Soojin Park (co-auteur de PISA 2009) : "Un enseignant coréen est payé deux fois plus qu’un enseignant français"

Propos recueillis par Sophie de Tarlé Publié le
Soojin Park (co-auteur de PISA 2009) : "Un enseignant coréen est payé deux fois plus qu’un enseignant français"
Soojin Park // © 
Dans span class="external-link-new-window">l’enquête PISA 2009, les scores des élèves coréens dépassent désormais ceux de la Finlande. Statut des enseignants, valorisation du travail de l’élève dans la société et répartition égalitaire des efforts financiers sont les clés de la réussite selon Soojin Park. Cette coréenne est co-auteur de l’enquête Pisa sur les performances des élèves en lecture, mathématiques et science.

Comment expliquez-vous les performances des élèves coréens ?

La première raison est la grande qualité des enseignants, qui font partie des 5 % des meilleurs étudiants coréens. C’est un métier très populaire. Ce sont souvent des femmes très diplômées qui, ayant du mal à trouver un travail, et se trouvant freinées dans leur carrière, préfèrent opter pour un emploi stable et bien rémunéré. Les résultats de l’enquête PISA 2009 montrent d’ailleurs qu’après 15 ans d’expérience, un enseignant coréen est payé deux fois plus qu’un enseignant français (rémunération rapportée au PIB par habitant).

Mais en contrepartie, les effectifs des classes sont bien supérieurs à ceux qu’on peut trouver en France (35,9 élèves par classe en Corée contre26,9 en France). C’est qu’en Corée, il y a peu de problèmes de discipline et que le cours est donné de façon très magistrale : le professeur parle, l’élève écoute et travaille.

Autre raison qu’on peut avancer aux performances coréennes : les cours de soutien sont suivis massivement (67,6 %) par les élèves, jusqu’à tard le soir et le week-end. 

Entre 2000 et 2009,  la Corée a même augmenté son score, lui permettant de passer de la troisième à la deuxième position, juste après Shanghai (présente pour la première fois cette année). Le pays a t-il mis en place des mesures particulières ?

D’abord, alors que la Corée obtenait déjà des résultats supérieurs à la moyenne, elle a eu un souci constant d’améliorer ses performances. Il y a sans cesse des enquêtes pour voir ce qui se fait de mieux ailleurs.

Ensuite, le gouvernement a fait de gros efforts pour que les budgets affectés à l’éducation profitent à tous. Les cours de soutien après l’école sont très chers. Les familles et le pays tout entier ont l’intime conviction que l’éducation est son unique force. Mais pour les élèves les plus défavorisés, le gouvernement a subventionné des cours de soutien dans les écoles : 99,8  % des écoles primaires et secondaires sont concernées. Même si les élèves qui fréquentent les cours de soutien privés obtiennent de meilleures performances, ces aides financières ont eu un impact sur le niveau global des élèves. 

Les élèves coréens sont-ils heureux ?

Il est vrai que le fait d’avoir des journées de travail aussi longues se fait au détriment de leurs loisirs. Et puis, élèves et professeurs ne sont pas très proches. Ce qui est assez normal, car les classes sont très chargées et la discipline et le respect sont très importants en Corée.

Ainsi, on voit dans le rapport Pisa, qu’ils  se sentent moins écoutés que les élèves Français. Mais, ils ne sont pas forcément malheureux : car c’est dans la culture coréenne de penser que notre réussite dépend de notre seul travail. Et puis, le taux de suicide des jeunes est beaucoup plus élevé en Finlande par exemple !

Propos recueillis par Sophie de Tarlé | Publié le