Plateforme Mon master : les syndicats étudiants demandent des places supplémentaires

Alors que plus de 145.000 candidats ont déjà reçu une proposition d'admission en master 1 et que la phase d’admission touche à sa fin, les différentes organisations étudiantes dressent un premier bilan très mitigé du nouveau dispositif d’entrée en master.
Ils sont 145.511 candidats à avoir déjà reçu une proposition d’admission en M1 via Mon master, annonce le ministère de l'Enseignement supérieur, mardi 11 juillet. Si ce dernier se félicite de ces chiffres, qu'il qualifie de "comparables au nombre d’inscrits en M1 à la rentrée dernière (146.441)", tous les acteurs du secteur ne sont pas convaincus.
Des irrégularités sur la plateforme Mon master pointées du doigt
Si la création de la plateforme Mon master est une avancée pour certaines organisations - comme la Fage qui "a toujours plaidé pour la mise en place d’une plateforme unique de candidature, afin de largement diminuer la charge mentale et administrative des étudiants" - certaines critiques se sont rapidement fait entendre.
Dans le viseur des syndicats : une sélectivité jugée toujours rude et de nombreuses irrégularités. "La liste est longue : pièces demandées par les établissements déjà renseignées dans le dossier unique, demande de hiérarchisation des vœux sur la plateforme et par mail, formations retirées durant la phase de candidature", énumère ainsi la Fage,.
Le syndicat étudiant souligne que les jeunes eux-mêmes ont été les premiers à en pâtir : "ces problèmes ont instauré un climat anxiogène autour de cette période déjà bien trop stressante pour les étudiants".
Des places manquantes dans les masters en tension
Mais là où s’accordent toutes les organisations syndicales, c’est sur la question du manque de place en master. "Les candidatures en master ont, en moyenne, augmenté cette année tandis que le nombre de place lui a stagné", rappelle ainsi la Fage.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche comptabilise quant à lui huit vœux en moyenne déposés en formation initiale par les candidats. En prenant en compte le nombre de candidats inéligibles et le taux moyen d’échec en L3, il affirme que le nombre de places total en master est supérieur au nombre de candidats éligibles.
Mais tous les voeux ne sont pas interchangeables, et plusieurs filières restent très tendues, à l’instar du droit ou de la psycho. "Là où des masters manquent cruellement de place, certains ferment faute de candidatures", souligne la Fage.
L’Union Etudiante, nouveau syndicat créé de la fusion entre d’anciens membres de l’Unef et l’Alternative appelle de son côté à la création de "30.000 places et la mise en place d’une phase complémentaire en urgence". Il enjoignait aussi les étudiants à interpeller directement la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, pour faire entendre ses revendications.
#AlloRetailleau
— L’Union Étudiante (@unionetudiante_) June 21, 2023
Dans les filières en tension, le manque de places en master est criant : les capacités d'accueil affichées sur #MonMaster sont largement inférieures au nombre d'étudiantEs en L3 ! @sretailleau à quand un plan de création de places massif ? #EtudiantsSansMaster pic.twitter.com/gpItvOGVhQ
En attendant d’être entendue, l’Union étudiante propose d’accompagner les jeunes n’ayant pas reçu d’affectation, via sa page "vite une inscription", pour les aider à monter leur dossier et à trouver, in fine, une place en master. La Fage propose de son côté la plateforme SOS Mon master, pour aider les étudiants et candidats.
Des refus de masters parfois incompris par les étudiants
Faute de places supplémentaires, les universités devront, cette année encore, fermer leurs portes à de nombreux candidats. Des refus par toujours justifiés pour les candidats.
"Depuis la mise en ligne des résultats, nous avons reçu de nombreux témoignages d’étudiants pour dénoncer une sélection arbitraire et injuste. Entre des refus justifiés par des motifs incompréhensibles ou encore des erreurs de classement, les étudiants se voient refuser l’accès à un master pour des problèmes techniques ou des pratiques douteuses des établissements", dénonce la Fage.
Pour rappel, les jeunes peuvent demander plus de justification auprès des équipes des masters leur ayant opposé un refus. Le but : mieux comprendre leur décision mais également améliorer son dossier en cas d’une nouvelle tentative l’an prochain.
Les saisines du recteur possibles plus tôt cette année
Reste pour les candidats rejetés l’ultime issue : saisir le rectorat. Une solution qui était tentée par nombre d’entre eux l’année dernière déjà.. Le ministère recensait, pour la rentrée 2022, 4.281 saisines recevables enregistrées (-29% par rapport à l’année précédente à la même période), qui auront permis permettant 2.638 demandes acceptées par les établissements. Une diminution des saisines qui s’explique par "la synchronisation des calendriers de candidature et de recrutement en 2022", analyse le ministère.
La nouvelle plateforme a aussi été pensée pour diminuer le nombre d’étudiants ne trouvant pas satisfaction, selon le ministère. "D’une part, en offrant pour la première fois une visibilité nationale des places disponibles – les recteurs pourront plus facilement solliciter des places vacantes à l’échelle du territoire. D’autre part, en centralisant l’acception définitive des choix, la plateforme permettra une meilleure visibilité des désistements" explique le ministère.
En effet, jusqu'à présent, des places pouvaient être constatées comme vacantes seulement au terme des inscriptions administratives, à une période trop tardive pour leur réattribution.
Autre amélioration apportée par Mon master : un calendrier plus adapté. Alors que la saisine rectorale s’effectuait auparavant fin août, les étudiants ont pu cette année, dès le 30 juin, commencer à saisir le recteur, ce qui permettra d’obtenir des réponses plus tôt.
Faire mieux après une première année "crash test"
Dès le lancement de la plateforme en février, l’Unef dénonçait quant à elle "un accélérateur de la sélection en master". Le syndicat prédisait aussi une hausse du nombre de jeunes "qui se retrouveront sans inscription à la rentrée, contraints de s’inscrire dans une formation qui ne les intéresse pas, de devoir étudier dans le privé et payer des frais d’inscription exorbitants, ou encore de subir une mobilité forcée".
Comme les autres syndicats étudiants, l’organisation réclame l’ouverture de nouvelles places en master et la mise en place d’une phase complémentaire, phase d'ores et déjà envisagée par le ministère. "Ce chiffre illustre aussi l’utilité d’instaurer dès l’an prochain une phase complémentaire, qui ne pouvait techniquement être mise en place dès cette année, afin de fluidifier encore la seconde partie d’attribution des places vacantes", précise-t-il dans un communiqué, faisant référence aux admissions déjà octroyées.
Autres mesures proposées pour garantir un accès plus juste aux formations : la mise en place du CV anonyme dans la procédure d’inscription, la hiérarchisation des vœux ou encore l’élargissement des critères de saisine du rectorat.