Statut des enseignants, autonomie des établissements, personnalisation : le préprogramme de l'UMP pour l'éducation

Maëlle Flot Publié le
L’UMP a officialisé ses positions sur l’école et l’enseignement supérieur dans le cadre de sa convention « Du savoir pour tous à la réussite de chacun », le 8 novembre 2011. Trente propositions pour la réforme du système éducatif ont été avancées dans ce programme aux allures de précampagne. Celles-ci ont été exposées au cours de deux tables rondes : la première, axée sur l’enseignement primaire et secondaire, la seconde, axée sur l’enseignement supérieur. Trois idées fortes en ressortent : la personnalisation des parcours, la réforme du statut des enseignants, l’autonomie des établissements.

Pour Luc Chatel, ministre de l’Education Nationale, trois révolutions ont marqué le système éducatif français : les lois Jules Ferry, la démocratisation de l’école, et la « révolution de la personnalisation », menée par Nicolas Sarkozy, Xavier Darcos et lui-même. Ainsi, il serait désormais temps de « sortir de cet égalitarisme qui a fait tant de mal au système éducatif ». « Passons de l’école pour tous à la réussite de chacun », dit-il. Mais comment ?

La personnalisation des parcours
Il s’agit d’abord d’assurer une meilleure orientation des élèves. Elle doit commencer dans le secondaire, avec un rôle déterminant des professeurs, et se poursuivre à l’université à travers une spécialisation progressive. Louis Vogel, président de la Conférence des présidents d’université (CPU) et de l’université Paris 2 (Panthéon-Assas), invité à la deuxième table ronde, prône ainsi un décloisonnement des filières en licence.

Il faut ensuite revaloriser les filières professionnelles. Nadine Morano, ministre auprès du ministre du Travail, chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, félicite l’excellente image des filières professionnelles post-bac, mais déplore le « déficit d’image » des filières professionnelles pré-bac. Toute une série de propositions vise à favoriser le développement de ces filières, après le bac (voir encadré) mais aussi avant, notamment à travers un parcours « métier-études » accessible dès la 4e. « La voie royale n’est pas uniquement le Bac S, toutes les voies sont royales dès lors qu’elles amènent à un destin, à un métier », dit Nadine Morano. Encore faut-il que les réorientations soient possibles, pour que ces destins ne soient scellés trop tôt…

La réforme du statut des enseignants
L’UMP propose de « revoir les obligations de service des enseignants ». Elle préconise un « nouveau statut des enseignants qui permette d’intégrer dans les missions des enseignants non seulement les cours mais l’accompagnement : tutorat, orientation, concertation ». Ceci pourrait « aboutir à la création d’un nouveau corps qui concernerait les candidats à l’actuel CAPES et qui serait ouvert aux professeurs certifiés en exercice, sur la base du volontariat ». Cette proposition s’accompagne de la mise en place d’une évaluation des enseignants par le chef d’établissement.

Au plan de l’université et des organismes de recherche, l’UMP souhaiterait fusionner les corps de Directeurs de recherche avec celui des Professeurs d’Université.

L’autonomie des établissements
Il s’agit d’abord pour l’UMP de responsabiliser les universités en rendant obligatoire la publication de leurs taux d’insertion professionnelle et en modulant les dotations aux universités en fonction de ce taux. En réalité, rien de neuf ici car les universités sont déjà dans l’obligation de publier leur taux d’insertion professionnelle (le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en a d’ailleurs publié un tableau récapitulatif) et ce taux est déjà pris en compte dans le calcul des dotations accordées aux universités.

Initié en 2007 par la LRU pour les universités, le processus d’autonomisation des établissements s’appliquerait aussi au secondaire. « Le chef d’établissement peut-il devenir le chef de son établissement ? », telle est la question posée par Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP. L’UMP y répond en proposant « la possibilité pour le chef d’établissement de recruter librement son équipe enseignante et d’administration, en fonction de son projet d’établissement ».

Personnalisation des parcours, responsabilisation des enseignants et autonomie des établissements, autant de leitmotivs portés par l’UMP depuis plusieurs années. Reste à savoir comment le candidat Sarkozy s’en emparera.

Convention éducation de l'UMP : les propositions pour l'enseignement supérieur
- Créer un prêt étudiant, d’un montant maximum de 20 000€, à remboursement différé et contingent aux revenus pour les jeunes en formation
- Instaurer un droit d’accès prioritaire dans les IUT, BTS et Licence pro pour les bacheliers technologiques
- Développer l’apprentissage à l’université (avec affectation des dotations ministérielles aux universités en fonction des efforts en matière de professionnalisation)
- Rendre obligatoire pour chaque établissement de l’enseignement supérieur la publication de ses taux d’insertion professionnelle (avec modulation des dotations aux universités en fonction de ces taux)
- Renforcer les liens de l’université avec l’entreprise
- Simplifier les démarches liées à la reprise d’études
- Créer un compte individuel formation dont le capital de départ serait inversement proportionnel au niveau de la formation initiale
- Fusionner les corps de Directeurs de recherche et de Professeurs d’université
- Prendre explicitement en compte les activités de professionnalisation dans l’évaluation des enseignants chercheurs
- Créer des entreprises issues des laboratoires d’université

Maëlle Flot | Publié le