"C’est le métier que je rêve de faire depuis toute petite" : les futurs enseignants font leur rentrée à la Sorbonne
A la rentrée 2024, l’Inspé de Paris accueille 1.150 étudiants en première année de master de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF). Une partie de la promotion était reçue à la Sorbonne pour son premier jour, ce jeudi 5 septembre.
Ce jeudi 5 septembre, des centaines d’étudiants affluent dans le bâtiment principal de la Sorbonne, rue des Ecoles. C’est la rentrée des classes pour ces futurs professeurs, admis en master MEEF à l’Inspé de Paris.
Pour ce premier jour, ils sont reçus dans le grand amphithéâtre : estrade en bois marqueté, fresques picturales et statues, le lieu est emblématique. "L’enseignement est un métier passionnant qui apporte beaucoup de satisfaction, je vous félicite de ce choix", lance en préambule Alain Frugière, directeur de l’Inspé.
L’Inspé est une structure hybride, qui permet aux étudiants de suivre un master MEEF et de préparer les concours de recrutement pour devenir professeur. "La réforme de 2022 [qui a notamment déplacé le concours de la fin du M1 à la fin du M2, NDLR] permet de lier plus qu’avant ces deux éléments. Suivre un master MEEF favorise grandement la réussite au concours", explique Alain Frugière.
Une formation entre l’Inspé et le terrain
Après sa présentation et ses encouragements dans une atmosphère studieuse, le directeur de l’Inspé laisse place à Anne-Sophie Molinié, directrice-adjointe en charge du second degré. Les étudiants en master MEEF peuvent en effet choisir le premier degré, afin de devenir professeur en maternelle ou en primaire, ou le second degré, pour enseigner en collège ou en lycée.
"Votre formation se fera en alternance, entre l’Inspé, les universités partenaires, et des stages dans des établissements", explique-t-elle, avant de détailler le programme. Les étudiants seront soit en stage avec des tuteurs, soit en formation, avec des cours magistraux, des travaux dirigés et des ateliers pour préparer aux concours.
"C’est une formation riche, assez lourde et exigeante, qui demande une capacité de travail importante", nous confie Anne-Sophie Molinié après sa prise de parole. Si les concours "ne sont naturellement pas hors de portée des étudiants", selon elle, ils demandent "du sérieux, du travail et de la méthode tout au long des deux années du master".
Des conférences et un intermède culturel
Les étudiants assistent par la suite à deux conférences thématiques : l’une sur l’éducation à la prévention en santé, puis l’autre sur l’enseignement du changement climatique. Entre les deux intervenants, un poète afghan, Ramin Mazhar, monte sur scène pour un intermède musical.
Ce choix reflète la volonté de l’Inspé de placer la culture au centre de la formation, souligne Alain Frugière, qui souhaite lutter contre "un déterminisme social qui fait qu’une partie des adolescents sont exclus de la vie culturelle".
Une rentrée en douceur
Wendy, 20 ans, est quelque peu déçue de ce premier jour. Fraîchement étudiante en master MEEF 2nd degré Anglais, elle s’attendait à une présentation détaillée du master, et non à des conférences thématiques. "Les sujets abordés étaient très intéressants, mais j’espérais plutôt une vraie pré-rentrée, avec des informations pratiques", explique-t-elle.
Etudiant en master MEEF 1er degré, Tom est au contraire conquis. "C’est très intéressant d’aborder d’autres sujets que le contenu classique des programmes. La santé et le climat représentent des petits points du programme, qui sont utiles à creuser".
Le jeune homme de 25 ans est de retour sur les bancs de la fac après avoir été animateur en périscolaire. "C’est en travaillant avec des enfants, après ma licence des Beaux-arts, que j’ai eu envie de devenir prof. ça va me faire bizarre de rester assis des heures d’affilées pour des cours après avoir travaillé, mais c’est nécessaire", raconte Tom, qui veut enseigner en maternelle ou en élémentaire.
Une vocation mise à l’épreuve
Si l’attractivité du métier est en berne, les problématiques de reconnaissance sociétale et financière n’ont pas été des freins à l’orientation de Tom et Wendy.
Selon Tom, les professeurs ont "un impact énorme", ce qui l’a poussé à entrer en master MEEF plutôt que de rester animateur. "J’aimerais aller dans des écoles où les enfants n’ont pas forcément de bons résultats, faire progresser des élèves en difficultés", explique-t-il.
"C’est le métier que je rêve de faire depuis toute petite, donc ça va le faire même si c’est difficile. C’est une vocation de transmettre mes connaissances à des enfants et des ados", témoigne Wendy, qui désire enseigner l’anglais au collège ou au lycée.
Avant d’exercer, les étudiants suivront deux années intenses et passeront les concours de recrutement, comme le Capes, pour devenir fonctionnaires au sein du ministère de l’Education nationale.
La réforme du master MEEF laissée en suspens
La formation en master MEEF avait vocation à être réformée cette année, afin que les étudiants passent le concours de recrutement des professeurs dès la fin de la licence 3 plutôt qu’en fin de master, puis soient fonctionnaires-stagiaires lors de leur master. Une réforme laissée en suspens depuis la dissolution de l'Assemblée nationale.
"C’est dommage, j’aurais aimé être directement à mi-temps devant une classe", regrette Tom. Il lui reste cependant la possibilité de postuler pour un poste à tiers-temps lors de son master 2. Wendy est quant à elle soulagée : "Passer le Capes à la fin de la L3 m’angoissait, j’avais la sensation de ne pas être prête".
Cette réforme à l’avenir incertain visait notamment à redorer le blason d’une formation et d’un métier de moins en moins attractif. A la rentrée 2024, il manquait au moins un professeur dans plus d'un établissement sur deux en moyenne, selon une étude du syndicat Snes-FSU.