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V. Quéma (Groupe INP) : "Un ingénieur sur six est diplômé d’une école INP"

Clément Rocher Publié le
V. Quéma (Groupe INP) : "Un ingénieur sur six est diplômé d’une école INP"
En 2025, 2 écoles d'ingénieurs, l'ENIB et l'ESIAB, et l'IAE de Brest, ont rejoint le groupe INP avec l’ouverture d’un INP en Bretagne // ©  Fournie par l'établissement
Avec 40 écoles, dont 38 écoles d’ingénieurs et 2 IAE, le Groupe INP s’impose comme le premier réseau d’écoles d’ingénieurs publiques en France. Vivien Quéma, président du groupe, revient sur les dernières évolutions du groupe et ses atouts.
Vivien Quéma, administrateur général de Grenoble INP - UGA
Vivien Quéma, administrateur général de Grenoble INP - UGA © Grenoble-INP

En 2025, le Groupe INP s’agrandit avec l’intégration de trois écoles d'ingénieurs, rassemblées au sein d'un nouvel INP. Ce développement stratégique renforce l’ancrage territorial du groupe et son rôle de premier réseau d’écoles d’ingénieurs publiques en France.

Vivien Quéma, président du Groupe INP depuis novembre dernier, et administrateur général de Grenoble INP – UGA, revient pour EducPros sur les dernières actualités du groupe, dont le projet de transformation de Toulouse INP en école Centrale.

Comment s'est construit le nouveau Bretagne INP, créé en janvier 2025 ?

L’ESIAB (École supérieure d'Ingénieurs en agroalimentaire de Bretagne atlantique), l’ENIB (École nationale d’ingénieurs de Brest) et l'IAE de Brest, une école de management universitaire, se sont regroupées sous la forme de Bretagne INP.

Cette création se réalise dans un cadre plus large avec l’établissement public expérimental (EPE) qui conservera le nom d’Université de Bretagne Occidentale (UBO), dont l’INP est désormais l’une des composantes.

C‘est l’aboutissement d’un long travail avec la région académique et le ministère. Cela permet un maillage du territoire extrêmement intéressant avec un ancrage dans une nouvelle région de la France.

Comment se passe la coordination entre les écoles ?

Le Groupe INP est une association qui réunit les présidents des 6 INP. On a un premier niveau d’échange au sein du bureau dans lequel on réfléchit aux orientations qu’on veut donner au groupe. On a des groupes de travail sur des thèmes comme le développement durable et la responsabilité sociétale, les relations internationales… On veut également monter en puissance sur la possibilité de la co-diplomation, c’est-à-dire avoir le diplôme de deux écoles du groupe.

Enfin, les équipes pédagogiques de la Prépa des INP travaillent régulièrement pour mettre à jour les programmes, organiser les devoirs communs, c’est vraiment un instrument de groupe. Il s’agit d’un projet colossal qui, à mon sens, n’a pas d’équivalent en France.

Le groupe a néanmoins été secoué avec le projet de création de Centrale Toulouse, initié en 2022. Quelle est votre position ?

Il n’est en aucun cas question d’une disparition de Toulouse INP. Mais existera-t-il aussi une école Centrale Toulouse et d’où viendra-t-elle ? Aujourd’hui, l’hypothèse qui est faite, c’est qu’une partie de l’ENSEEIHT (École nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications), école de Toulouse INP, deviendrait Centrale Toulouse. Et les deux autres écoles internes de Toulouse INP (AgroToulouse, ENSIACET) demeureraient dans le groupe INP.

Bien évidemment, c’est un projet auquel nous sommes fortement opposés et qui ne fait pas l’adhésion à Toulouse. On ne déconstruit pas l’existant quand il s’inscrit dans plus de 15 ans de politique nationale, qui vise à construire de grands sites universitaires pour produire une recherche et une formation de haut niveau.

Le dossier est entre les mains du ministère de l’Enseignement supérieur, désormais le seul à pouvoir prendre une décision.

Le Groupe INP est le premier groupe de formation en ingénierie en France. Quels sont vos atouts ?

Désormais, le groupe rassemble 40 écoles, toutes publiques, dont 38 écoles d’ingénieurs et 2 IAE. En France, un ingénieur sur six est diplômé d’une école INP.

Elles partagent la volonté de former des experts spécialistes dans un domaine précis. Nos écoles sont toutes adossées à une recherche de haut niveau, réalisée par les enseignants-chercheurs, au sein de laboratoires multi-tutelles, avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) ou l’INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) par exemple.

Nous avons un recrutement majoritairement en post-CPGE (Classes préparatoires aux grandes écoles). Mais nous avons une autre voie d’accès qui est la Prépa des INP, présente sur 10 sites, y compris en Guadeloupe, à La Réunion et à l’international, à Abidjan (Côte d'Ivoire). Elle recrute des étudiants en post-bac d’un excellent niveau. On va chercher des étudiants dans d’autres territoires : l’éloignement géographique crée souvent des barrières.

Il existe également une volonté d’avoir un recrutement plus diversifié avec le projet Ingé +. En quoi consiste-t-il ?

Ce programme d'ouverture sociale, porté par Grenoble INP – UGA et expérimenté avec succès depuis 2019, favorise l’accès de nos écoles d’ingénieurs aux étudiants de BTS. Le dispositif est installé dans les académies de Clermont, Grenoble, Nantes et Toulouse. Et le projet Ingé + ne donne pas accès uniquement aux écoles du groupe INP.

Il s’agit d’un projet exigeant car nous devons accompagner les étudiants pendant toute leur scolarité, pour que la marche soit plus accessible en école d’ingénieurs. Nous formons aussi des enseignants de BTS pour qu’ils soient en mesure de guider et conseiller les étudiants. C’est un projet qui a fait ses preuves et qu’il convient de pérenniser. C'est une discussion qu’on doit avoir avec le ministère.

À la dernière rentrée universitaire, on couvrait 26 spécialités de BTS. Parmi les étudiants qu’on accompagne, 97% d’entre eux réussissent leur formation de BTS et 50% poursuivent leurs études en licence 3 alors qu’ils sont 27% au niveau national. Plus de 63% des étudiants accompagnés viennent d’un milieu modeste. C'est vraiment un projet d’ascenseur social.

Quels sont les bénéfices pour les étudiants d'avoir deux IAE, des écoles universitaires de management, dans le groupe ?

Après l'IAE de Grenoble 2020, c’est au tour de l’IAE de Brest de nous rejoindre avec Bretagne INP. Au niveau de la formation, il est intéressant de pouvoir former des ingénieurs-managers mais aussi des managers qui auront une connaissance plus fine des nouvelles technologies.

Le monde d’aujourd’hui exige de croiser des domaines différents pour avoir des étudiants avec de multiples compétences. Nous réfléchissons aussi à l’opportunité de concevoir des bachelors en ingénierie et management.

Clément Rocher | Publié le