Simone Bonnafous (présidente de Paris 12) : "Les élus de l'université ont pris conscience qu’à terme, avec la réforme de l'autonomie, ils auront un vrai pouvoir et prendront des décisions importantes"

Propos recueillis par Maëlle Flot Publié le
Simone Bonnafous (présidente de Paris 12) : "Les élus de l'université ont pris conscience qu’à terme, avec la réforme de l'autonomie, ils auront un vrai pouvoir et prendront des décisions importantes"
Simone Bonnafous, DGESIP // ©  MESR
Présidente depuis 2006 de l’université de Créteil (Paris 12), Simone Bonnafous a été confirmée à son poste en mars 2008. Avec Thierry Collet, président de l’université Lyon 1 et Jacques Fontanille, président de l’université de Limoges, elle se présente au scrutin de décembre prochain pour renouveler le bureau de la CPU. Ce trio - seul en lice à ce jour - a débattu avec certains des présidents d'université de sa vision de l'université et du rôle qu'il voit jouer à la CPU, les 15 et 16 octobre 2008. Simone Bonnafous revient sur les transformations qu’a connues son établissement depuis un an et la stratégie qu’elle entend mener pour le faire passer à l’autonomie élargie.

Un an après sa promulgation, la loi LRU a-t-elle apporté de réels changements pour Paris 12 ?
Elle a impliqué une réélection des trois conseils, avec un CA réduit de moitié mais très conscient de son nouveau rôle stratégique et une redéfinition des rôles du conseil des études et du conseil scientifique. Ces derniers gardent dans notre université un pouvoir important dans leur champ de compétences. La loi nous apportera dans un second temps le budget global et la gestion pleine et entière des ressources humaines. Nous avons demandé de passer à l’autonomie élargie en 2010 pour des raisons de calendrier, car nous signerons notre contrat quadriennal cet automne. De ce fait, le plus grand changement pour Paris 12, à l’heure actuelle, ce n’est pas la loi LRU, mais notre participation depuis 2007 au PRES Paris-Est et l’intégration de l’IUFM de l’académie de Créteil à notre université.

En quoi l’appartenance au PRES Paris-Est et l’intégration de l’IUFM ont-elles bousculé vos habitudes ?
Avec l’intégration de l’IUFM en mars 2007, nos avons intégré quelque 5000 étudiants supplémentaires d’un coup et, avec notre intégration dans le PRES en juillet 2007, nous avons constitué un nouvel établissement public de 45 000 étudiants, auquel nous avons délégué nos écoles doctorales. Cette appartenance au PRES Paris-Est nous a rendus très visibles, aux côtés de l’université de Marne-la-Vallée, de l’Ecole des Ponts et Chaussées, du Laboratoire central des Ponts et Chaussées et de l’ESIEE. Le PRES a d’ailleurs signé début septembre 2008 un accord de partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations. Ce partenariat vise à nous aider à réaliser un diagnostic immobilier, à étudier la faisabilité et le coût de nos projets, et à élaborer un schéma directeur cohérent de nos deux sites (Marne-la-Vallée et Créteil). J’avais auparavant trop d’interlocuteurs, des interlocuteurs trop dispersés et pas toujours les bons. Avec un PRES fédéré, les acteurs territoriaux se fédèrent eux-mêmes plus facilement autour de notre projet de développement scientifique et culturel. Le jury de l’Opération campus ne nous a pas choisis et nous le regrettons. Mais cette décision n’empêchera pas le développement de notre pôle universitaire de l’Est francilien.

Vous demandez l’autonomie élargie pour votre université en 2010. Quelle stratégie allez-vous adopter en interne pour y parvenir ?
Quand l’équipe de direction a choisi de ne pas demander à passer aux compétences en 2009, malgré un rapport de l’IGAENR très positif, il était clair qu’en 2010 nous ne nous limiterions pas à la simple paye des personnels. Nous devrons mettre en place un véritable suivi de la masse salariale, ce qui suppose un bon système d’information connectant les données budgétaires et les données RH, prévoir les postes vacants et adopter progressivement une nouvelle politique indemnitaire. Jusqu’à présent, l’université qui avait un poste vacant n’en profitait pas. Maintenant, la somme économisée sur ce salaire non versé pourra par exemple abonder les indemnités ou des allègements de service.

Des outils peuvent-ils vous aider à programmer davantage vos activités ?
L’audit mené par l’IGAENR au printemps 2008 nous a été très utile. Nous avions déjà inscrit dans le projet d’établissement que nous contractualiserons à l’automne des impératifs établis dans cet audit. Notre cellule d’analyse et d’aide au pilotage, chapeautée par la secrétaire générale, travaille sur des tableaux de bord et la définition d’indicateurs. Nous avons développé le pôle contrôle de gestion en embauchant, mais aussi notre service RH en effectuant un  repyramidage entre catégories de personnels. La loi a accéléré des chantiers qui étaient déjà ouverts depuis quelques années. Aujourd’hui, nous devons progresser en matière de programmation à long terme notamment de la masse salariale et des grands investissements pédagogiques et de recherche.

Comment faire passer ces changements auprès de vos personnels ?
Dans un premier temps, nous devons acclimater la loi au sein de l’établissement, faire partager un certain nombre de décisions. Par ailleurs, la loi LRU ne règle pas tous les problèmes qui se posent à nous, comme la question du rôle des composantes, et plus généralement des relais ou des échelons intermédiaires. D’où la nécessité d’un dialogue permanent avec les personnels, les élus, etc. Nous élaborons actuellement une charte démocratique. Le comité technique paritaire réunira par ailleurs dès cette rentrée les personnels administratifs et enseignants sur des questions au cœur de la réforme. Les élus ont pris conscience qu’à terme, avec cette réforme, ils auront un vrai pouvoir et prendront des décisions importantes. Y compris les élus étudiants, dont les suppléants sont appelés à participer au CA, ce qui n’était pas le cas précédemment.

Propos recueillis par Maëlle Flot | Publié le