Comment avez-vous vu évoluer les métiers des services informatiques dans les universités ?
Par le passé, dans la plupart des cas, le service informatique était au service de l’administration centrale des universités, mais il était assez coupé des enseignants-chercheurs et des laboratoires. Les laboratoires de recherche ont donc été amenés à développer eux-mêmes leur propre système informatique indépendamment des services centraux.
Au début des années 2000 est arrivé le numérique pour l’enseignement. Les services TICE ont dû dès lors souvent développer leur propre système d’information. Certains DSI soutiennent l’enseignement, mais d’autres, ce qui est encore le cas dans de nombreux établissements, pas complètement…
À quoi cette situation est-elle due ?
Beaucoup de DSI n’ont pas les moyens de se rendre dans tous les services car l’administration centrale demeure séparée, par un mur invisible, du monde de la recherche.
Dans la majorité des cas, les DSI ne sont pas vraiment des DSI, en ce sens que, contrairement au DSI aux États-Unis, le DSI français ne fait pas partie, à quelques exceptions près, du bureau exécutif et ne participe pas aux décisions stratégiques de l’établissement.
Le DSI français ne fait pas partie, à quelques exceptions près, du bureau exécutif et ne participe pas aux décisions stratégiques de l’établissement
La création d’un vice-président numérique peut-elle faire évoluer cette situation ?
Je ne sais pas exactement à quoi correspondra son rôle et s’il aura un véritable pouvoir décisionnel sur la stratégie de l’université. Seule l’expérience nous enseignera de quoi il retourne réellement.
Quels sont les enjeux de demain pour les systèmes d’information des universités ?
Tout d’abord, le "cloud" (le "cloud computing" ou informatique dématérialisée en français), c’est-à-dire l'accès, via Internet, à des ressources informatiques partagées situées hors de l’établissement. Aujourd’hui, nous n’avons pas les moyens matériels et humains de maintenir sur place des solutions informatiques à la dimension de nos projets. Il faut donc pouvoir disposer d’un opérateur qui nous permette d’avoir les ressources nécessaires. Le cloud peut nous offrir tous les services de façon externalisée. L’université numérique Paris Île-de-France présentera d’ailleurs aux JRES le projet baptisé UnivCloud.
Vous êtes un spécialiste des MOOC. Quels peuvent être à l’avenir les principaux freins à leur développement ?
Je suis bien évidemment pour une ouverture maximale des données. Mais nous sommes aujourd’hui bridés par les droits d’auteur. Aujourd’hui, aucun cours de géologie dispensé à l’UPMC n’est disponible en ligne pour des questions de copyright, sur les photos notamment. Les enseignants-chercheurs ne peuvent se rendre dans tous les endroits qu’ils décrivent pour y faire eux-mêmes ces clichés. La législation est plus conciliante quand on touche à la diffusion d'œuvres protégées par le droit d'auteur dans le cadre de l'enseignement : elle permet une utilisation de ces photos en cours, mais pas leur diffusion en ligne. On touche là aux limites du droit, le législateur devrait s’y pencher.
"L'état de l'art des réseaux de l'enseignement et de la recherche" : c'est ainsi que se présentent les JRES, qui se tiennent du 10 au 13 décembre 2013 au Corum Montpellier.
Au programme : plate-forme collaborative, gestion d'identités modernisée, politiques de sécurité, virtualisation de réseaux à la demande pour l'enseignement...
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