Xavier Roland-Billecart (directeur de la CDC Aquitaine) : « Les universités ont compris que je n’avais rien à leur vendre »

Propos recueillis par Fabienne Guimont Publié le
Xavier Roland-Billecart (directeur de la CDC Aquitaine) : « Les universités ont compris que je n’avais rien à leur vendre »
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Le PRES bordelais sélectionné dans l’Opération campus rénovera son patrimoine pour un montant de 530 millions d’euros, selon un montage original. Le conseil régional d’Aquitaine, la Caisse des dépôts et consignations et l’Université de Bordeaux ont décidé de s’allier dans un partenariat public-public. Retour sur la genèse et les conditions de cette coopération avec l’investisseur institutionnel régional.

Comment s’est développé le partenariat de la CDC avec l’Université de Bordeaux ?

Bordeaux 1 avait initié, dès 2006, un état des lieux de son patrimoine immobilier avec la volonté de le rénover. Son conseil d’administration avait voté un PPP (partenariat public-privé) sur cette rénovation, avec deux ans d’avance sur les autres universités. Début 2007, nous avions établi un partenariat informel pour la préparation de la LRU. Une fois que l’Opération campus est arrivée, début 2008, le « plat » Bordeaux 1 était prêt à servir. Il a finalement servi au PRES de Bordeaux, dans un projet plus global.  

Vous avez proposé à l’Université de Bordeaux de monter un partenariat public-public. Comment va-t-il fonctionner et quels en sont les avantages ?

Dans le partenariat public-privé, un établissement public passe une commande stratégique et demande à des groupements privés (composés de sociétés responsables du BTP, de la maintenance et des fluides par exemple) d’y répondre. Pour les financements, on fait appel à la CDC. Les partenariats public-privé – sur lesquels la CDC a émis des recommandations à la demande de l’Etat - ne sont pas forcément adaptés aux universités, qui ne sont ni des collectivités ni des entreprises et dont l’autonomie est très forte. Pour Bordeaux, la CDC Aquitaine a proposé un autre montage. La CDC et l’université de Bordeaux assurent la maîtrise d’ouvrage en montant une société de droit privé qui s’occupera de la conception, de l’ingénierie et des études. Nous avons des intérêts de long terme et ne sommes pas tenus à la même échelle de temps que les entreprises de BTP. Nous apportons nos compétences financières et une capacité de dialogue avec les entreprises sur les préoccupations techniques. Par ailleurs, nous proposons un mode de financement partenarial entre la CDC, l’Etat, la Région, l’Université et peut-être des entreprises. Le PRES de Bordeaux, le conseil régional et la CDC seront représentés dans cette société à parts égales. Le recteur participera à ce comité de pilotage. La politique, la stratégie, l’ordonnancement du projet va se décider dans cette société où l’ensemble des thématiques de modernisation de l’université seront discutées. Après la rénovation immobilière, d’autres volets comme la valorisation de la recherche et le numérique pourront se développer. Des sociétés, de réalisation, seront aussi à créer, université par université. Bordeaux 1 sera la première. Dans ces sociétés, l’université sera majoritaire par rapport à la CDC et au conseil régional. La CDC y apportera des fonds propres à long terme.    

Quel est le positionnement de la CDC par rapport aux universités ?  

La CDC accompagne le mouvement de modernisation des universités en tant qu’interlocuteur neutre, public, soucieux de l’intérêt général. Elle apporte des informations et des financements. Nous avons développé une coopération étroite avec l’Université de Bordeaux car les universités ont compris qu’il n’y avait pas d’intérêt individuel à défendre, que je n’avais rien à leur vendre. La CDC fait des investissements en misant sur une rentabilité dans les opérations qu’elle suit même à une échéance de 30 ans. Nous sommes dans une logique de financement de projets, et les banques sont un peu sécurisées que la CDC soit impliquée. On applique les règles d’un professionnel de l’immobilier en essayant par exemple de réfléchir à utiliser les amphis et les chambres étudiantes aux moments où ils sont inoccupés. Nous avons la volonté d’une interpénétration entre l’université et le monde économique.          

Propos recueillis par Fabienne Guimont | Publié le