S. Bosi : "Il faut arrêter avec la vision d’un Paris qui serait meilleur. Il y a de l’excellence partout."

Amélie Petitdemange Publié le
S. Bosi : "Il faut arrêter avec la vision d’un Paris qui serait meilleur. Il y a de l’excellence partout."
La suppression des quotas géographiques en Ile-de-France a entraîné une plus grande mobilité des étudiants entre les académies de Paris, Versailles et Créteil. // ©  Deepol/Plainpicture
Stefano Bosi, vice-chancelier des universités de Paris depuis février 2018, analyse les conséquences de Parcoursup sur les académies de Paris, Versailles et Créteil.

Quel bilan tirez-vous de Parcoursup en Ile-de-France ?

L’analyse des données concernant les admis montre des résultats positifs. Les élèves sans proposition ont été invités à saisir la Commission d’Accès à l’Enseignement Supérieur (CAES). Si l’on considère la catégorie des néo-bacheliers accompagnés par la CAES, seulement 1.234 sont restés sans proposition, c’est-à-dire 0.14% des inscrits sur la plate-forme.

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85% de ces jeunes sans proposition étaient en Ile-de-France à la fin de la procédure. L’académie de Versailles rassemblait à elle seule plus de 65% du total national. Il y a eu un retard dans l’affectation mais les services de Versailles, très mobilisés, ont depuis complètement rattrapé le retard.

Ainsi le nombre définitif des néo-bacheliers sans proposition qui ont participé à la phase complémentaire et qui ont saisi la CAES à Versailles est tombé à 237 élèves dont 0 bacheliers généraux, 23 bacheliers technologiques et 212 bacheliers professionnels.

Quelles répercussions a eu la suppression des quotas géographiques entre les académies de Paris, de Créteil et de Versailles ?

L’année dernière, on avait des barrières à l’entrée dans Paris et les académies d’Ile-de-France, avec des taux hors secteur dans les formations publiques non sélectives. La suppression de ces quotas en 2019 a entrainé une forte mobilité géographique.

Le nombre d’admis à Paris venant de Créteil et Versailles a augmenté de près de 17% par rapport à l’année dernière. Dans le même temps, la proportion de Parisiens admis en Ile-de-France a baissé de près de 17%. Cette diminution s’explique peut-être par l’éviction des Parisiens et leur mobilité accrue vers Versailles et Créteil.

Mais ce n’est pas un problème, il faut arrêter avec la vision d’un Paris intra-muros qui serait meilleur. Il y a de l’excellence partout, Paris-Sud est par exemple la première université française du classement de Shanghai.

On observe une augmentation de près de 38% des mentions bien et très bien à Paris venant de Créteil et de Versailles.

Est-ce que les bons élèves de la couronne ont été attirés par Paris ? Oui, on observe une augmentation de près de 38% des mentions bien et très bien à Paris venant de Créteil et de Versailles. Mais cela ne signifie pas que les bons élèves ont déserté la couronne : les mentions bien et très bien venant de Paris ont augmenté de près de 10% à Créteil et Versailles.

On remarque aussi une légère baisse du nombre d’admis à Paris venant du reste de la France. Cependant, Paris est une académie très ouverte : près de 70% des admis viennent d’ailleurs.

Quelles sont les conséquences de cette mobilité géographique ?

La mobilité géographique peut aussi impliquer une mobilité sociale. Avec la suppression des quotas, les étudiants avaient plus de choix. Il y a un effet d’ascenseur social, on a accès à la formation de ses rêves.

Le taux de boursiers en Ile-de-France a d’ailleurs augmenté cette année, pour atteindre près de 14%. C’est notamment dû à la politique volontariste de la ministre de l’Enseignement supérieur, qui a fixé un seuil minimal de 5% de boursiers dans toutes les formations d’Ile-de-France. Pour la première fois cette année, elle a aussi fixé un quota de boursiers admis plus élevé que le ratio de boursiers candidats. Ainsi Paris 2, très critiqué pour son faible taux de boursiers l’année dernière, est passé à presque 18%.

Quels sont les futurs projets des universités d’Ile-de-France ?

Nous sommes dans une phase très importante du Contrat de plan Etat-Région (CPER). L’enveloppe globale et les enveloppes par région seront bientôt arbitrées. Le contrat permettra de porter la politique de site, destinée à accroître l’attractivité des sites franciliens, à travers des investissements dans l’immobilier et dans les équipements scientifiques de 2021 à 2027.

Un appel à projets a aussi été lancé par le préfet en Ile-de-France début septembre. Plusieurs axes prioritaires ont été définis : la transition écologique et énergétique avec notamment la rénovation des bâtiments ; la transition numérique avec la réalisation de campus intelligents et connectés ; la santé ; l’innovation.

Amélie Petitdemange | Publié le