devrait aussi préfigurer installation d'un centre d'excellence avec d'autres écoles du groupe.

Enfin, nous avons identifié plusieurs cibles potentielles en Chine où nous voulons renforcer notre présence.

Galileo-Studialis, en chiffres
Avec désormais plus de 50.000 étudiants, le groupe né de l'alliance de Galileo Global Education (Fonds Providence) et de Studialis se présente comme le leader européen et le troisième groupe mondial d'enseignement supérieur, avec des établissements dans huit pays (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Mexique, Chine, Inde et désormais Sénégal).

Il comprend une quarantaine d'écoles parmi lesquelles le cours Florent, Esag Penninghen (design et arts visuels), Strate (design), Atelier Chardon Savard (mode), Hetic (Internet et innovation digitale), Paris School of Business, LISAA (design), l'Atelier de Sèvres ou encore l'Istituto Marango.
Cécile Peltier | Publié le