Non, l’université ne conduit pas seulement au chômage !

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Non, l’université ne conduit pas seulement au chômage !
L'ensemble des formations offertes par les universités accueillent aujourd'hui environ 1,5 million d'étudiants, soit les 2/3 de l'ensemble des inscrits dans l'enseignement supérieur. // ©  Camille Stromboni
Franck Loureiro, secrétaire national du Sgen-CFDT à l'enseignement supérieur et à la recherche, réagit à la campagne d'affichage du FNCPA opposant l'insertion des diplômés de l'enseignement supérieur à celle des apprentis, en oubliant que l'apprentissage est également une modalité de formation à l'université.

"Une vaste campagne d'affichage du FNPCA (Fonds national de promotion et de communication de l'artisanat) vante depuis quelques jours les multiples mérites de l'apprentissage.

Initiative intéressante, surtout si elle attire l'attention du public sur l'apprentissage, excellente modalité de formation et de préparation à la vie professionnelle. Les personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche en sont convaincus depuis longtemps !

D'où l'étonnement, voire la franche irritation, de celles et ceux d'entre nous qui ont pu lire sur l'une de ces affiches que "quand la fac est finie, on cherche, quand l'apprentissage est fini, on trouve".

"La fac" désigne sans doute l'ensemble des formations offertes par les universités, qui accueillent aujourd'hui environ 1,5 million d'étudiants, soit les deux tiers de l'ensemble des inscrits dans l'enseignement supérieur. Ces formations sont très nombreuses et très diverses, par leurs contenus, leurs finalités, leurs durées, leurs modalités, dont l'apprentissage fait partie.

Oui, l'apprentissage est une modalité de formation, répétons-le, que le Sgen-CFDT se réjouit de voir enfin reconnue à sa juste valeur, et dont il revendique le développement bien au-delà des formations universitaires dans lesquelles elle est déjà à l'œuvre.

Réduire "la fac" à des études générales et sans aucun lien avec la vie professionnelle c'est oublier que les jeunes en très grande difficulté d'insertion sont ceux qui ont "décroché" très tôt

Réduire "la fac" à des études générales et sans aucun lien avec la préparation à la vie professionnelle, qui ne conduiraient qu'au chômage, ou au mieux à une recherche d'emploi toujours longue et douloureuse, c'est oublier que les jeunes aujourd'hui en très grande difficulté d'insertion sont ceux qui ont "décroché" très tôt, ceux qui n'ont pas fait d'études du tout.

C'est oublier qu'avec la massification de l'enseignement supérieur à partir des années 1960, la diversification des filières universitaires a été très rapide, par exemple avec la création des IUT (instituts universitaires de technologie) dès 1966. C'est oublier la création des licences professionnelles, ou encore la part des stages en milieu professionnel qui se développe dans de très nombreuses filières, en particulier aujourd'hui au niveau du master.

C'est oublier, aussi, le développement de l'alternance. C'est, surtout, ne pas s'être aperçu que les formations en apprentissage sont de plus en plus nombreuses, dans des domaines de plus en plus variés. C'est oublier, enfin, que tous les types de diplômes délivrés à l'université demeurent des outils précieux de réussite et d'insertion professionnelle des étudiants.

C'est l'université qui forme des professions entières, et non des moindres : les médecins, les pharmaciens, les avocats... et la totalité des enseignants.

9 diplômés de master sur 10 ont un emploi trente mois après l'obtention de leur diplôme, et 18 mois après l'obtention du diplôme, 82 % à 97 % des diplômés sont en emploi. Cette insertion se poursuit pendant la deuxième année suivant l'embauche, avec une amélioration des conditions d'emploi (type de contrat, niveau de salaire, etc.).

Il ne faudrait enfin pas oublier non plus que c'est l'université qui forme des professions entières, et non des moindres : les médecins, les pharmaciens, les avocats... et la totalité des enseignants.

Qui pourrait prétendre que la préparation à ces métiers par "la fac" ne vaut pas grand-chose, ou qu'elle conduit au chômage ?

Alors évitons les caricatures, n'encourageons pas les oppositions stériles. Pour le Sgen-CFDT en tout cas, l'apprentissage n'est pas un vilain mot. "La fac" non plus."

Franck Loureiro, secrétaire national chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche Sgen-CFDT

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