Doit-on avoir le master MEEF pour passer le Capes ?

Les concours externes du Capes ouvrent ce jeudi 13 mars. Ils sont ouverts aux étudiants de master MEEF , mais pas uniquement. Si selon les données de la DEPP, la majorité des candidats réussissant le concours sont passés par les Inspé , il est tout à fait possible de réussir les concours après un autre master.

Trois jeunes profs de second degré nous racontent leur volonté d'enseigner et leurs parcours pour y arriver.

Tous les jeunes profs rencontrés par l'Etudiant mettent en avant la vocation d'enseigner. Parfois, ce sont des enseignants inspirants qui ont laissé une empreinte indélébile sur leurs élèves.

C'est le cas de Laurine, 26 ans, prof de latin et français au collège Léonard de Vinci à Châtenay-Malabry (92) dont le parcours a été marqué par ses professeurs, en particulier au lycée : "Ce qui m'a donné envie de faire ce métier, ça a été les différents profs que j'ai eus. J'avais une prof de français qui m'a beaucoup impressionnée." D'autres, comme Aurore, 26 ans, prof de français au collège Robespierre à Epinay-sur-Seine (93), ont cette vocation depuis leur plus jeune âge : "J'ai toujours voulu être professeur."

Pour y parvenir, différentes voix sont possibles. Aurore et Laurine n’ont pas suivies le master MEEF, ce cursus dédié à l'enseignement, qui s’articule entre des enseignements théoriques et des stages d’observation et de pratique. Elles ont choisi de suivre une classe préparatoire littéraire et un master recherche (Laurine en lettres classiques et Aurore en lettres modernes, ndlr).

Lorsqu’ils ont leur CAPES , les jeunes titularisés ne passant pas par le master MEEF sont en stage pendant un an : ils gèrent une classe sous la tutelle d’un enseignant et vont à mi-temps en cours à l’Inspé pour avoir des notions plus pratiques. "Ça m’a appris des choses terre à terre", témoigne Laurine. "Ce qui m’a le plus aidé c’était d’être sur le terrain", confie Aurore. 

Les étudiants qui passent par le master MEEF bénéficient d'une formation pratique "ancrée dans la réalité du terrain", présente Pascale Brandt-Pomares, directrice de l’Inspé de Marseille.

Tony, professeur de physique-chimie au collège Léonard de Vinci à Châtenay-Malabry (92) a choisi d’effectuer cette voix plus pratique en tant que contractuel alternant. "Je voulais avoir de l'expérience avant d'avoir mon concours", justifie l'enseignant de 27 ans.

Cependant, Tony souligne aussi la charge de travail conséquente en deuxième année entre les cours en alternance en M2, le concours à préparer et le mémoire à écrire.

Ces deux parcours débouchent logiquement sur des débuts de carrière un peu différents. Lors de sa première année en tant que titulaire, Laurine s’est par exemple sentie en décalage face à ses collègues de MEEF, déjà dotés de "tous les conseils et les bonnes pratiques pour assurer une classe".

Pour autant, elle ne regrette pas son choix : "J’avais postulé au master MEEF et au master lettres classiques et c’est ma prof qui m’a conseillé de faire le master recherche. Selon elle, je pouvais faire les deux un par un : acquérir des connaissances poussées en latin et français et devenir prof en faisant une prépa Capes un an avant de passer le concours."  

Tester avant de se lancer. Laurine recommande vivement "d'essayer d'enseigner avant, de postuler pour être contractuelle remplaçant ou d'être AED dans la vie scolaire d'un établissement". Pour les étudiants en master MEEF, Tony suggère "de prendre le statut contractuel stagiaire alternant plutôt que le SOPA ", car il permet d'effectuer 6 heures de cours par an, ce qui est "gérable et donne une idée du métier". 

Savoir où on met les pieds. Les jeunes professeurs et Pascale Brandt-Pomares s'accordent sur le fait que les aspirants enseignants ont souvent une vision idéalisée du métier. Laurine explique qu'il est difficile de "se rendre compte de l'ampleur du travail que ça représente, de savoir si on aime vraiment le métier sans avoir essayé". Tony ajoute qu'en tant que professeur, "on est autant éducateur qu'enseignant", ce qui peut mener à "la désillusion du métier et la frustration de ne pas réussir à rendre réelle toutes ses ambitions".  

Un métier gratifiant. Malgré ces défis, l'enseignement reste un métier gratifiant. "J'ai des heures qui sont plus difficiles que d'autres mais je ne regrette pas mon choix de faire ce métier et je me sens heureuse de le faire, j'ai l'impression d'être à ma place", témoigne Aurore.