"Comment bâtir une école de la confiance dans une société de la défiance?", la chronique d'Emmanuel Davidenkoff

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Benoît Hamon, dans la foulée de Vincent Peillon, souhaite favoriser une école de la "bienveillance". Mais comment décréter ce qui relève avant tout d'une attitude ?

Les historiens de l'éducation aiment le rappeler: certaines des évolutions les plus importantes du système éducatif doivent plus à la capacité du politique à amplifier un mouvement existant qu'à imposer sa volonté réformatrice. Ainsi de l'obligation scolaire, qui était en bonne voie au moment des lois Ferry, ou de l'adoption du stylo bille, qui détrôna la plume par usage et non par circulaire. A contrario, certaines lois structurelles n'ont affecté les mentalités qu'à la marge. La création d'un baccalauréat professionnel n'a pas permis de hisser cette voie à égale dignité scolaire que les voies générales et technologiques ; de même l'obligation de produire des "projets d'établissements" est encore vécue, dans de nombreux cas, comme un impératif administratif de plus dans un univers qui n'en manque pas.  

Que penser, dans ce contexte, des chances de la volonté d'instiller plus de bienveillance à l'école, au collège et au lycée ? Posée par Vincent Peillon, elle a été entérinée par Benoît Hamon. Elle s'appuie autant sur le bon sens que sur les travaux des chercheurs en psychologie : on apprend mieux par l'encouragement que sous la contrainte ; on s'épanouit plus dans la confiance que dans la défiance. Cette approche n'exclut nullement l'existence de règles, de sanctions ou de punitions : la confiance de l'élève ne se nourrit pas de complaisance ou de démagogie mais de justesse et de justice. Elle s'ancre en revanche dans la conviction que les destins ne sont pas écrits d'avance, que les rythmes d'apprentissage peuvent varier, que les voies d'épanouissement social ne se résument aux voies de l'excellence scolaire dans les disciplines reines des lycées et des classes préparatoires. En somme elle engage un regard singulier sur l'école, sur sa fonction, autant si ce n'est plus qu'un regard "bienveillant" sur l'enfant ou l'adolescent.


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