Yaële Aferiat (Association française des fundraisers) : "La création d’une fondation reste une véritable révolution culturelle pour les universités"

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Yaële Aferiat (Association française des fundraisers) : "La création d’une fondation reste une véritable révolution culturelle pour les universités"
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L’Association française des fundraisers (AFF) organise, les 11 et 12 février 2009, la IVe Conférence de fundraising pour l’enseignement supérieur et la recherche. À cette occasion, Educpros.fr revient sur la mise en oeuvre opérationnelle du fundraising dans les universités. Après la création des fondations vient l’heure du recrutement des personnels ad hoc, comme l’explique la directrice de l’AFF, Yaële Aferiat.

L’année 2008 a vu la création de près d’une dizaine de fondations. Peut-on parler de décollage réussi ?
La création d’une fondation prend du temps et reste une véritable révolution culturelle pour les universités. Celles qui possèdent aujourd’hui la leur étaient, pour la plupart, engagées dans une démarche de fundraising bien avant le vote de la loi LRU. Il faut laisser encore un peu de temps aux présidents qui ont été confrontés à une actualité très chargée en 2008.

La crise pourrait-elle avoir un impact sur l’élan des universitaires ?
Le fundraising est un travail sur le long terme. Il faut donc mettre à profit la période actuelle pour continuer à cultiver des relations sans nécessairement solliciter des fonds. Elles porteront leurs fruits plus tard. La crise peut aussi être l’occasion de se rapprocher d’autres donateurs à plus gros potentiel.

Les universités ont commencé à recruter du personnel pour leur fondation. Est-ce difficile ?
Les recrutements seront demain l’un des facteurs clés de la mise en oeuvre du fundraising. Dans un premier temps, des enseignants ou des administratifs se sont emparés du sujet et ont été capables d’avoir une vision marketing, de rebondir, par exemple, sur des partenariats existants. Ensuite, les présidents ont fait appel à des profils qualifiés, avec des expériences à l’étranger dans le fundraising ou le montage de projets scientifiques en France ou encore dans le secteur caritatif. Un choix cohérent. L’erreur serait de recruter avant tout des commerciaux. La compétence primordiale doit rester le management stratégique, suivi d’une approche marketing et commerciale.

Les services communication des universités ont fréquemment été mis à contribution. Est-ce leur rôle ?
Nous allons justement travailler avec l’ARCES (Association des reponsables de la communication de l'enseignement supérieur) sur deux aspects. D’une part, sur la manière de s’y prendre quand un service communication se voit confier une mission de fundraising et, d’autre part, sur la façon de travailler avec les fundraisers quand ils font partie d’un autre service. Le fundraising, ce n’est pas que de la communication, et celle-ci ne doit pas être à 100 % à son service. Voilà un autre grand challenge pour les établissements. Très souvent, le fundraising, considéré comme stratégique, reste l’apanage de la direction et d’un petit groupe de personnes. Or, il faut impliquer tout le personnel. Et que le fundraiser soit en interaction avec tous les services tout en étant rattaché à la direction.

Ne serait-il pas nécessaire de mettre en place des formations spécifiques ?
Pour recruter, le jeu des chaises musicales aura vite ses limites. Nous avons l’intention de monter, avec Juris Association, une session de formation à la fois juridique et stratégique à destination des universités. Nous participons à un appel à projets européens avec le CASE (Council for Advancement ans Support of Education). L’objectif serait de s’inspirer du modèle britannique pour essaimer sur le fundraising dans plusieurs pays. Cette instance a ainsi pu négocier avec le gouvernement britannique une enveloppe de formations à destination des établissements. Enfin, l’AFF a en projet, avec une université, la création d’un master en formation continue qui permettrait aux personnes évoluant vers le fundraising de donner une légitimité à leur CV.

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