Décryptage

La plateforme Mon master permettra-t-elle d'intégrer davantage d'étudiants en M1 ?

La plateforme Mon master ouvre ce 22 mars 2023.
La plateforme Mon master ouvre ce 22 mars 2023. © VectorMine/Adobe Stock
Par Séverine Mermilliod, publié le 22 mars 2023
6 min

La plateforme Mon master a pour ambition de simplifier et fluidifier les candidatures des étudiants en master. En revanche, aucune ouverture de place n'est prévue pour cette rentrée par le ministère. Cette nouvelle plateforme permettra-t-elle à davantage d'étudiants d'entrer en master, grâce à une meilleure répartition des places ? Tout dépend si la filière est en tension ou non.

Officiellement lancée le 1er février, la plateforme Mon master ouvre aux candidatures ce 22 mars. Cette nouvelle plateforme nationale doit permettre aux étudiants de centraliser leurs demandes de master et de voir où sont les places disponibles. En améliorant la répartition des candidatures, le ministère espère à la rentrée 2023 une meilleure visibilité sur les places vacantes et donc sur le nombre de places à créer.

Une meilleure répartition des candidatures en master

"Je ne sais pas s’il y aura de nouvelles places, mais sans doute une meilleure répartition des candidatures", relève Stéphane Braconnier, président de l’université Paris-Panthéon-Assas. Jusqu’alors, les universités et les étudiants ne connaissaient pas précisément les places offertes dans d’autres facultés.

Avec Mon master, les candidats auront "une visibilité plus grande sur les places disponibles et donc des chances accrues d’être inscrit en première année de master". Actuellement, 185.000 places sont prévues à la rentrée 2023 pour 165.000 étudiants.

Pour cette raison, "on présage une augmentation du nombre de candidatures", puisque les étudiants vont pouvoir postuler plus facilement dans différentes universités, abonde Aurélien Pichon, directeur de l’UFR STAPS à l’université de Poitiers et président de la Conférence des directeurs et doyens d’UFR STAPS.

Pas de places supplémentaires en master prévues

Mais si les formations les plus sélectives risquent de recevoir plus de candidatures que par le passé, cela ne veut pas dire qu’elles vont accepter plus de monde. "La plateforme nationale va donner plus de chances à un étudiant juriste d’accéder à un master de droit car il y aura une circulation plus rapide des places. Mais pas sûr que la plateforme va permettre à un étudiant lambda d’un niveau un peu juste d’accéder aux masters plus sélectifs", reconnaît Stéphane Braconnier. "La plateforme n’aura pas d’effet sur le niveau de recrutement des étudiants sélectionnés."

"Ce n’est pas parce qu’il y a plus de candidatures qu’il y a plus de candidats motivés pour entrer dans l’une ou l’autre des formations", rappelle de son côté Aurélien Pichon. Autre vraie difficulté selon lui : comment classer au mieux ces candidatures. "Quand on a une centaine de candidatures à traiter à dix, on peut prendre le temps de regarder les dossiers ; quand c’est dix fois plus on est obligés d’automatiser un peu plus le premier tri…", explique-t-il.

Pas sûr, donc, que les masters déjà en tension ouvrent des places supplémentaires. D’autant que la création de places dépend moins du nombre de candidatures que des capacités d’accueil, budget, infrastructures et professeurs.

L’Unef déplore ainsi dans un communiqué publié début février que "la nouvelle plateforme n’apporte pas de solution à la problématique fondamentale et prioritaire du manque de place en master", et demande de "créer 20.000 places en urgence via un budget rectificatif à hauteur de 227 millions d'euros, en priorité dans les filières en tension pour la rentrée 2023".

Faire le bilan de la plateforme Mon Master dans un an

Selon Stéphane Braconnier, "ce sera à l’issue de la première année (de la plateforme Mon master, ndlr) qu’il faudra se poser la question" du nombre de places ouvertes et à ouvrir. A Panthéon-Assas l’an dernier, "la quasi-totalité des places avaient été pourvues, mais pas toutes", souligne le doyen, avec une vingtaine de places encore disponibles. "C’est une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas augmenté de manière sensible les capacités." Le nombre de places ouvertes en 2023 est ainsi le même que 2022, 1.781, avec quelques différences selon les mentions.
"Il faudra faire le bilan à la fin de l’année sur le taux de pression - qui pour nous est déjà très important puisqu’on prend moins d’un étudiant sur trois", confirme le directeur de l’UFR STAPS de Poitiers. Mais pour lui, Mon master n’aura pas d’effet sur ces tensions.
En revanche, "affecter les candidats qui ont eu un vœu positif là où ils veulent réellement aller devrait faciliter le traitement car jusqu’à présent, la vraie difficulté était qu’avec les listes principales, complémentaires, il y avait l’incertitude de savoir si le candidat allait vraiment s’inscrire chez nous. Et quand une place est proposée tardivement, les étudiants sont moins enclins à venir." Le nombre de places restées vacantes à la rentrée 2023 devrait donc être scruté de près.

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