William Martinet : "La jeunesse est rétrogradée dans les priorités du gouvernement"

Delphine Dauvergne Publié le
William Martinet : "La jeunesse est rétrogradée dans les priorités du gouvernement"
William Martinet, président de l'Unef // ©  Nicolas Tavernier / R.E.A
À l'occasion du 84e congrès de l'Unef, qui se tient du 9 au 12 avril à Nantes, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a réaffirmé les engagements du gouvernement en faveur de la jeunesse. "Insuffisant", pour William Martinet, le président de l'Unef.

Qu'avez-vous retenu du discours de Najat Vallaud-Belkacem, qui est intervenue jeudi 9 avril lors de votre colloque ?

Nous nous félicitions déjà qu'elle soit venue dialoguer avec l'Unef, alors qu'elle savait que l'interpellation serait musclée. Il n'y a rien de pire que de montrer que les étudiants n'existent pas...

Sur le fond de son discours, elle a sanctuarisé certains sujets importants pour nous. Elle s'est engagée à ne pas augmenter les frais d'inscription et ne pas mettre en place de sélection à l'entrée de l'université et dans les masters. Elle nous a également apporté des garanties sur la question des aides au logement, qui ne seront pas attaquées.

Mais la grande carence, c'est qu'il n'y a toujours pas de feuille de route pour permettre de mettre la priorité jeunes au premier plan. Il y a une urgence sociale, il faut une réelle concertation pour un nouveau plan sur la vie étudiante.

Le fait que, depuis le départ de Geneviève Fioraso, il n'y ait plus de secrétaire d'État propre à l'Enseignement supérieur, est-ce également pour vous un signe du désintéressement ?

Son non-remplacement, je n'en pense rien. C'est surtout les actions qui m'importent. Il y a deux ans, Geneviève Fioraso était intervenue à notre congrès, pour parler d'une réforme des bourses et 200 millions d'euros avaient été investis dans les bourses. Cette année, la ministre nous rassure en nous disant que le mode de calcul des bourses restera le même, mais rien de plus. Quant aux 100 millions d'euros prélevés sur les fonds de roulement des écoles et universités, ils sont également un exemple récent que la jeunesse est rétrogradée dans les priorités du gouvernement.

Le rôle de l'Unef n'est-il pas plus difficile à tenir avec un gouvernement socialiste ?

Avec le gouvernement, nous avons un double rôle. D'abord, mettre en garde le gouvernement face à la déception des jeunes, qui provoque beaucoup d'abstention aux élections et crée une fracture entre jeunes et politique. Notre deuxième grande responsabilité est de s'assurer que les revendications étudiantes soient entendues, et si ce n'est pas le cas, les faire entendre de manière encore plus forte...

Quelles sont vos revendications actuelles ?

Il faut qu'à la rentrée prochaine il y ait un nouveau plan d'action sociale avec investissements dans les bourses, c'est une urgence sociale. François Hollande s'était engagé à donner aux jeunes une allocation d'autonomie, on en est encore très loin...

L'autre grande question est celle de nos conditions d'études, dégradées à cause des pénuries budgétaires des établissements. Il faut réorienter les moyens des investissements d'avenir pour que cela ne soit plus un outil de concurrence entre les universités, mais que cela contraigne tous les établissements à réaliser des projets pour la réussite des étudiants.

William Martinet toujours président
William Martinet devrait rester président de l'Unef à l'issue de ce 84e congrès. Il est le seul candidat en lice aux élections à la présidence du syndicat étudiant prévues dimanche 12 avril. 72% des étudiants mandatés sont favorables à la tendance majoritaire.

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Delphine Dauvergne | Publié le