S. Retailleau : "Nous avons besoin de parcours diversifiés"

Amélie Petitdemange Publié le
S. Retailleau : "Nous avons besoin de parcours diversifiés"
Le campus du Moulon, à Paris-Saclay, accueille notamment l'IUT, Centrale Supélec et l'ENS Paris-Saclay. // ©  alticlic
Sylvie Retailleau, présidente de l’Université Paris-Saclay, dévoile l’avenir de l’établissement expérimental qui verra le jour en novembre 2019. Une refonte de la formation fera la part belle à l’interdisciplinarité.

Vous avez été élue à la tête de la Comue de l’université Paris-Saclay en janvier 2019. Quel bilan dressez-vous de vos premiers mois ?

Ma mission était de faire voter les statuts de l’établissement expérimental, ce qui a été accompli. [Cet établissement regroupera la fusion de la ComUE Université Paris-Saclay et de l’Université Paris-Sud avec l’Institut d'Optique Graduate School, AgroParisTech, CentraleSupélec et l'Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay, NDLR]. Les statuts sont passés avec une grande majorité au Conseil d’Administration le 10 juillet. Nous avons aussi fait un très bon score au Conseil Académique de tous les établissements membres.

Sylvie Retailleau-
Sylvie Retailleau- © Paris-Saclay

Il y a eu un travail d’appropriation et d’évolution des statuts de mars à mai. Nous avons dû faire des compromis, il y avait des blocages et des points importants pour chaque université. Cette étape de négociation est terminée, nous sommes désormais dans la co-construction. Le décret de création de la nouvelle université Paris-Saclay sera publié début novembre.

Nous avons aussi créé 17 graduate school et 1 institut. Ils seront lancées en janvier et les formations sont en cours d’accréditation pour une mise en oeuvre en septembre 2020.

Quelle sera la gouvernance du regroupement Université Paris-Saclay ?

La gouvernance reprend le modèle cible : Conseil d’Administration (CA), Conseil académique (Cac) avec Commission de la formation et de la vie universitaire (CEVU) et commission de la recherche (CR). L’ordonnance de 2018 nous permet de constituer notre CA de 50% d’élus et de 50% de personnalités extérieures (collectivités, membres sociaux économiques, personnalités académiques…), contre seulement 20% habituellement.

Des formations communes vont-elles être créées ?

80% de nos masters sont déjà communs à tous les établissements. Il n’y a plus de doctorats de Paris-Sud, de l’ENS ou d’AgroParisTech, c’est la Comue Université Paris-Saclay qui délivre le diplôme à tout le monde depuis 2015.

A partir de 2020, les établissements-composantes transfèrent à l’université Paris-Saclay leurs compétences sur les diplômes nationaux de licence, master et doctorat et habilitation à diriger des recherches lorsqu’ils sont situés en Ile de France. Les écoles devront ainsi avoir l’accord du Conseil d'Administration pour accréditer des formations. L’ensemble des laboratoires passent aussi sous tutelle de l’Université Paris-Saclay.

Quels sont les projets à venir pour l’Université Paris-Saclay ?

Nous avons lancé la semaine dernière un appel à manifestation d’intérêt général à toute la communauté de Paris-Saclay. Les enseignants et les chercheurs proposeront des graduate program qui coupleront plusieurs domaines, comme la médecine et l'intelligence artificielle, afin de répondre à des enjeux sociétaux. Nous en ouvrirons 10 à 15 l’année prochaine.

La France a eu longtemps un enseignement supérieur TGV : il faut monter tout de suite et aller vite jusqu'au bout.

La refonte du premier cycle démarre aussi à la rentrée 2020 avec une nouvelle offre de formation. D'une part, entre 15 et 20 doubles diplômes sélectifs verront le jour : des licences "maths et physique", "physique et chimie", "droit, sciences et innovation"… Ces parcours s’adressent à des étudiants prêts à s’engager dans des études longues et disposant dès la sortie du lycée d’une autonomie, d’une capacité de travail et de bons acquis disciplinaires.

D’autre part, nous créons une école universitaire de premier cycle de Paris-Saclay. Nous sélectionnerons des étudiants avec des profils différents, qui ne connaissent pas encore leur projet professionnel ou n’ont pas forcément les méthodes de travail. Nous voulons mettre les moyens sur ces jeunes, avec un accompagnement adapté. Il y aura également des ouvertures vers la recherche et l'entrepreneuriat, des passerelles vers d’autres cursus.

La France a eu longtemps un enseignement supérieur TGV : il faut monter tout de suite et aller vite jusqu’au bout. En réalité, nous avons besoin de parcours diversifiés à travers le monde. Les échecs créent des personnes qui savent rebondir et créer.

Cette évolution existe déjà dans les établissements et nous voulons renforcer cette vision avec de nouvelles méthodes pédagogiques et plus de moyens. Pour nous, c’est un des enjeux de l’enseignement supérieur et de la recherche.


L'Université Paris-Saclay en chiffres :
7 établissements d’enseignement supérieur et de recherche
275 laboratoires
45 programmes de masters
9.000 chercheurs et enseignants-chercheurs
4.500 doctorants
65.000 étudiants

Amélie Petitdemange | Publié le