Semaine du 14 octobre
La dernière semaine sur le MOOC gestion de projet de Rémi Bachelet m'amène à l'heure du bilan.
Durant quatre semaines, j'ai pu découvrir à la fois un nouvel environnement d'apprentissage en ligne, un sujet (la gestion de projet), des contenus et des compétences. J'ai également expérimenté l'utilisation des réseaux sociaux au service de la communication entre participants, utilisation multidirectionnelle, au regard des nombreux outils proposés.
En appréhendant l'ensemble des services proposés dès mon inscription en septembre, je suis impressionnée de constater que je dispose de cinq outils en ligne pour communiquer et glaner de l'information : en parallèle du forum de la plate-forme de cours se côtoient un fil Twitter et deux groupes : Google+ et Facebook.
Je m'inscris également – sous validation de l'équipe encadrante – au groupe LinkedIn, qui me permettra de bénéficier des échanges centrés sur les questions didactiques.
Je me souviens de ma participation au forum d'une plate-forme universitaire lorsque je reprenais, en 2006, mes études en formation continue : nous échangions strictement entre étudiants et au sujet des devoirs à rendre, ou de points de cours incompris.
Cette fois ci, je suis également en situation de formation continue au sein d'un public actif (en opposition au public captif – qui est obligé d'être en classe), et en faisant le point sur les véritables changements et apports d'un MOOC, je note qu'en dehors de la gratuité et des cours sous forme de vidéos (apports considérables), les échanges s'organisent désormais sous la forme d'une constellation : celle d'une communauté agrégeant à la fois les apprenants, les encadrants et l'enseignant. Le Mooc s'apparente ici encore à une fourmilière éducative.
Les échanges s'organisent sous la forme d'une communauté agrégeant à la fois les apprenants, les encadrants et l'enseignant
Tout au long du déroulement du MOOC, je bénéficie donc des fils de discussion sur l'ensemble de ces espaces, comme autant de portes ouvertes à l'appréhension du cours – tout en bénéficiant de l'option, tellement agréable, de ne pas avoir à prendre la parole, mais de pouvoir lire celle des autres, et m'enrichir de leurs apports.
Ainsi, au-delà du simple "je communique" se trouve un "je découvre" qui me rattache à l'expérience de ce qu'on appelle la sérendipité : faire une découverte par hasard et par sagacité, souvent alors que l'on cherchait autre chose. En effet, si Internet permet de cheminer parmi autant d'informations que de clics, les posts des participants m'offrent la possibilité de prendre connaissance d'informations que je ne cherchais pas forcément : une vaste cuisine, où il faut pouvoir aussi sélectionner ses ustensiles.
Parmi ceux disponibles, je me centre principalement sur le fil Twitter #MOOCGdP. Par définition immédiat, c'est un moyen efficace de proposer des liens, de faire rapidement rebondir l'information, tout en permettant la libre expression – à l'instar de Facebook – des participants sur leurs problèmes ou remarques.
Professionnel, le groupe Linkedin ouvre au questionnement méthodologique sur la conception du cours, tout en récoltant les retours des membres. Il relaye notamment des questions comme "le temps idéal d'une vidéo" ou "les points forts et points faibles du MOOC gestion de projet", et propose alors une réflexion professionnelle collective.
Par ailleurs, la plate-forme Unow dispose d'un forum destiné aux questions et échanges sur le cours. Les principales thématiques sont distinctes, ce qui permet de faire d'emblée une sélection : "signaler un problème", "rencontres locales", "se présenter", "évaluation par les pairs".
Si les discussions sont structurées par grands thèmes – ce qui ouvre des champs larges, voire foisonnants – ces dernières sont fermées aux commentaires d'une semaine à l'autre. Je ne m'empare pas vraiment du forum, autrement qu'en suivant le fil des discussions – en restant à l'orée de la forêt des commentaires.
Ces différents espaces d'échanges font apparaître la nécessité d'une modération et d'une réactivité sans failles pour pouvoir apporter les réponses ou les corrections nécessaires aux questionnements ou posts des participants.
Les réseaux sociaux sont ici outils pédagogiques : ils sortent de leur fonctionnalité informationnelle initiale.
C'est à ce titre que j'ai demandé à trois participants du MOOC quelle est, à leurs yeux, la plus-value des réseaux sociaux disponibles pour le MOOC gestion de projet.
Vincent Datin, chargé de communication digitale et webmaster, est également créateur de l'annuaire MOOC francophone. Pour lui, l'ensemble des réseaux sociaux disponibles "permet de rompre l'isolement d'un cours à distance, de créer une synergie de groupe voire une communauté pour ceux qui souhaitent aller plus loin. Cela peut aussi permettre de prendre du recul sur les cours et d'engager un dialogue avec les organisateurs […] ce sont surtout les mentalités qui ont évolué. Les apprenants s'expriment librement sans tabous. Les critiques peuvent être dures parfois pour une équipe d'encadrants. Pas d'omerta."
Gestionnaire financier dans un établissement d'enseignement supérieur, Bertrand Gajeot est également membre de l'équipe encadrante du MOOC GdP2 et responsable de l'équipe étude de cas. A ce titre, il gère tout ce qui a trait au certificat avancé et dirige une équipe d'environ 15 bénévoles. "Les réseaux sociaux, explique-t-il, constituent un excellent complément pour diffuser l'information autour du MOOC à mon sens, ainsi que les annonces importantes. Tout ce qui n'est pas du domaine 'pédagogique' y a pleinement sa place, et c'est clairement une plus-value pour souder une communauté autour du MOOC."
Chef de projet MOOC chez Unow et responsable communication du MOOC gestion de projet, Manon Silvant a en charge l'animation sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Linkedin, Viadeo et Google +). L'ensemble de ces outils "compense la difficulté d'interagir sur la plate-forme, souligne-t-elle, estimant que "les réseaux sociaux permettent de créer un vrai sentiment d'appartenance à une communauté".
Ainsi, la complémentarité des réseaux sociaux, alliés au forum de la plate-forme du cours, me permet d'explorer des sources d'informations variées, parfois drôles, tout en construisant mon appréhension des contenus.
Le groupe "MOOC ABC gestion de projet" sur Facebook compte 1.181 membres et regroupe des posts divers provenant des encadrants, du professeur et des apprenants. Ces messages portent aussi bien sur des questions de cours que sur des modalités de travail, mais aussi sur l'actualité en lien avec l'éducation en ligne pour tous.
C'est également un espace dans lequel sont communiquées des informations autour des fonctionnalités de la plate-forme, et où des participants peuvent demander aux autres ce qu'ils pensent des enseignants. C'est là que le changement de paradigme s'opère, puisque "sachants" et "apprenants" se côtoient et se croisent au sujet de paramètres techniques et pédagogiques, de contenus, d'avis portés sur la qualité, ou d'expérience vécue.
Et en lisant le post "Qui souhaiterait fêter la fin de ce MOOC autour d'un verre de champagne ou d'une tasse de thé ?", je souris – et c'est aussi à travers des commentaires qui font sourire que l'on cultive le plaisir de l'apprentissage partagé.
L'éducation est donc un système qui s'organise autour de supports de cours et des pratiques d'une communauté : en cela, un MOOC offre des perspectives connectivistes.
Lire l'article "E-Learning et connectivisme" par le Syntec numérique.
[1] Sérendipité : Fait de faire une découverte par hasard et par sagacité, souvent alors que l'on cherchait autre chose.