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Masters 2 : donner une information plus complète et plus fiable sur les débouchés

Par Isabelle Maradan, publié le 22 mai 2013
1 min

QUESTION AU MÉDIATEUR - Les universités peuvent-elles inclure dans le taux d'insertion professionnelle d'un master 2 les étudiants qui ont trouvé un emploi sans rapport avec leurs études ? Saisi par les parents d’un jeune homme toujours en recherche d’emploi deux ans après avoir décroché son diplôme, le médiateur estime que l’information sur l’insertion professionnelle présentée par les universités ne tient pas suffisamment compte de la nature des emplois occupés par les anciens étudiants. 

Même lorsqu’ils sont très sélectifs et de qualité, les masters 2 ne tiennent pas forcément leurs promesses côté débouchés. Quelle est la responsabilité des établissements à ce sujet ?
 

Le problème posé

 
M. T a fait appel au médiateur. Il a expliqué avoir regardé quelques temps auparavant une émission de télévision consacrée à l’insertion professionnelle des étudiants. Le reportage présentait notamment la situation d’étudiants en master d’intelligence économique. Sur les 13 étudiants ayant obtenu le master 2 l’année précédente dans l’université évoquée dans l’émission, un seul avait pu être embauché dans un emploi correspondant à son diplôme. Parmi les autres, certains occupaient certes un emploi, mais un emploi sans qualification et sans aucun rapport avec le diplôme obtenu. D’autres jeunes gens étaient toujours en recherche d’emploi près d’un an après l’obtention du diplôme.
M. T a expliqué au médiateur qu’il était le père d’un étudiant se trouvant précisément dans la même situation que celle décrite par l’émission. Son fils avait obtenu, dans une autre université que celle évoquée par le reportage, le master 2 d’intelligence économique deux années auparavant. Après avoir effectué deux stages de six mois non rémunérés, son fils était toujours à la recherche d’un emploi.
 

Qu’a fait le médiateur ?

 
Le médiateur a pris contact avec l’université concernée par la réclamation de M. T. Il a pu engager le dialogue mais n’a finalement pas obtenu d’éléments d’information et d’explication permettant d’éclaircir la situation. Le médiateur a constaté que le site de l’université présentait le master comme débouchant sans difficulté sur des carrières intéressantes. Le site indiquait notamment que le taux d’insertion professionnelle de ce master dépassait 75 %. Le médiateur n’a pu vérifier la réalité de ce chiffre et n’a pu déterminer si le cas de M. T. était ou non isolé. Il n’a pas obtenu la possibilité de consulter les listes d’étudiants des années précédentes.
 
Outre les indications données par les sites d’information des universités, un autre élément est susceptible de conduire les étudiants à se leurrer sur les débouchés : la sélectivité du master. L’accès au master 2 est en effet difficile. Seule une partie des étudiants en sciences politiques titulaires d’une licence, auxquels les formations comme le master d’intelligence économique sont destinées en priorité, parviennent en master 2. Une fois admis en master 2 à l’issue d’une sélection, les étudiants – un petit nombre – bénéficient d’enseignements exigeants et de haut niveau. Ils doivent notamment effectuer des stages en situation de responsabilité et rédiger un rapport d’une soixantaine de pages. M. T et son fils n’a d’ailleurs pas mis en cause la qualité de la formation. Tous ces éléments conduisent légitimement les étudiants s’engageant dans une filière de ce type à penser qu’elle débouche sur l’emploi. Il apparaît pourtant qu’en dépit de la sélectivité, du petit nombre des étudiants admis et du sérieux de la formation, l’insertion professionnelle se révèle en pratique délicate.
 

Que faut-il retenir ?

 
La loi impose normalement une information des étudiants sur l’insertion professionnelle. L'article L.612-1 du Code de l'éducation précise que « les établissements dispensant des formations sanctionnées par un diplôme d'études supérieures rendent publiques des statistiques comportant des indicateurs de réussite aux examens et aux diplômes, de poursuite d'études et d'insertion professionnelle des étudiants ».
Le médiateur demande que les instances concernées (universités, ministère) organisent une information concernant les débouchés de façon plus systématique, plus fiable et plus contrôlée. Dans le cas du master 2 visé par la réclamation de M.T, le médiateur a eu le sentiment que le taux d’insertion mis en avant par l’université comptabilisait tous les étudiants occupant un emploi dans l’année qui suivait, y compris lorsque ces emplois n’avaient rien à voir avec la formation en termes de statut, de qualification, de salaire ou d’univers professionnel. Le médiateur souhaiterait que le ministère chargé de l’Enseignement supérieur se saisisse de cette question.

 

Contacter le médiateur de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur
Les coordonnées du médiateur et des médiateurs académiques

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