"Derrière l'arbre des rythmes scolaires, les défis de l'école primaire", la chronique d'Emmanuel Davidenkoff

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Stigmatiser les instits ne résoudra aucun des problèmes de l'école primaire. Qui ne se réduisent pas à la querelle des rythmes scolaires.

L'arbre des rythmes scolaires ne doit pas cacher la forêt de défis qu'affronte l'école primaire. On ne reviendra pas ici sur le (méchant) sort qui lui est fait depuis dix ans – on en avait rappelé ici même les tenants et les aboutissants, il y a tout juste un an, sous le titre "Et si les instits se révoltaient" : publication de best-sellers expliquant que nos enfants ne sauraient "ni lire ni écrire", opprobre jetée sur la profession lors de la querelle des méthodes de lecture, rapport au vitriol du Haut Conseil de l'Education, sortie ministérielle réduisant le rôle des instits de maternelle au fait de "changer des couches", suppressions de postes, raréfaction des remplacements, sinistre de la formation continue, arasement des Rased... Enfant chérie de la République de l'éducation, l'école primaire se trouvait soudain vouée aux gémonies, quelques années après que les enseignants eurent été rebaptisés "professeurs des écoles", avec les favorables conséquences statutaires et salariales afférentes.

Plutôt que de concentrer massivement l'effort sur ces lieux de pré-relégation scolaire, on a mis en cause l'ensemble du système

Une part de cette remise en cause n'est pas absurde. Pour assurer la réussite au collège, mieux vaut que les élèves aient préalablement acquis quelques fondamentaux. Mais derrière cette légitime ambition se niche un premier malentendu : les 20% d'élèves dont le niveau en lecture, écriture et mathématiques est insuffisant à l'entrée en sixième ne sont pas également répartis sur le territoire. Ici il faudrait soutenir trois ou quatre élèves par classe, là le chiffre est multiplié par quatre ou cinq, ce qui modifie non seulement le degré mais aussi la nature du problème.

Or, plutôt que de concentrer massivement l'effort sur ces lieux de pré-relégation scolaire, on a mis en cause l'ensemble du système, faisant mine d'ignorer que la détresse scolaire se concentre aux mêmes endroits que les détresses sociale, urbaine, économique, familiale, culturelle, etc. Demander à l'école seule de résoudre le problème est aberrant sinon criminel, en tout cas voué à l'échec et formidablement culpabilisant.

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