Vers la fin des premiers cycles universitaires?

Emmanuel Davidenkoff Publié le
Vers la fin des premiers cycles universitaires?
Un amphi de sciences humaines à l'université Rennes 2 // © 
C'est officiel : la place naturelle des meilleurs lycéens est dans les filières sélectives. Les premiers cycles universitaires sont-ils définitivement condamnés ? La chronique d'Emmanuel Davidenkoff, directeur de l'Etudiant.

Cette fois, l'université n'a vraiment plus le choix : si elle veut attirer les meilleurs lycéens, elle va devoir entreprendre de les séduire très résolument. A quelques jours du bac a en effet été publié le décret accompagnant la loi sur l'enseignement supérieur qui garantit aux 10% d'élèves les meilleurs de leur lycée une place dans une filière sélective - classe prépa, BTS ou DUT. L'Etat vient donc, officiellement, d'affirmer que la destination naturelle, légitime, d'un très bon lycéen est une filière sélective, et non un premier cycle universitaire.

Proposée voici près de dix ans par l'historien Patrick Weil et relayée en son temps par une proposition de loi du PS - alors signée par les députés François Hollande et Manuel Valls... - cette décision répond à une noble intention : éviter que certains lycées (entre 100 et 200) soient fuis par les meilleurs élèves car il est de notoriété publique qu'ils n'envoient aucun élève en prépa. On peut même imaginer des effets d'aubaine : découvrir qu'un lycée de niveau modeste garantit à ses meilleurs éléments une place dans le Saint des Saints peut inciter des élèves à les préférer à des lycées de meilleure réputation mais où il règne une rugueuse "lutte des places".

A terme, toujours selon l'épure du projet, l'on se retrouverait avec une offre nettement moins concurrentielle qu'aujourd'hui et des effets de hiérarchie entre lycées notablement amoindris. Cette baisse de la pression, toujours dans l'idéal, pourrait même se répercuter sur les collèges - les "initiés" savent très bien que le collège d'origine influe sur le lycée de destination.

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